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Paul et Vanessa. Chapitre 9. L'accident sexuel .

Publié le 30 mars 2024 par Guy Marion

Retour à  Gérardmer : Dix heures de train. Pendant ce long trajet, Sylvie n'interrogera pas son époux  sur l'énigme du traumatisme malgache, il faut laisser Paul respirer, se dit-t-elle . Mais elle fait des hypothèses . Elle pense à un problème physique et découvre sur internet cet accident rare, survenant le plus souvent chez les hommes jeunes, appelé  fracture du pénis.

Mettre fin à une relation après deux week-end et y penser encore trente ans après , cela me paraît impossible; mais si c'est la verge qui rompt, c'est peut-être différent. Séparation pour rupture de pénis, cela doit être psychologiquement très violent pour l'être fragile qu'il a toujours été.  

Je vais essayer de lui faire la contrepèterie "mets ta casquette" plusieurs fois de suite en observant attentivement sa réaction.

Paul est plus serein. Il s'est inscrit à un club de marche nordique et partage désormais  son temps entre randonnées sportives en groupe, marche en solitaire et lectures philosophiques. 

"Seules les pensées qu’on a en marchant valent quelque chose" a écrit Nietzsche. 

Paul est devenu un fervent disciple du philosophe.

Sylvie, qui a repris son travail, ne lui parle plus de son passé. 

Elle ne put toutefois s'empêcher d'oser  "met ta casquette" et la réaction horrifiée, presque violente de Paul fut très claire : Paul déteste cette contrepèterie. 

Sylvie a une autre contrepèterie test sous le coude "cette coquette a attrapé la génisse"

mais renonce, ce serait trop violent; plus tard peut-être.

 "Il faut donner du temps au temps"

Paul et Sylvie sont de retour à Nice pour les vacances de février .

Sylvie, bien décidée à reprendre son enquête, accompagne Paul qui est redevenu un excellent marcheur .

Au programme aujourd’hui, sentier du littoral du port de Nice à Villefranche :

Distance 6,4 km, dénivelé positif 145 m, une rigolade pour Paul.

Terrain accidenté et rocheux, de nombreuses marches à gravir tout de même, mais la vue est superbe.

“Il y a probablement des ballades comparables à La Réunion ?

-D’accord, je te vois venir, tu souhaites que je te parle à nouveau de mes aventures tropicales ?

-Oui, Paul.

-Ce soir, peut-être. En attendant, en route vers la splendide rade de Villefranche-sur-Mer. Tu n’es pas pressée de te poser au bar de la rade ?

Sylvie, concentrée sur la montée des marches, ne remarqua pas la contrepèterie .

La journée fut belle mais assez sportive car Paul a tenu à faire le retour à Nice par le sentier, contrairement à ce qui était prévu.

Sylvie s’est bien gardée de le contredire, elle était prête à céder à tout aujourd’hui, afin de ne pas compromettre les chances des confidences qu’elle attendait.

Et elle ne fut pas déçue.

“ La première soirée passée avec ma collègue fut très brève. Très peu de préliminaires, une seule pénétration, le coït fut minimum, d’une rare frugalité. Aucun sujet de conversation, son pays de naissance et les sciences physiques exceptés, une tête creuse, vide. Dans quelle galère m’étais-je embarqué ? Le lendemain, j’ai pris prétexte d’un lourd paquet de copies à corriger pour me libérer. En début de semaine, j’avais rendez-vous avec Carla, mon élève .

-Oui, lapin, parle-moi de Carla.

-Carla était une jeune fille sexy et gentille, pas très intelligente mais suffisamment habile tout de même pour réussir à me pousser à une faute déontologique majeure. Un professeur ne se laisse pas conquérir par une élève, un professeur doit avoir une conduite exemplaire, toute mon éducation a été fondée sur ce type de principes moraux qui avaient toujours régi ma vie .

Carla a réussi à me faire perdre la tête dans un premier temps puis, involontairement cette fois, à me faire sombrer dans un état de démence sévère, avec altération du discernement.

Altération du discernement, c’est une expression qu’utilisent les juges, tu as commis un délit, un crime, Paul ? Et qu’est-ce qu’elle avait donc de plus que les autres, cette Carla ?

-Son corps ? Un sablier de chair bronzée, gorge libre et fière, fessier musclé, visage d’un ovale parfait, sourcils épais et bien formés, de grandes lèvres charnues, moue légèrement boudeuse, bref physiquement, elle cochait toutes les cases et dans notre aventure, c’est elle qui fit le premier pas en m’offrant un rendez-vous que je n’avais non seulement pas sollicité, mais pas même imaginé un seul instant. Je me suis rendu au lieu convenu, je ne suis pas un extra-terrestre.

Mais ce n’est pas à cause de son physique que je suis devenu fou .

-C’est quoi alors, elle t’a ensorcelé, fanafoudé, elle était malgache , elle aussi ?

-C’est pire que cela, Sylvie.

J'appris très vite que Carla, bien qu'elle ne portât pas le même nom, était la fille de ma partenaire du week-end. J'avais donc copulé le samedi avec ma collègue et le mardi suivant avec mon élève qui était aussi sa fille. Pour moi qui, dans ma Lorraine natale, avait toujours eu une conduite exemplaire dans le respect le plus rigoureux des règles de mon éducation chrétienne, ce fut trop lourd à supporter, trop violent. Je suis devenu fou. Ma tête et mon corps tout entier lâchèrent. Je me sentais brûler vif comme un carré de sucre plongé dans un café. Pour la première fois de ma carrière, je dus m'absenter pour raison de santé. 

Mais je n'annulai pas la rencontre prévue samedi avec la collègue . 

