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S'il ne reste qu'un humaniste pour la vie, je serai celui-là

Publié le 06 mars 2024 par Francisrichard @francisrichard
S'il ne reste qu'un humaniste pour la vie, je serai celui-là

Ainsi, le 4 mars 2024, le Parlement français, réuni en Congrès à Versailles, a-t-il adopté une vingt-cinquième révision de la Constitution de la Ve République. C'est dire que la loi fondamentale française n'a rien d'immuable, ce qui ne peut que plaire aux juristes, et ne me déplaît pas.

Sur la forme, cela ressemble à une belle opération de diversion de la part des politiques, toutes tendances confondues, à quelques exceptions près, pour ne pas parler des problèmes réels d'un pays à vau-l'eau en matière de sécurité, immigration, santé, école, autant de domaines dont l'État obèse s'occupe, mal.

L'article 34 de la Constitution, qui énonce les règles fixées par la loi comportera, après scellement, le vendredi 8 mars 2024, de cette révision, un nouvel alinéa: La loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse.

Le fait de s'enorgueillir d'être le premier pays au monde à avoir inscrit cette liberté dans sa Constitution est pitoyable et montre à l'envi que les élites françaises, et à leur suite de nombreux Français, se considèrent toujours mieux que les autres habitants de la planète.

Le mot d'avortement est un gros mot, c'est pourquoi il est toujours question d'interruption volontaire de grossesse, comme on interrompt la lumière, pour éviter de le prononcer: Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde, disait Albert Camus.

Mais, depuis la Loi Veil du 17 janvier 1975, c'est l'expression consacrée. L'article 1 de celle-ci précisait toutefois, d'emblée: La loi garantit le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. Il ne saurait être porté atteinte à ce principe qu'en cas de nécessité et selon les conditions définies par la présente loi.

Ces conditions étaient très restrictives, à raison. Mais, surtout, je souligne que cette loi garantissait encore le respect de tout être humain dès le commencement de la vie. À l'époque le commencement de la vie, conformément à la génétique, c'était naturellement la conception. En effet le patrimoine génétique d'un individu est complet dès ce moment-là et est le fruit unique de l'union d'un homme et d'une femme.

D'aucuns disent pourtant que l'embryon fait partie du corps de la femme et qu'elle peut en disposer comme elle veut, mon corps, mon choix; d'autres que c'est un objet, voire, quand la femme n'en veut vraiment pas, un parasite.

En vérité, le corps de la femme ne fait qu'héberger le corps d'un enfant à naître, un corps qui ne lui appartient pas, le corps d'un autre. Nombre de femmes qui ont avorté témoignent que l'avortement, tout légalisé qu'il est, fut et reste pour elles un drame douloureux, physiquement et moralement.

La loi Veil, qui malheureusement a ouvert une boîte de Pandore, se voulait au moins respectueuse de la vie humaine. Ceux qui estiment que l'être conçu n'est pas un être humain sont bien embarrassés pour dire quand il le devient et répondent parfois, piteusement, qu'il ne l'est qu'à la naissance, ce qui n'est de loin pas un critère objectif.

Le délai maximum pendant lequel une femme peut avorter a varié au cours du temps: d'abord 10 semaines de grossesse, puis 12 semaines, maintenant 14 semaines. C'est dire que c'est une expression du relativisme ambiant et que le commencement de la vie est, pour le législateur, variable au gré du vent et du temps.

Les Évêques de France avaient déclaré le 29 février 2024: L’avortement, qui demeure une atteinte à la vie en son commencement, ne peut être vu sous le seul angle du droit des femmes. Quant à l'Académie pontificale pour la vie, elle a déclaré le 4 mars 2024: À l'ère des droits humains universels, il ne peut y avoir de "droit" à supprimer une vie humaine. Le catholique que je suis en est réconforté.

Seuls 26 députés et 46 sénateurs ont voté contre ce triste alinéa, révélateur de l'État de loi qui caractérise la France et qui n'a rien à voir avec l'État de droit. Au fil du temps la cohorte des représentants qui défendent ce dernier s'est raréfiée et cela me fait penser au poème des Châtiments de Victor Hugo, Ultima verba, dans lequel l'humaniste pour la vie que je suis remplace délibérément Sylla par Macron:

Si l'on n'est plus que mille, eh bien, j'en suis ! Si même
Ils ne sont plus que cent, je brave encor Macron;
S'il en demeure dix, je serai le dixième ;
Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là !

Francis Richard


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