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Acomplia : la petite pilule miracle contre l’obésité qui tape sur le moral !

Publié le 21 août 2008 par Kamizole

acomplia-rimonabant.1219342582.jpgQuand je constate un afflux de visites sur des articles déjà anciens de mon blog, je sais qu’il se passe quelque chose… J’ai commis deux articles – en juillet 2006 et en janviers 2007 - sur le médicament anti-obésité de Sanofi-Aventis, Acomplia, connu aussi sous le nom de sa molécule : Rimonabant. Or, j’ai eu la surprise il y a quelques jours de voir qu’ils étaient consultés à nouveau…
Contrairement à la Drug Food Administration qui n’a pas donné d’autorisation de mise sur le marché en raison d’une dangerosité potentielle (à l’époque je n’avais pas les détails) l’Union européenne (Agence européenne du médicament EAMA) ne s’est pas embarrassée du principe de précaution, bien dangereux gêneur dans la course aux profits… Il faut dire qu’à Bruxelles les lobbies sont très présents, puissants et d’une redoutable effica-cité !
Etant donné le nombre d’obèses, surtout aux Etats-Unis mais cela gagne l’Europe à la grande vitesse : la malbouffe de l’agro-alimentaire et les Mac Do’ ! Sanofi-Aventis espérait sûrement avoir découvert un nouveau «block-buster» : médicament générant au moins 1 millions de dollars par an…
J’étais déjà très sceptique sur l’innocuité du Rimonabant, ayant appris qu’il s’agissait d’une molécule antagoniste des récepteurs cannabinoïdes (sur lesquels se fixe le principe actif du cannabis) qui agirait en bloquant spécifiquement certains récepteurs cannabinoïdes du système nerveux, également présents dans le tissu graisseux et utilisés par le corps pour contrôler l’ingestion d’aliments et provoquer l’impression de satiété.
Il me semblait en effet très dangereux de toucher à un tel mécanisme qui n’a rien d’anodin : d’un côté on lutte contre les drogues et de l’autre on met en mouvement des zones du cerveau ou du système nerveux qui ont trait à une drogue !
Toujours est-il qu’il y a peu j’ai été alertée par le titre d’un article du Monde (j’ai compris du même coup pourquoi mes anciens articles étaient consultés à nouveau) qui traitait des risques du Rimonabant et la mise sous haute surveillance de sa prescription.

Acomplia : prescription sous haut contrôle
LE MONDE | 19.08.08

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Acomplia : la petite pilule miracle contre l’obésité qui tape sur le moral !

Nous connaissons aujourd’hui la nature du danger : les effets indésirables sont essentiellement neuro-psychiatriques… ce qui n’est, bien évidemment, pas fait pour me surprendre…
On a parlé d’agressivité mais c’est essentiellement le risque de dépression grave avec tendance au suicide (ce qui est le cas d’un bon nombre de dépressions) qui retient l’attention des chercheurs de l’Afssaps et des centres de pharmacovigilance.
Ainsi, fin mars 2008, sur 160000 cas (autant d’hommes que de femmes, avec une moyenne d’âge de 59 ans) il y aurait «1148 cas d’effets indésirables signalés dont 988 médicalement confirmés, et parmi ceux-ci, 250 cas graves».
Dans 6 % des cas de dépression avérée, il s’agissait de patients présentant un syndrome dépressif préala-blement au traitement par le Rimonabant et/ou sous antidépresseur… Dans la moitié des cas, les troubles apparaissent dès le premier mois du traitement et dans les 3 premiers mois pour 80 % des cas.
Les responsables d’Aventis soulignent que des troubles dépressifs peuvent apparaître chez des personnes n’ayant aucun antécédent (preuve évidente de l’implication de la molécule !) et préconisent – dans une lettre adressée aux médecins prescripteurs - un suivi très attentif des patients notamment en début de traitement.
Et bien entendu : l’arrêt du traitement si l’on diagnostique l’apparition d’une dépression…
Cela n’est pas écrit dans l’article mais j’espère aussi que les médecins éviteront de prescrire le rimonabant à des patients ayant des antécédents de dépression et/ou sous antidépresseurs.
Il y aura toujours des médecins consciencieux et d’autres moins, lesquels font une médecine «d’abattage» et sont nécessairement moins à l’écoute de leurs patients. Avec le risque également, de voir se «banaliser» la prescription comme ce fut le cas du Prozac, autre pilule «miracle» - elle permettait surtout aux médecins trop pressés de ne pas écouter les malades ! – et «blockbuster» célèbre.

Pour tout dire, j’aurais été informée plus tôt si j’avais pensé à consulter le site “Esculape” qui donnait les infos récentes de la revue “Prescrire” pour lequel j’avais fait un lien dans un des articles.


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