Et peu importe si elle n'était pas pleinement coupable, elle avait tout de même abusé de ma gentillesse, de mon hospitalité, de ma naïveté, elle allait le payer très cher.

(Sylvie se garde bien d'intervenir car cette fois, Paul semble résolu à aller au bout de son récit .)

Pendant trois jours, j'ai tourné en rond dans mon appartement comme un lion dans sa cage. J'étais bien décidé à donner le maximum de mes forces physiques ce samedi afin de la défoncer avec violence jusqu'à ce qu'elle me supplie d'arrêter. 

Hélas, ce fut un échec total.

J'ai pourtant fait preuve d'une brutalité extrême pour la pénétrer et me retirer avec bestialité, au rythme hallucinant d'une saccade par seconde, mais, contrairement à toute attente, cette sotte en redemandait .

Permets-moi d'abréger le récit des ébats, Sylvie, je vais toute de suite à la conclusion,  au dénouement,  si j'ose dire :

Pour couronner en toute beauté ma performance-est-ce elle qui aurait dévié,  volontairement ou pas, je n'en sais rien, toujours est-il que j'ai buté …

Plus précisément,  mon pénis a buté .

Sylvie, qui n'a pas pipé mot pendant tout le récit, ne peut s'empêcher d'intervenir:

- Paul, ce que tu me décris là,  cela ressemble un peu à  un viol, il me semble.

- Non, non, pas toi, Sylvie, pas toi, pas toi !

C'est le contraire d'un viol ! C'est elle qui s'est introduite dans ma chambre ! Non seulement elle était consentante, mais elle en voulait davantage encore et encore- c'est le mot qu'elle hurlait à chaque secousse et c'est moi qui dus rendre les armes pour cause de mutilation.

La victime c'est moi !

Tu as une idée du traumatisme résultant d'une fracture du pénis ?

-Ah, j'y suis maintenant, quand tu dis "mon pénis a buté" il faut comprendre :

" je me suis fracturé la verge ",  Tes propos n'étaient vraiment pas clairs du tout, trop d'implicite Paul, d'autant que cet accident de coït n'est pas connu des femmes.

Donc non, je n'ai aucune idée de l'ampleur du traumatisme. 

Chez nous, les femmes, le gland du clitoris ne casse pas .

-Un pénis ayant doublé de volume qui ressemble rapidement à une bringelle bleu foncé, puis une verge noire, un sexe malgache qui passe ensuite progressivement par toutes les variantes du métissage réunionnais, une gradation continue allant du marron le plus sombre au mat clair,  jusqu'à retrouver enfin la couleur initiale du phallus métropolitain de base.

 Pour la partie physique, une convalescence de quatre semaines seulement fut nécessaire. Mais pour le psychisme, les dégâts  furent plus sévères. 

Voilà, cette fois, Sylvie, tu sais tout de mes aventures réunionnaises.

Heureusement pour moi, le miracle eût lieu. La demande de poste dans un lycée  français à l'étranger que j'avais déposée  sans trop y croire me permit d'intégrer  le lycée de Curepipe trois mois seulement après mon accident sexuel.

Je ressuscitais …

-Permets-moi d'abord de te dire que je trouve la description de l'évolution de l'apparence de ton phallus assez raciste. Mais ce n'est pas ce qui me choque le plus.

"Je  ressuscitais ... " Ça alors !

 A Saint-Malo, il y a six mois, tu m'a dis que tu étais encore incapable de me parler de ton vécu à Maurice tellement il fut dévastateur. Tu as oublié peut-être, moi je me souviens encore mot à mot de ta déclaration lors de ce séjour. 

"Quand je suis arrivé à Gérardmer, cela ne se voyait peut-être pas, mais j'étais très aigri.  Si je ne t'avais pas rencontrée, je ne suis pas sûr que j'aurais refait surface. "

Je ne comprends plus, Paul .

- Curepipe !  Juste après la fracture de ma verge qui avait encore besoin de soins délicats, Curepipe  Sylvie !

J'ai évidemment  pris cette affectation pour un don du ciel !

 Mais tu n'as pas complètement tort. Cette résurrection fut de courte durée; en réalité, ce ne fut qu'une rémission. Je vais t'expliquer et cette fois tout te dire.

 Et Paul passa toute la soirée  et une bonne partie de la nuit à confier à son épouse sa vie tourmentée à l'île Maurice.

  Sylvie l'écouta très attentivement et sut une fois encore trouver les mots et d'autres arguments typiquement féminins pour détendre Paul, dont la charge émotive fut pesante pendant tout le récit.

  Retour à Gérardmer le lendemain.

Pendant le trajet, Paul reprend mentalement la trame du discours rhétorique que lui a tenu Sylvie, à la fin duquel elle avait subtilement, pour détendre l'atmosphère et conclure en beauté, réussi à glisser un enchaînement remarquable de contrepèteries parfaitement inscrites dans le contexte, tout en caressant de ses deux mains le sexe de son partenaire. 

 -Le remord est associé à un sentiment de culpabilité beaucoup plus prononcé que le regret. Si tu avais honoré ce rendez-vous, je suis certaine que ta vie aurait été rongée de remords. 

 Il est encore temps d'oublier, Paul !

 “Les deux grands secrets du bonheur : le plaisir et l'oubli.” a écrit un très grand auteur. 

Rêve encore, Paul ! Ne laisse pas les regrets prendre la place des rêves !

Quand c'est le cas, c'est le signe que la vieillesse s'est installée. 

Oublie les îles homophobes !  Rêve de pépées de Chine ! Quand tu me parles de l'île  Maurice, tu as une petite mine Paul ! Retrouve vite ta verve joyeuse !


# abcmaths @ 11:47

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