Magazine

Comment faire un film pour cinq euros

Publié le 21 août 2008 par Magda

Bon, ok, non, vous ne ferez pas de film pour cinq euros, à moins de le réaliser avec votre téléphone portable comme Murray dans Flight of the Conchords filmant le clip de son groupe préféré avec son Nokia. (Merci à Rasmus de m’avoir fait découvrir cette série géniale, qui raconte les déboires de deux musiciens néo-zélandais à New York).

Mais Claude Chabrol, et ce n’est pas n’importe qui tout de même*, nous a pondu, avec son acolyte François Guérif, un  petit livre au prix modique de 5,35 euros, dont le titre est tout simplement le suivant : Comment faire un film. Apprendre à faire un film en quatre-vingt-dix pages format poche, alors que je me fatigue à prendre des cours et à assister à des stages depuis un bout de temps? Cette éventualité m’ennuyait beaucoup, je dois dire.

Je vous rassure : non, Claude Chabrol ne peut pas vous apprendre à faire un film en quelques pages, si talentueux soit-il. Le titre est une provocation. Il ne s’agit nullement d’un manuel sur les techniques cinématographiques. C’est plutôt une sorte de lexique du métier (qu’est-ce qu’un directeur de la photographie, une script-girl, un plan américain…) expliquant qui fait quoi et comment et pourquoi. Le petit plus de ce livre, qui pourrait être parfaitement inutile sans cela (d’autres racontent mieux que lui les spécificités du métier), c’est que Chabrol a une langue bien pendue, bien piquante et pas vraiment dans sa poche :

Certains réalisateurs signent de très beaux films à partir de quelques lignes tracées sur du papier-cul, mais j’ignore comment ils y parviennent.

Les gens qui font des choses “en état d’urgence” m’ont toujours fait rire. On pisse en état d’urgence, mais on ne fit pas un film.

Voilà tout le sel de ce bouquin : une gouaille à l’accent parigot qui nous fait rire tout au long de ces courtes pages. Attention toutefois : je ne pense vraiment pas que Chabrol s’adresse réellement au grand public. Un minimum de passion pour les salles obscures est nécessaire avant d’attaquer cette lecture. Car les développements de Chabrol et Guérif sur la meilleure manière de diriger un acteur ou d’écrire un scénario, s’ils sont passionnants (quoique un peu courts) pour un jeune cinéaste, peuvent barber l’ingénieur informaticien, le gratteux guitariste ou la vendeuse de jonquilles de la rue Montmartre. Ou alors, c’est Chabrol qui vous passionne et là, vous vous régalerez.

Une autre formidable vidéo que je vous transmets de chez Stéphane du Permanent et qui n’a pas dû coûter bien cher à la réalisation : ici. Il s’agit de l’artiste vidéaste Pierrick Sorin, qui, il y a vingt ans, a filmé ses réveils successifs avec le dynamisme d’une marmotte en hibernation. A mourir de rire, pour tous ceux qui aiment le décalage. Merci Stéphane, tu nous déniches vraiment des pépites en ce moment.

* Claude Chabrol, réalisateur entre autres du “Beau Serge“, “Landru“, “Madame Bovary“, “Merci pour le chocolat” et, dernièrement, “La fille coupée en deux“.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Magda 59 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte