Le tennis féminin ukrainien à la croisée des chemins

Malgré le retour réussi à la compétition d'Elina Svitolina, porte-drapeau d'un pays en guerre, et la percée d'Anhelina Kalinina, le tennis féminin ukrainien peine à enclencher la vitesse supérieure en raison d'une relève qui tarde à s'émanciper et alors qu'il n'y a plus guère d'espoir de voir Marta Kostyuk et Dayana Yastremska, considérées un temps comme de futures championnes, atteindre le plus haut niveau. Tout n'est cependant pas perdu grâce à de jeunes joueuses qui pourraient fixer un nouveau cap dans un avenir plus ou moins proche. Mais, au vu du contexte géopolitique actuel, la route risque d'être longue.
Daria Snigur, 21 ans :

Excellente chez les Juniors (elle fut n°2 mondiale dans cette catégorie en 2019, année où elle remporta Wimbledon), Daria Snigur a assuré une bonne transition vers le professionnalisme en gagnant son premier tournoi ITF à l'âge de seize ans à Antalya. Depuis, elle compte huit titres sur le pro tour, dont deux glanés en 2023 à Vitoria-Gasteiz (W100) et Glasgow (W60). Mais, le monde la découvrait vraiment en septembre 2022 lorsqu'elle éliminait la roumaine Simona Halep au premier tour de l'US Open alors qu'elle sortait des qualifications. On va la retrouver cette semaine à l'Open d'Australie où elle va tenter de se qualifier pour le tableau principal.
Yuliia Starodubtseva, 23 ans :

Pour sa première saison complète sur le World Tennis Tour, l'ex-membre de l'université américaine d'Old Dominion, pour laquelle elle a évolué dans le championnat NCAA de 2017 à 2022, n'a pas perdu de temps, remportant en 2023 ses quatre premiers titres professionnels, dont trois W60. Des performances qui lui ont permis d'effectuer une percée au classement WTA en se rapprochant du top 150. En novembre dernier, elle se montrait à Colina (WTA 125) en atteignant les quarts de finales après avoir battu Sara Errani au premier tour. Elle est présente cette semaine à Melbourne où elle va tenter de se qualifier pour le tableau principal de l'Open d'Australie, chose qu'elle n'a encore jamais réalisé.
Anastasiya Konstantinovna Soboleva, 19 ans :

C'est en 2018 au tournoi des Petits As (l'année où Alexandra Eala bat Linda Noskova en finale) qu'on la remarque pour la première fois, lorsqu'elle est battue au second tour par une certaine Linda Fruhvirtova. Trois ans plus tard, elle remporte son premier titre ITF à Antalya (W15), l'une de ses destinations favorites puisqu'elle y gagne à trois autres reprises dont deux fois en 2023. On l'a aussi aperçue sur le circuit WTA l'automne dernier. À Cluj-Napoca (WTA 250), elle parvenait à s'extirper des qualifications avant de tomber avec les honneurs au premier tour contre Anna Bondar. Elle était aussi présente à Angers (WTA 125) où elle intégrait le tableau principal en tant que lucky loser, battue de peu par Andreea Mitu.
Daria Lopatetska, 20 ans :

Considérée comme un grand espoir du tennis féminin quand elle était plus jeune (elle a tutoyé le top 20 chez les Juniors), elle a d'abord connu une intéressante transition dans le monde professionnel en remportant ses deux premiers tournois ITF dès 2018, puis trois autres en 2019, sa plus belle année, ce qui lui permit d'atteindre son meilleur classement à la WTA, 216e. C'est après que l'éclipse s'est produite avec une terrible panne de résultats, la joueuse n'ayant plus rien gagné depuis. Ce n'est pourtant pas l'envie qui manque. L'année dernière, elle a atteint deux finales à Varberg et Nasbypark. Insuffisant cependant pour lui permettre de remonter la pente. Elle ne pointe aujourd'hui qu'à une lointaine 876e place.
Veronika Podrez, 16 ans :

L'Ukraine tient un pur bijou avec Veronika Podrez. Installée en France, l'adolescente a très rapidement délaissé le circuit Juniors pour commencer tôt en professionnel. Malgré les modestes moyens dont elle et sa famille disposent, elle a été récompensée de ses efforts en gagnant en 2023 se deux premiers tournois ITF dont l'Open de Cherbourg-en-Cotentin (W25) qu'elle a remporté en battant notamment les françaises Amandine Hesse et Alice Robbe alors qu'elle avait dû passer au préalable par trois tours de qualifications. Une performance monumentale. En décembre dernier, elle parvint une nouvelle fois à sortir du tour qualificatif au WTA 125 de Limoges et affronta au premier tour Anna Blinkova. La jeune ukrainienne pourrait avoir cette année de belles opportunités. 
Yelyzaveta Kotliar, 16 ans :

La jeune adolescente prend son temps. Proche de retrouver le top 50 sur le circuit Juniors, elle a été de tous les tournois de fin de saison chez les jeunes, de Merida à l'Orange Bowl en passant par Bradenton. En octobre dernier, elle remportait même l'Open de Vigo (J200), sa plus belle victoire à ce jour (elle y battait notamment Yoana Konstantinova, Rose Marie Nijkamp, Charo Esquiva Banuls et Joy De Zeeuw). Cependant, elle s'est aussi montrée chez les professionnelles en atteignant les quarts de finales à Monastir (W15) l'an passé après être sortie des qualifications. Le potentiel est donc là et n'attend qu'à éclore.