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Capteur de lactate en continu : le Graal arrive en 2024 sur le marché

Publié le 22 janvier 2024 par Jpopeck @MontreCardioGPS

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Kilian Jornet est quelqu’un qui suit avec précision tous ses entrainements. Au cours de l’UTMB 2022, on avait vu Kilian Jornet se faire prélever une goutte de sang à chaque ravitaillement. Je l’avais repéré en direct et retransmis sur Instagram. Et j’ai rapidement reçu une explication. Il s’avère qu’il a fait ces prélèvements pendant la course pour mesurer ses taux de lactate, glucose et cholestérol pour participer à une étude que voulait réaliser un de ses amis.

Il n’est pas le seul, le test de lactate est déjà très utilisé pour évaluer les réponses métaboliques à l’effort lors de tests en laboratoires. Mais l’apparition prochaine (dès 2024 pour les premiers) des capteurs de lactate en continu devrait révolutionner les méthodes d’entrainement en s’affranchissant de l’aspect invasif des appareils actuels. Pour vous représenter les perspectives que ça ouvre, ce sera probablement une révolution du même niveau que l’apparition de la première ceinture cardio de Polar il y a 40 ans.

Ces capteurs pourraient donc bien se généraliser très rapidement pour devenir aussi répandus que les capteurs de fréquence cardiaque ou de puissance.

A quoi peut servir le taux de lactate (dans le sport) ?

Le taux de lactate est une métrique clé pour comprendre avec plus de finesse ce qui se passe au niveau métabolique pendant un effort physique et notamment pour suivre les performances d’un athlète d’endurance.

Avec le taux de lactate, on peut déterminer 2 seuils et en déduire :

  • Le seuil aérobie : le lactate étant le produit final de la glycolyse (production d’énergie à partir du glucose), le taux de lactate permet d’identifier la filière énergétique (lipidique ou glucidique)
  • Le seuil lactique (l’effort le plus intense au-delà duquel le taux de lactate ne progresse plus de façon linéaire) parce que le corps en produit plus qu’il n’arrive à en éliminer
  • On peut même aller plus loin. Le lactate est principalement produit dans les fibres à contraction rapide et consommées dans les fibres à contraction lente ; donc le taux de lactate donne une indication sur le type de fibres recrutées

Dans le cas d’une utilisation à des fins sportives, le taux de lactate donne des informations que les autres métriques physiologiques ne donnent pas.

Par exemple, on nous parle beaucoup du VO2max dès lors qu’il s’agit de sport d’endurance. Mais comment expliquer que 2 sportifs avec le même VO2max ne sont pas capables des mêmes performances sur marathon ? A votre niveau, qu’est-ce qui explique que vous faites mieux ou moins bien que le prédicteur de temps de course de votre montre GPS ?

Lorsque Nike a lancé son projet Breaking 2 qui visait à passer en-dessous de la barrière des 2 h au marathon, l’éventail des VO2max des coureurs étudiés allait de 62 à 84. Eliud Kipchoge n’avait pas le plus gros VO2max. Et 62, ça ne doit pas vous paraitre énorme pour un sportif de ce niveau.

Les scientifiques se sont aussi intéressés au seuil lactique, qui traduit la capacité à tenir l’allure cible du record (2:51/km) pendant les 2 heures requises. Pour faire simple, plus le seuil lactique est élevé, mieux c’est (car on arrivera à tenir une vitesse élevée pendant plus longtemps).

Lors des tests, peut-être qu’Eliud Kipchoge avait un taux de lactate qui tournait autour de 4 mmol/L alors que les autres étaient déjà à 6, 7 ou 8 pour maintenir cette allure. Cette faculté va lui permettre de courir plus vite que les autres, même si ces derniers ont un VO2max plus grand. Il aura une vitesse critique au seuil lactique plus proche de sa VMA, alors que les autres ne pourront pas tenir cette vitesse pendant aussi longtemps.

Pour un entraineur, ce sont des données beaucoup plus précises pour construire des entrainements et adapter les stimulus que de se baser sur des %FCmax ou %VO2max. Par exemple, Inigo San Millan, le consultant ‘performance’ de l’équipe UAE Team Emirates (l’entraineur de Pogacar), utilise énormément les tests de lactate durant les entrainements de ses cyclistes. Pour lui, l’entrainement basé sur le VO2max est carrément obsolète !

