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Patriote

Publié le 21 août 2008 par Jlhuss

album-patriote.1219256051.jpgLe vilain mot ! Comment peut-on, quand la mondialisation est heureuse, la globalisation triomphante et le monde multipolaire, se dire patriote ? Passe encore si l’on était Kosovar, Georgien, ou Tibétain (en exil et de confession bouddhiste). On pourrait même être Etatsunien et, après avoir hissé, comme chaque matin, le Star and stripes en haut du mat planté au milieu de sa pelouse, se balader avec, au revers de la veste un badge en forme de bannière étoilée. Personne n’y trouverait rien à redire. Barak Obama le fait bien et tout ce que fait Barak est bien fait (si vous n’êtes pas au courant c’est que vous ne lisez pas la presse). Normal: à quoi servirait-il d’être citoyen de la superpuissance en chef si on ne pouvait afficher son appartenance à l’Empire du  Bien et proclamer fièrement face aux barbares ébahis : « Civis americanus sum ! » Mais Français et patriote ! Voilà qui relève, au pire de l’archéofascisme, au mieux de la connerie congénitale (l’un n’excluant pas l’autre). Tous les bons esprits vous le diront  (et ils sont nombreux dans la blogosphère) : la France est sur la planche glissante qui conduit directement aux poubelles de l’Histoire. Elle n’a d’ailleurs que ce qu’elle mérite. Pauvre pays moisi, déclinant, radoteur, où le peuple dit non quand ses élites disent oui, où certains s’obstinent à préférer l’histoire au devoir de mémoire, pendant que d’autres, ou les mêmes, se refusent à confondre humanisme et humanitaire et où, impardonnable péché, il arrive qu’on doute des remèdes que prescrivent les docteurs tant-mieux du FMI ou de la BCE.

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Oserai-je dire que, plus que ses réussites (si, si, il y en a), c’est la somme de ses imperfections qui me rend si cher mon vieux pays et qui fait que je reprends volontiers à mon compte la célèbre phrase de Carl Schurz (homme politique étatsunien d’origine germanique, 1829-1906, merci Wikipedia). Pas seulement le début que tout le monde connaît et que chacun cite comme l’exemple du nationalisme le plus obtus  « My country right or wrong, » mais surtout pour la fin « when right to be kept right; when wrong to be put right. ». (*) En gros, il n’est pas obligatoire d’être sourd, aveugle et amnésique pour aimer sa patrie et travailler à son amélioration.  Patriote donc, à la façon des inventeurs du mot qui n’emportaient la France ni à la semelle de leurs chaussures ni dans l’étui de leur carnet de chèques.

Moyennant quoi rien n’interdit d’aller pêcher chez les autres des idées qu’on n’aurait pas eu tout seul. Quoi de mieux qu’imiter Ulysse et faire un beau voyage puis revenir chez soi, plein d’usage et raison.. C’est une de nos spécialités nationales, nous lui devons notre première révolution, largement inspirée, exécution du roi comprise, par l’anglomanie du XVIII° siècle, de nombreuses innovations technologiques et quelques belles avancées culturelles. Il arrive, hélas, que les produits dont on nous propose l’importation, en nous vantant leurs innombrables bienfaits, se révèlent, à l’usage, des plus décevants voire franchement néfastes telle la Grande Europe modèle 1940, le socialisme à la sauce stalinienne ou le libéralisme sans rivage façon néocon.  Nous avons donc non seulement le droit, mais le devoir d’être circonspects quand on nous invite à copier sans retard ce que font nos concurrents ou partenaires. « Ailleurs» n’est synonyme ni de progrès ni de bonheur (« ici » non plus j’en conviens).

Fille d’une histoire qui, si elle n’a pas toujours été exemplaire, n’est pas non plus le tissu d’absurdes et sanglantes horreurs auquel parfois on voudrait parfois la réduire, notre nation n’est pas au bout de son chemin. Si elle a encore beaucoup à recevoir du monde, il lui reste aussi beaucoup à donner. Quoi donc ? Une  belle découverte, un grand film, des livres, une manière de vivre, une nouvelle façon d’accommoder les écrevisses, un goût pour l’ironie et mille autres choses que nous ne soupçonnons pas

« France bien aimée, te louerai-je surtout  pour tes grandes ou tes petites heures ?

Ah ! surtout pour ces soirs de sommeil doré

Quand, sur la Seine, à Vernon, une barque attardée flotte vers la rive »

Et que les chalands, à la fin de journée, reposent. »

Chambolle , avec lui lisez “L’indépendant Louhannais “.


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