En ratifiant le 19 décembre dernier l’accord de coopération militaire liant Yaoundé à Moscou, le président camerounais vient concrétiser des relations bilatérales étroites avec un allié de poids. Au risque d’attiser les tensions avec l’Occident. Analyse.
Un pacte militaire aux implications politiques fortes
Par la signature de la loi n°2023/015 entérinant l’accord de partenariat militaire conclu en avril 2022 avec la Russie, Paul Biya vient confirmer avec éclat le rapprochement continu de longue date entre les deux pays. Un pacte aux implications géostratégiques fortes, renforçant le rôle de la Russie en Afrique centrale et la place du Cameroun en tant que partenaire fiable pour Moscou sur le continent.
En coulisses néanmoins, cette ratification ne manquera pas d’irriter certains chancelleries occidentales, sur fond de tensions croissantes avec la Russie liées au conflit ukrainien. Elle symbolise aussi la volonté d’émancipation d’un Cameroun soucieux de préserver avant tout ses intérêts souverains dans les relations internationales.
Des liens anciens et solides malgré un contexte géopolitique complexe
Les relations entre le Cameroun et Moscou ne datent pas d’hier. Elles puisent leurs racines dans l’époque de l’URSS et se sont notamment matérialisées par un soutien soviétique décisif sur le plan militaire dans la lutte contre les séparatistes de l’UPC après l’indépendance.
Si le pacte actuel intervient dans un contexte diplomatique mondial fragmenté, il s’inscrit donc dans une continuité historique entre deux pays partageant une vision proche d’un monde multipolaire. Il traduit aussi leur volonté commune de s’affranchir d’une trop grande dépendance à l’égard des puissances occidentales.
Quelles implications opérationnelles pour l’armée camerounaise ?
Concrètement, cet accord va permettre de muscler davantage encore la coopération militaire bilatérale dans des domaines sensibles : formation des soldats d’élite camerounais, fourniture de matériel et d’armements de pointe russes, partage de renseignements… Autant d’atouts essentiels pour le Cameroun dans le renforcement de son dispositif de défense et de lutte antiterroriste face à Boko Haram ou aux groupes armés sécessionnistes.
Sur le terrain, les forces camerounaises devraient ainsi gagner encapacité opérationnelle et en expertise grâce au soutien accru des conseillers militaires russes. Un transfert de savoir-faire destiné à mieux protéger l’intégrité territoriale du pays face aux menaces qui exacerbent, qu’elles soient endogènes ou exogènes.
Deux dirigeants aux rênes de puissances régionales
Par cet acte symbolique, Paul Biya confirme aussi son statut d’indétrônable pilier géopolitique en Afrique centrale et de fin stratège sorti vainqueur de tous les assauts qu’il a connu jusqu’à présent.
De son côté, Vladimir Poutine voit son influence continue de rayonner à travers une alliance renouvelée avec un Cameroun déterminé à tracer sa propre voie sur l’échiquier mondial.
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