Actuellement, on ne mesure que des métriques indirectes. C’est à dire qu’on passe un test qui va déterminer le seuil lactique et permettre de le situer à une certaine allure, une certaine fréquence cardiaque ou une certaine puissance. Mais ça reste très imprécis, parce que ce sont des métriques de travail interne ou externe mais pas directement la matérialisation du taux de lactate dans le sang.

Pour un effort encore plus long, disons sur de l’ultra trail, le taux de lactate va permettre de réaliser qu’à la même allure, en aérobie, un athlète sera dans un mode de glycolyse, alors qu’un autre sera encore capable d’oxyder des graisses. C’est une compréhension du métabolisme, au niveau cellulaire.

Comment fonctionne un capteur de lactate en continu

La mesure du taux de lactate n’est pas nouvelle. Ca se fait depuis longtemps.

La difficulté, c’est qu’il fallait jusqu’à maintenant prélever une goutte de sang pour pouvoir mesurer directement le taux de lactate dans le sang. Ca impliquait donc de stopper l’athlète, lui piquer le bout du doigt ou le lobe de l’oreille avec une petite aiguille, imbiber une bandelette de son sang puis passer la bandelette dans une machine de mesure qui sort un taux de lactate au bout de 15 à 45 secondes (selon les appareils).

La machine donne ainsi le taux de lactate en mmol/L à l’instant ‘t’ du test.

Pour pouvoir visualiser l’évolution du taux de lactate au cours d’un effort long ou d’un effort qui monte en intensité, il fallait répéter plusieurs fois ce protocole pendant la séance (en changeant d’aiguille à chaque prélèvement, en désinfectant après, etc). Ca permet ainsi de tracer une courbe d’évolution du taux de lactate à différentes intensités et donc d’en déduire les points d’inflexion des seuils.

Les capteurs de lactate en continu sont non-invasifs, c’est-à-dire qu’il n’y a plus besoin de se piquer quelque part pour récupérer une goutte de sang. Ils utilisent une corrélation entre le taux de lactate du sang et le taux de lactate de la sueur. Voilà, c’est aussi simple que ça, ils analysent en fait la sueur.

Bon, ce n’est pas si simple que ça en réalité, la principale difficulté étant d’’arriver à éviter les micro-bulles d’air dans la sueur, qui fausseraient complètement la mesure.

Avec cette technologie, les avantages relèvent de la facilité de mise en œuvre :

  • Pas besoin de stopper son effort pour prendre une mesure
  • Prise de mesure non invasive (pas besoin de se piquer)
  • Une multitude de points de mesure pour faciliter l’analyse des inflexions sur la courbe
  • Un suivi en continu possible sur n’importe quelle course, à vélo, en course à pied ou autre avec un retour sur l’écran d’un compteur ou d’une montre GPS

Comment utiliser le taux de lactate en continu en entrainement ou en course

Il y a plusieurs phénomènes en jeu. Le premier, c’est d’arriver à repousser le plus loin possible l’utilisation des graisses et retarder l’apparition de lactate (entrainements à faible intensité). Le second, c’est de repousser le plus loin possible l’explosion du taux du lactate à cause d’une production plus importante que la consommation (entrainements au seuil).

Avec les appareils de mesure du taux de lactate classiques, on pratique généralement des tests, qui visent à évaluer les réponses physiologiques d’un sportif (la première fois) ou à valider les effets de l’entrainement en mesurant sa progression (les fois suivantes).

Avec un capteur de lactate en continu, on peut développer de nouvelles pratiques. Très concrètement, on peut facilement imaginer plein d’utilisations possibles :

  • S’entrainer en endurance fondamentale. Sur ce type de séance, on cherche à être en aérobie et à fonctionner au maximum à partir des graisses. On utilise habituellement la fréquence cardiaque mais cette métrique peut être influencée par des facteurs environnementaux (comme la chaleur, l’humidité) ou de contexte (fatigue, alcool, stress). Avec un capteur de lactate en continu, on peut surveiller l’apparition des lactates dans le sang, qui indique que le corps commence à consommer du glucose. Le seuil aérobie tourne généralement autour de 2 mmol/L et marque l’intensité à ne pas dépasser pour réellement rester en endurance fondamentale au niveau cellulaire.
  • Doser la récupération pendant un entrainement de fractionné. On peut faire une séance d’intervalles longs au seuil et entre chaque bloc, viser une récupération jusqu’à ce que le taux de lactate dans le sang soit redescendu sous un certain niveau (dans les 2,5 mmol/L).
  • Habituer son corps aux lactates. On peut construire un entrainement avec une phase de préchauffe, pour monter jusqu’à un certain taux de lactate et ensuite un dernier bloc au seuil en cherchant à maintenir cette concentration en lactate pour apprendre le corps à mieux gérer le lactate et éviter l’explosion du taux de lactate dans le sang.
  • Chercher à brûler le plus de graisse possible. Si l’organisme a le choix, il consommera des lactates plutôt que de taper dans ses graisses pour produire de l’énergie. Avec un capteur de lactate en continu, on peut chercher à maximiser le brûlage de graisse en cherchant l’intensité la plus élevée tout en conservant un taux de lactate faible.

