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Cueillir les larmes de la montagne, de Manuela Ackermann-Repond

Publié le 27 février 2024 par Francisrichard @francisrichard
Cueillir les larmes de la montagne, de Manuela Ackermann-Repond

Cueillir les larmes de la montagne est un roman à plusieurs personnages principaux, qui se déroule à notre époque et vingt à vingt-cinq ans plus tôt, sur deux continents, en Europe, c'est-à-dire en Suisse et en Italie, et en Amérique du Sud, c'est-à-dire en Colombie et en Équateur.

Le lecteur doit donc être attentif pour en suivre le fil. Car dans ce récit ces personnages semblent ne pas avoir de liens entre eux, alors qu'il n'en est rien, mais ces liens n'apparaissent que peu à peu sous la plume de Manuela Ackermann-Repond, qui excelle à les dissimuler.

Par ordre d'apparition il y a Eduardo. Dans le prologue, non daté, c'est un fugitif dont le sort est joué d'avance. Il sait pertinemment que s'il cesse de courir, ce sera pour lui la fin. Comme c'est le cas, il n'a que le temps d'esquisser un sourire avant de sombrer dans un trou noir.

Diana est psychothérapeute, sujette à des migraines depuis toujours, mais plus souvent avant les vacances. En 2016, à Genève, elle rencontre dans un parc Antonio qui fume le cigare et est vêtu d'un costume en laine d'alpaga. La fumée l'incommode. Elle perd connaissance.

Quand Diana recouvre ses esprits, elle prononce un mot, Cayambe, dont elle ne sait rien mais qui est familier de son interlocuteur, parce qu'il est le nom d'une ville au nord de la Cordillère des Andes et d'un volcan qui, après avoir fait éruption, n'aurait laissé que deux survivants. 

Cette rencontre perturbe Diana, qui se demande si elle a vraiment eu lieu. Cela ne l'empêche pas de partir en vacances pour l'Italie, où sa tante Ema possède une demeure avec vue, dont elle ne se lasse pas, sur le lac Majeur: L'étendue du lac y fait écho à l'immensité du ciel.

Au même moment, en Équateur, Enero - un amnésique qui doit son nom au fait qu'il a été recueilli presque gelé un matin de janvier, sur les pentes d'une montagne aride - croit reconnaître une silhouette dans une rue d'Otavalo. Il se dit que La Perdida connaît peut-être cet homme.  

La Perdida est une prostituée qui connaît tout le monde et qui n'est pas insensible à la liasse de billets verts que ce pouilleux d'Enero lui tend pour une rencontre charnelle avec elle, et plus si elle entend parler de cet étranger. Rentré chez lui, pendant son sommeil, il cauchemarde.

Eduardo, Diana, Ema, Antonio, Enero, La Perdida, ne sont pas les seuls personnages du roman, mais, en définitive, ce sont eux qui importent, même si cela n'est pas évident pour le lecteur dont les yeux ne se dessillent complètement qu'après avoir partagé toutes leurs tribulations.

La genèse de l'histoire se trouve en Colombie où, depuis les années 1960, s'affrontent paramilitaires, guérilleros et hommes de main des narcotrafiquants, et où les mines d'émeraudes y sont détenues par le Baron, qui n'entend pas que son autorité soit jamais contestée par quiconque.

Le Baron a donc mené une guerre verte, sans les conséquences de laquelle il n'y aurait pas d'histoire et... pas de titre, puisque les larmes dont il est question sont les émeraudes, ces cristaux verts qui sont extraits de la montagne Fura, selon la légende découverte sur le Net par tante Ema:

Susanna était persuadée que les émeraudes apportaient le malheur, à défaut de la richesse tant désirée.          

Francis Richard

Cueillir les larmes de la montagne, Manuela Ackermann-Repond, 224 pages, Slatkine

Livres précédents:

La Capeline écarlate (2017)

L'âme déracinée (2019)


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