L'édito : le tournoi d'Eastbourne en grand danger

Alors qu'il doit fêter cette année le cinquantenaire de sa création, le très populaire tournoi d'Eastbourne, sur lequel les joueuses n'ont jamais tari d'éloges, pourrait être rétrogradé en catégorie 250 afin de permettre d'insérer dans le calendrier un nouveau tournoi WTA 500 organisé sur les prestigieux courts du Queen's où a lieu tous les ans une épreuve du circuit ATP. C'est toute la tournée britannique précédant Wimbledon qui pourrait être chamboulée si la décision était confirmée. La tournoi WTA d'Eastbourne va-t-il être rétrogradé l'année prochaine ? Fondée il y a un demi-siècle, en 1974 (Chris Evert fut la première à inscrire son nom au palmarès en battant Virginia Wade en finale), l'épreuve jouée sur gazon une semaine avant Wimbledon pourrait descendre de la catégorie 500 à la catégorie 250 afin de faciliter l'insertion d'un nouveau tournoi disputé au Queen's Club de Londres, jusqu'à présent réservé pour le circuit ATP même si les femmes y avaient évolué très brièvement de 1971 à 1973. Si les discussions aboutissaient, le Queen's deviendrait ainsi un tournoi WTA 500 qui se déroulerait vraisemblablement une semaine avant l'épreuve masculine du même nom (alors qu'il aurait sans doute été plus judicieux que hommes et femmes jouent en même temps dans un souci de maintenir une qualité des courts satisfaisante, mais ça, c'est un autre sujet).
La gravité de la situation ici est qu'on ne parle pas de n'importe quel tournoi quand il s'agit d'Eastbourne. L'épreuve, gagnée dans le passé par Martina Navratilova, Tracy Austin, Monica Seles, Justine Henin, et j'en passe, jouit d'une popularité qui ne s'est jamais démentie au fil des ans. Tournoi familial à l'ambiance populaire, dont l'histoire s'est transmise de génération en génération depuis cinquante ans, Eastbourne s'inscrit dans la grande tradition du tennis féminin avec ses superbes billards verdoyants dont la qualité n'a jamais été remise en cause, si bien que chaque année, lors de la dernière semaine de juin, les tribunes du court central et des courts annexes ne désemplissent pas grâce à un public de connaisseurs venus pour le plaisir du jeu sur herbe.
Un grave danger, donc, surplombe le Devonshire Park Lawn Tennis Club car, on imagine les terribles répercussions financières qu'aurait une rétrogradation pour ce tournoi, une décision aussi absurde pouvant signifier sa disparition à plus ou moins moyen terme. Tout ça pour quoi ? Le profit, bien sûr, les instances de la WTA ayant flairé la poule aux œufs d'or de voir une épreuve WTA 500 organisée au Queen's Club, dans la capitale de l'Angleterre. Hélas, il n'y a pas que sur Eastbourne que le menace se précise. L'insertion du Queen's au calendrier, entre Roland-Garros et Wimbledon, serait aussi le début de la fin pour deux autres tournois sur herbe organisés durant cette période, à savoir Nottingham et Birmingham, qui se retrouveraient ainsi dans l'ombre du futur géant londonien. La WTA, déjà au cœur d'une polémique alors que l'annonce d'un partenariat avec l'Arabie Saoudite semble imminente, ne pouvait pas s'y prendre autrement pour envenimer une situation déjà critique.