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Gauche et droite en France aujourd’hui

Publié le 06 juillet 2007 par Argoul

Left wing and Right wing in France today are no more what they were before. Leftists were for movement, for human reason and for freedom. Nowadays, they are (only in France) for no change, believing in a special French Model, wishing to close frontiers to imports, immigrants and other modern ideas.

Rappelons la distinction déjà évoquée entre les tempéraments traditionnellement attribués à la droite et à la gauche.

A droite, on a la conviction que le monde est soumis à la volonté de Dieu ou des lois naturelles, que les chances sont « de nature » (voire « génétiques »), que « l’on n’y peut rien » et qu’il faut s’y soumettre. Dans les trois droites françaises, il s’agit de s’en remettre à plus fort que soi : Dieu (légitimistes), le temps (libéraux), l’Etat Sauveur (bonapartistes).

A gauche, on a la conviction que l’important n’est pas ce qui différencie « de nature » mais ce qu’on a en commun « par condition » ; que l’homme peut créer un destin, la société orienter son histoire et l’humanité maîtriser la nature. Dans les trois gauches françaises, il s’agit de créer « un autre monde » et de « changer les hommes » : par l’Histoire scientifique (communistes), par la démocratie sans cesse à définir (socialistes) ou par l’utopie globale incarnée localement (gauches radicales).

La droite serait le plus souvent indifférente aux idées et aurait tendance à ne se déterminer que par la passion, enthousiasme ou indignation. Le laisser-faire serait l’usage. La gauche aurait trop tendance à croire au Progrès comme en Dieu et à ne pas faire confiance à la société civile. Elle placerait la politique dans la dépendance de la morale, l’a priori préféré à l’analyse, le souhaitable au possible. Selon cet ideal-type , « l’aventurier » serait plutôt de gauche, et « le soldat » plutôt de droite ; l’un explore le changement, ne craint pas le désordre, doute avec ironie - l’autre obéit à l’ordre, aux commandements, à Dieu et à la patrie, avec sérieux et sens du sacré.

Las ! Ce serait trop facile…

Tout bouge et, si les tempéraments demeurent, ils ne votent plus comme avant. Emmanuel Todd notait la persistance de comportements régionaux dans les cartes de votes en France. Il l’explique par la structure familiale : « La famille souche, autoritaire et inégalitaire, est le support anthropologique idéal de la Contre-Révolution. L’autorité du père nourrit celle du roi et du noble.» Mais, selon la carte publiée après les toutes dernières élections présidentielles, c’est cette France-là qui vote désormais à gauche…

Pire, “la gauche française”, n’est-elle pas aujourd’hui réduite à l’Illusion et au Moralisme, ces justifications d’impuissants ? Elle l’a abondamment montré lors de la dernière campagne. Le débat remonte à Platon et Aristote. Le premier croit que tout est inné, figé, reflet terrestre d’un Souverain Bien ; le second suggère que nos idées viennent plutôt de l’expérience pratique que nous acquérons du monde. Idéalisme de Platon l’aristocrate contre Réalisme d’Aristote le plébéien, Croyants contre Matérialistes, Moralistes contre Pragmatiques : point besoin de décortiquer les diverses sectes qui pullulent à gauche, tous ceux qui dénient la réalité des choses et croient dans une essence de l’homme idéale apparaissent (aujourd’hui, en France) “à gauche”. Baillerou inclu, même s’il n’a pas l’air de le savoir.

Oh, certes, il y a des illusionnistes et des manipulateurs-de-grands-sentiments à droite mais, et c’est là où c’est drôle : ils n’y croient pas eux-mêmes. La réalité retrouve très vite ses droits et c’est probablement plus sain. La méfiance légitime du citoyen contre les pouvoirs reste personnelle sous la droite, mais plus difficile sous la gauche (actuelle, française), tant celle-ci vous force au moralement-socialement-écologiquement-politiquement correct.

Cette distinction entre Moralistes et Pragmatiques n’a rien à voir, vous l’avez peut-être lu dans ce blog, avec le légitime souci des hommes, le juste gouvernement de la société et les aménagements pour rendre meilleure la vie du plus grand nombre. Je ne parle pas de bonheur, je parle d’épanouissement.

Le libéralisme (l’originel, celui qui vient de la France 18ème, pas cette illusion construite, ce Diable épouvantail de la gauche) est historiquement :
pragmatique : féru de calcul et de rationalité bénéficiaire puisque soucieux du commerce qui rapporte - il regarde ce qui est,
négociateur : puisque né avec l’essor du commerce - il discute avec tout le monde.
explorateur : puisque né avec les grandes découvertes… liées au commerce - il va voir ailleurs si l’on peut adapter ce qui est mieux.

