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74 - Silence, on crie ! (2ème partie)

Publié le 22 août 2008 par Theophile
H-3-1104251-1204022118 Nous entendons l'ascenseur monter... Il se rapproche de plus en plus. La panique nous paralyse à tel point qu'aucun son ne peut sortir de nos bouches. Nous écoutons le mécanisme de l'ascenseur dans le silence le plus total. Immobiles.
Lorsque nous entendons que l'ascenseur est arrivé à destination, nous retenons notre souffle. Mais nous entendons quelqu'un frapper très fort à une porte, au 7ème étage. C'est-à-dire celui de dessous.
Peut-être n'est-ce pas lui ?
Nous écoutons pour essayer de comprendre ce qu'il se passe.
Des voix étouffées par la résonance du long couloir retentissent. Une voix de femme, seulement. Une voix de femme. La voix de le voisine qui habite l'appartement en-dessous du notre. Les mots sont incompréhensibles.
Puis on entend enfin la voix d'un homme. C'est la sienne sans doute.
Nous écoutons attentivement.
C'est bien lui qui discute avec la voisine... Ma mère, l'oreille collée contre la porte d'entrée, s'interroge à voix basse.
   - Mais qu'est-ce qu'il fabrique ?
Nous ne comprenons pas ce qu'il se trame. Pourquoi irai-t-il voir la voisine ? Car c'est bien lui qui a frappé à sa porte.
Après quelques minutes, nous entendons un long silence avant d'entendre la résonance de ses pas dans les escaliers.
C'est lui. Il monte. Il arrive.
Ma mère et moi sommes comme prisonniers. Paralysés toujours, nous ne pourrons rien faire à part l'empêcher d'entrer coûte que coûte.
Il frappe très fort à la porte. Visiblement avec son pied.
   - Ouvre ! Ouvre-moi où je te bute !
  
Ma mère et moi somme appuyés contre la porte pour l'empêcher qu'il ne la défonce. La puissance avec laquelle il frappe dans la porte est si redoutable que l'on n'imagine pas à ce moment tenir plus longtemps. Nous tâchons cependant de résister. Sa colère et sa rage ont l'air si effroyable que nos pleurs et nos cris ne peuvent se retenir.
Nous le supplions, appuyés contre la porte, d'arrêter de frapper ainsi. Je lui crie tout mon désespoir.
   - Papa arrête ! Tu me fais peur ! arrête !
Mes cris. Mes appels demeurent sans réponse. Ma mère supplie elle aussi pour qu'il cesse sa violence. La porte résiste de moins en moins, mais nous persistons à faire barrage afin qu'elle continue à tenir sous ses coups.
Soudain, quelque chose de surnaturel arrive à ce moment-là.
Il est 5h07 du matin. Ma mère et moi sommes en train de retenir la porte d'entrée qui subis ses violents coups de pieds... Rien n'indiquait quoi que ce soit de plus ou de moins. Mais un réflex de survie sans doute. Ou un geste de dieu. Un fantôme de bonté pousse ma mère à décider d'arrêter de résister. Elle  me saisi par le bras afin de me dégager de cette porte qui ne va pas résister plus longtemps.
Au moment où elle me tire vers la droite, un sifflement d'une rare violence retenti dans le couloir de l'appartement. Je viens de sentir très près de ma joue comme un souffle foudroyant. Chaud. De la poussière aussi. De la poudre de canon qui dégage une odeur abominable. Je n'entends plus rien. Le sifflement est tellement fort et violent, que je ne peux entendre le moindre son.
"L'autre", mon père, derrière cette porte vient de tirer une balle avec son fusil de chasse.
(A suivre)

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