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La gloire de mon père

Publié le 22 mai 2024 par Alexcessif

gloire père

Aubagne - Chez Pagnol 

Paris/Aubagne-

LeCastellet/Nimes/Toulouse/Montcuq-en-Quercy/Paris 

4 Doliprane, du SP98, un sandwich, une pizza, deux bananes, de l’eau. Beaucoup d’eau!

Le pire? 

Être roux? Un date manqué avec...? Pas de Wifi? Un tour en décapotable sous la pluie?

Presque! 

Plus que 400 bornes à moto pour rentrer à Paris entre les orages. Hier, j’avais mis fin à la punition, trempé, après vingt minutes entre Carcassonne et Port Lauragais et, tout à l’heure, j’ai attendu que la pluie cesse quelques kilomètres avant Limoges.

Même pas mal! J’ai vu Tom Cruise sur sa Kawa sans casque, Ray Ban, blouson ouvert à fond dans le désert du Nevada et dans Top Gun. 

gloire pèreAu dîner d’anniv de Greg, j’ai su que l’on pouvait rouler dans un cabriolet Triumph sous la pluie grâce à Laurent et son pare brise magique. Avec la vitesse une bulle d’air protectrice forme un halo comme l’atmosphère terrestre. Ainsi que des météorites et selon l’angle d’attaque, les gouttes rebondissent sur le bouclier. Si elles pénètrent, le frottement dû à la vitesse vaporise l’eau et pffff pas d’impacts. C’est la suspension volontaire de l’incrédulité. 

Au ciné, comme lors d’un dîner, si le narrateur te prends pour un con, mieux vaut acquiescer sinon Laurent, qui reste mon ami, va me proposer un tour sous la pluie dans son magnifique Spitfire bleu sur les routes du Perche.

N’empêche ça fonctionne. Le nez dans la bulle, le buste sur le réservoir, les pieds serrés contre les carters, les genoux contre les culasses, il suffit de lever légèrement la tête pour éliminer les gouttes sur la visière du casque par les turbulences de la bulle aérodynamique. 

Je suis dans un halo rigolo qui se gausse des embruns. Je suis invulnérable. Puis, l’air et l’eau agissent comme un Karcher et l’humidité progresse. Les genoux, les pieds, les épaules et la tête alouette…

Une heure que ça dure, je n’y vois goutte entre les gouttes, le trafic des camions a repris en cette fin de weekend de la Pentecôte. Il faut viser au loin pour s’éviter toute cette flotte soulevée par la masse des bahuts, se décaler sur la file de gauche avant d’entrer dans cette brume avec deux points rouge au milieu puis accélérer franchement. 

C’est assez esthétique. 

L’écran du casque ressemble au poste de pilotage du Millénium Falcon quand Hans Solo passe en vitesse lumière. Les gouttes s’étirent en petit ruisseau du centre vers l’extérieur. Un peu d’humidité s’immisce à la jointure de la visière éclabousse mon visage et la flotte « du dehors » se dissipe comme une porte qui s’ouvre. 

Bon, j’en ai un peu marre. 

Au début je me suis régalé de ce spectacle de fin du monde avec cette brume bien sombre sur les monts d’Ambazac. Elle était bien calée entre deux camaïeux bleu/jaune et faisait la liaison avec les sapins. 

Grâce à elle, le ciel et la terre communiquaient. 

C’était bô! 

Le soleil était bien à sa place entre deux trajectoires nuageuses mais moi je suis dans la sauce. Les vêtements n’ont pas résisté longtemps. C’est un peu l’intégrité qui concède au réalisme. Un larme au début puis un peu plus, jusqu’à être mouillé jusqu’au cou. Avec pas mal de déni puis le constat. Le confort d’un peu de chaleur préservée sur la paume des mains grâce aux poignées chauffantes suffisait à nourrir mon… enthousiasme. Surtout la droite car la gauche est régulièrement sollicitée pour servir d’essuie glace.  

C’est suffisant! Comme l’espoir. 

Désormais trempé, je ressens la pluie à chaque impact malgré le cuir du blouson et la sur-veste « imperméable ». Alexandre/Honda 500, lors de notre échange à la station, partant en Espagne, m’avait informé sur la météo, là haut, vers le nord qui l’avait douché malgré sa magnifique tenue pluie Revitt. Toutes mes rencontres avec la pluie à moto s’étaient souvent soldées par la victoire finale de la flotte. Insidieuse au début, ce n’était qu’une question de temps. Parfois la résistance permettait de sauter un cycle avant qu’elle ne revienne. Toutes ressemblances avec les emmerdements ne serait que métaphorique.

Pour quémander un peu de répit, j’allais invoquer le diable à coup de messe noire et de sacrifice virginal mais va trouver une vierge sur l’A 20 entre Limoges et Châteauroux à 20.37 h. 

L’idée suffit! 

J’ai un super pouvoir! 

La pluie, qui était apparue graduellement, vient de cesser instantanément 

Plus une goutte, le bitume est encore humide mais deux sillons labourés par les bagnoles ont asséché le macadam. Je me redresse, ravi et j’ai pu faire sécher le linge. A Orléans, lors du dernier ravitaillement, chaussures exceptées j’étais presque sec. Gelé, grelottant mais sec. Juste une chute à l’arrêt à cause de crampes qui m’ont empêché de tenir la moto dans sa verticalité. Ma jambe s’est dérobée, la moto s’est posée délicatement sur le crash bar. J’ai mis quelques minutes à comprendre la situation avant de la remettre sur ses roues et moi sur mes pattes à moins que ce ne soit l’inverse

Les dernières bornes avaient toute la magie des routes de nuit à moto quand la visibilité est au rendez-vous.

Bien sûr, j’ai eu froid tout le temps et j’ai les pneus carrés d’avoir bouffé tant d’autoroute mais rien ne pourra me faire oublier la montagne Sainte Victoire, Aubagne, Cuges les Pins, la Sainte Beaume et le Castellet. 

Presque 20 degré entre Moissac et Montcuq et les virolos entre le Tarn et le Lot. 

Et cet instant Soulages vers Rambouillet sans autres usagers quelques secondes, posé entre le ruban noir exempt de marquage au sol et le ciel d’encre. 

A Villejuif, j’aperçus des éclairs et le ciel m’est tombé sur la tête dès la Porte d’Orléans pour la troisième fois du weekend. 

C’eût été con que le héros rentre sec au camp de base

gloire père
..........................................................A suivre 

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