Voilà ce qu’est l’“idéologie” du libéralisme – car il en est une (mais pas “le capitalisme” qui est un outil d’efficacité économique). La droite française actuelle n’est pas « libérale », je l’ai montré , donc les sempiternelles « craintes », « dangers », « dérives » et autres « dénonciations préalables » de la gauche ne sont là encore que constructions fantasmatiques, réactions de démons aspergés d’eau bénite…

Raison contre fanatisme, liberté contre oppression, révolte contre aliénation, savoir contre ignorance ont marqué l’idéologie de “la gauche” française selon l’historien Maurice Agulhon. Et comme tout cela est bon lorsque la gauche est portée par sa jeunesse ! Les baby-boomers qui ont fait irruption sur la scène en 1968 ont fait gagner la gauche pour une génération (2×7 ans de Mitterrand + 5 ans de Jospin). Mais aujourd’hui ? Ils sont vieux, rassis, confits en privilèges et Zacquis ; ils n’aspirent plus qu’à la retraite, à la campagne, au soleil déclinant de leurs idéaux trop anciens :

Vous avez dit raison ? La gauche (actuelle, française) “croit” plutôt que constater, elle dénie et naïvement s’illusionne (Jospin à propos des banlieues, position jamais remise en cause sauf du bout des lèvres). La crispation est à gauche, le défensif, le maintien du « modèle » (idéal ?), la conservation de ce qui est.

Dites-vous liberté ? La gauche (actuelle, française) “espère” plutôt qu’elle n’agit. Elle reste velléitaire, sans programme autre qu’un catalogue catégoriel, sans souffle ni esprit, ressassant inlassablement les vieux clichés (qui servent d’analyses) et cherchant désespérément les boucs émissaires nécessaires pour se garder bonne conscience. La gauche conforte l’existant, elle « subit » le changement, elle « résiste » sans autre projet que l’inertie à tout ce qui explose alentour : la globalisation, la marche européenne, la pression américaine, le poids chinois, la transition vers une société de services…

Evoquez-vous la révolte ? Elle reste dans les mots, tournant en rond et rejetant sur « les autres » la faute. La gauche (actuelle, française) “se réfère”, elle ne produit rien elle-même. Référence/révérence à l’au-delà, qu’il soit celui des Idées platoniciennes, du Paradis des religions du Livre,de l’Histoire qui avance comme une “Natûr” providentielle contre laquelle nul ne peut rien, ou encore de la nécessaire conscience écologique qui va « obliger inévitablement », comme un destin. Cette conscience que nous appartenons comme les autres être vivant à la même terre est une belle et bonne chose, mais se vautrer dans l’apocalyptique pour se venger du monde qui va sans vous est une attitude négative – et elle est plus celle de la gauche que de la droite (aujourd’hui, en France).

Oui, je dis bien « aujourd’hui » et « en France » - ni hier, ni ailleurs.

La gauche se réfugie dans les notations et pointe les écarts à la Référence (l’Idéal, le Livre-où-tout-est-expliqué, la Morale Universelle, la Nature).
La gauche « craint » sans cesse, puisque le monde bouge et que « l’Universel » est contesté – la Chine, l’Inde, le Brésil (et le Venezuela de M. Chavez), les pays islamiques, considèrent que cet « universel » n’est que le paravent de la puissance occidentale, en bref une idéologie comme une autre, et pas plus légitime.

Précisons que :
• la gauche n’était pas ainsi, en France, jadis, comme l’a montré Monique Canto-Sperber ;
• que les autres gauches européennes sont moins idéologues et plus soucieuses d’efficacité sociale pragmatique ;
• qu’il y a des idées utiles dans la gauche française d’aujourd’hui, malheureusement cachées par l’histrionisme médiatique des ego en mal de candidature.

Tout n’est donc pas perdu, à condition que la pensée-de-gauche se débloque de la fameuse moraline. Car tout « débat » sur, par exemple, la sélection à l’université dérive aujourd’hui aussitôt sur l’apprentissage à 14 ans puis, comme argument atomique de la “Morââll” en Surmoi inhibiteur : au « travail des enfants dans les mines » - un repoussoir, évidemment ! Dans le réel, il ne s’agit pas de cela, mais simplement de l’université - après 18 ans, et après le bac.

Comment voulez-vous ouvrir un quelconque « débat » avec ceux qui ont l’impression d’être engagés sans merci dans une « guerre sainte » pour « les Valeurs » ? Toute « négociation » ne peut qu’être exclue dans ce monde idéal du Bien en noir et blanc. L’aveuglement croyant bloque toute volonté de discuter des modalités pourtant nécessaires à éviter l’échec social de tant d’étudiants recalés par naïveté. Car laisser les choses en l’état conforte le système de reproduction sociale… sans « le vouloir », sans doute, comme tous les Croyants qui ne cessent de paver l’enfer de leurs « bonnes » intentions !

Je caricature « la gauche » (française et d’aujourd’hui) ? Souhaitons-le. Mais comment faire comprendre sans forcer le trait ? Ces comportements régressifs de Cléricaux catastrophés, plus experts en ratiocination sur les Grrrrands Prrrrincîp que bâtisseurs de projets concrets, compréhensibles et efficaces, ne sont-ils pas ceux de la majorité qui se dit « de gauche », aujourd’hui, en France ?

Mais peut-être ne sont-ils pas les vôtres, chers lectrices et lecteurs – n’est-ce pas ?

Merci à Michelangelo Merisi, dit « Le Caravage », peintre « scandaleux » et initiateur du clair-obscur, d’avoir illustré cette page.


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