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Laverda, une moto de cocu

Publié le 18 avril 2024 par Alexcessif
Laverda, moto cocu
Laverda, moto cocu

Fiction, bien sûr 

1972 

Mon pote Patrick déboule à la maison sur une splendide bécane orange D.D.E. 

Avec Patrick on devait détenir le record Villeneuve/Lot—Agen, lui sur sa Yas 3 et moi avec la DS7. J’avais la supériorité cubique avec le double de cylindrée que sa 125 mais l’handicap d’un sac de sable sur la selle. Il me prenait aux freins ce que je gagnais à l’accél ’. 

Ce jour là mon Patounet me glisse dans la pogne la clé de sa bécane 

— Éssaie-moi ça! 

Ça, c’est une 750 SF trois pattes.

Et me voilà comme une guenille les mains/pinces à linge accrochées au guidon, le reste du corps flottant au vent de la course. Orgamisque au niveau du bide. Pas besoin de finasser avec la boite, ça part de partout! En bas, en haut, d’ailleurs l’embrayage était si raide que j’y réfléchissais à deux fois avant chaque passage de vitesse. J’ai enquillé l’autoroute sans m’en apercevoir puis, à portée d’Arcachon, je me suis dis que le temps relatif n’était pas vécu avec la même sérénité que mon pote qui attendait sur le trottoir depuis une plombe. Je suis donc sorti à Marcheprime pour effectuer un demi tour sur une départementale avec cette enclume. Très haute sur pattes et surtout, avec un centre de gravité au niveau du réservoir, j’ai compris le sens de l’expression lue sur M.J « maniable comme un porte-avions » 

Bref, je tremblais sur mes petites jambes comme un Chihuahua aprés la saillie avec une femelle Doberman en lui restituant son italienne. 

Sacré Patrick, sacrée bécane! 

Félon à la cause de nos choix et sa corruptrice. Quand une bécane de 220 Kgs cause celle de 145 écoute!

Sa grosse voix rock (?!) ses performances, sa corpulence, c’était du sérieux comparé à nos brélons asthmatiques

Dans la guéguerre que nous menions, deux-tempistes contre quatre temps et Japonaises contre européennes, cette machine nous avait converti. J’ai viré mon deux t’empeste contre une quatre pots et nous avons continué nos grand prix des pâtés de maison sur les routes du Lot & Garonne, lui avec son enclume et moi avec mon sauçisson, c’est juste que les virages nous arrivaient dans la gueule un peu plus vite.

Un peu plus tard dans la vie, j’avais oublié un truc en partant au taf et je revenais à la maison que je venais de quitter où mon — nôtre?! —Patrick, tenait compagnie à ma compagne de l’époque. 

Non? 

Si! 

Je les ai trouvé dans une position sans équivoque. In petto je formais l’image du mec qui me refilait les clés de sa bécane quelques mois plus tôt comme on lâche une pièce au petit frère — va t’acheter des bonbons!— pendant que …

Laverda, une moto de cocu!

P.S voilà une petite anecdote que la lecture du n° 62 de Youngtimers Moto me renvoie dans l’univers d’avant. Moi tu me connais: je connecte des trucs qui n’ont rien à faire ensemble. Ma check list du dernier jour de ma décennie? 

Demain j’accroche les 70 balais, tiens le Youngtimers est arrivé, tiens l’essai d’une Laverda, tiens, je me souviens que le comte Massimo Laverda a convié un journaliste à dîner chez lui après la visite de l’usine. Ce journaliste sera mon ami dans quarante ans

Par ailleurs et par inadvertance, il est assez tentant d’imaginer que la SF de Patrick sortait de cette usine un peu plus tôt pendant que Pat entrait dans ma femme un peu plus tard 

S.F comme Science Fiction


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