En course, un capteur de lactate en continu pourrait servir à un sportif à doser son effort avec une finesse jamais vue.

Actuellement, avec ses capteurs de fréquence cardiaque ou de puissance, un athlète réalise un test à l’effort en suivant sa FC, son allure ou sa puissance, s’arrête, mesure son taux de lactate et on en déduit approximativement son seuil lactique. Une montre GPS ou un compteur vélo peut ainsi donner l’allure au seuil, la FC seuil ou la puissance critique. Donc on essaie ensuite de se caler sur ces valeurs mais qui sont des valeurs indirectes.

Avec un capteur de lactate en continu, un sportif pourrait connaître directement et très précisément son seuil lactique. Surtout, il pourrait ensuite s’en servir en course pour gérer très finement son effort (au battement de cœur près ou au Watt près), au risque de réellement devenir une machine.

D’ailleurs, l’UCI a interdit les capteurs de lactate sur ses courses cyclistes.

Les différents capteurs de lactate en continu

K’Watch Athlete

C’est une entreprise française, PKVitality, qui a développé 2 produits, la K’Watch Glucose pour mesurer le taux de glucose (peut servir aux sportifs mais surtout aux diabétiques) et la K’Watch Athlete qui mesure le taux de lactate. Ces 2 marqueurs sont analysés dans la sueur et donc la société a dévelopé les 2 applications pour viser 2 marchés différents.

Leurs produits ont été primés au CES de 2017. Oui oui, 2017 ! Depuis, on attend la certification médicale pour autoriser la commercialisation (comme l’ECG de Garmin).

La construction ressemble à ce qu’on connait : un boitier avec un écran sur la face avant et un capteur au dos qui analyse la sueur, le tout fixé à un élastique pour le porter n’importe où sur le bras.

C’est pas donné. La K’Watch Athlete devrait coûter dans les 200€, avec l’obligation de remplacer le petit capteur au dos de la montre tous les 30 jours (dans les 100€ à chaque fois).

Idro

Une entreprise belge qui a développé un capteur à base d’enzymes qui mesure le taux de lactate dans la sueur. Les données sont ensuite envoyées à l’application pour smartphone développée avec.

En termes de disponibilité, c’est le premier capteur qui devrait arriver sur le marché, annoncé pour avril 2024. Le capteur est d’ailleurs déjà utilisé par des chercheurs des projets de recherche.

Il n’y a pas beaucoup d’infos sur leur site, notamment le prix.

Abbott Lingo

Sans le savoir, vous le connaissez peut-être déjà. En effet, il s’agit du capteur intégré dans Supersapiens qui mesure déjà le taux de glucose dans le sang en continu.

Lors du CES 2022, Abbott a annoncé travailler sur la mesure du taux de lactate, entre autres marqueurs biologiques (ils veulent aussi mesurer le taux d’alcool).

Leur capteur ne s’appuie pas sur la même technologie que les autres capteurs de lactate en continu, puisqu’il n’analyse pas la sueur mais le sang. Ce n’est pas un capteur non-invasif. Lorsqu’on met en place le patch, on introduit de très fines électrodes (des fils) dans la peau. C’est sans douleur.

Actuellement, le patch Supersapiens doit être remplacé tous les 14 jours.

Conclusion

Bon, vous voyez, que le capteur de lactate en continu arrive en 2024 mais ça n’est pas pour tout de suite chez vous. Les solutions sont encore rares, chères et au cas où vous ne l’aviez pas remarqué, aucun de ces capteurs n’est encore compatible avec une montre GPS. Pour le moment, il s’agit de solutions propriétaires.

Donc pour commencer, ces capteurs seront surtout utilisés par les coachs pour leurs athlètes professionnels.

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