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Du bon usage de la République

Publié le 23 août 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Samedi, 23 Août 2008 14:02

Il est des éditoriaux qui méritent le plus d'audience possible...Celui d'Olivier Picard dans les Dernières Nouvelles d'Alsace d'aujourd'hui est de ceux-là.  N'hésitez pas à laisser un message si vous n'êtes pas d'accord... Ce qu'Olivier écrit est précisément la raison qui nous a fait... ne rien faire sur cette rencontre qui est un non-événement. Sur ce terrain des usages démocratiques, la France constitue une "exception" en Europe.Heureusement pour les autres pays...DR

Du bon usage de la République(photo Afp)

« Première dame ? » Quelle « première dame » ?

Par Olivier Picard

Si on peut admettre le souci du président de la République de ne pas jeter de l'huile sur le feu avec la Chine pendant les JO, sa décision de déléguer son épouse, Carla Bruni, à la cérémonie présidée par le dalaï-lama, n'a pas de sens. Sage et indulgent, le prix Nobel de la paix a sans nul doute apprécié la présence et la méditation de cette artiste talentueuse, intelligente et libre, mais cette participation, inévitablement médiatique, ne pourra aucunement compenser l'affront fait par la France officielle à un personnage dont le rayonnement planétaire dépasse largement son statut de chef des Tibétains en exil.


Le déshonneur du président du Sénat, Christian Poncelet, absent pour l'accueillir au Palais du Luxembourg et qui lui a même fermé les portes des salle dignes de son rang, les atermoiements du ministre des Affaires étrangères, qui a laborieusement réussi à libérer un peu de son temps précieux pour venir le saluer, et le trop long silence de Rama Yade, n'ont pas grandi « le pays des droits de l'homme ».
Carla Bruni a incontestablement de nombreuses qualités sur lesquelles les éditorialistes n'ont pas à écrire pour une raison simple : elle ne représente rien d'autre qu'elle même. C'est une personnalité publique, certes, mais qui n'a rien à voir avec l'Etat. Elle n'a ni mandat, ni fonction, ni rôle officiel, dévolu démocratiquement par le peuple français ! Ni aucun droit, pas même celui de régenter les fleurs, les tables, les cuisines ou les rideaux de l'Elysée. Nous sommes en République. En Ré-pu-blique. Autrement dit, il n'y a pas de présidente. Et pas davantage de « première dame ».
Première dame de quoi d'ailleurs ? Première dame de qui ? Il faut arrêter de bêtifier avec ce concept inepte qui renvoie à une légitimité imaginaire. Que la presse s'intéresse à son bibi d'hôtesse d'Air France quand elle fait la révérence à la reine d'Angleterre si ça l'amuse, mais qu'elle n'évoque pas les « devoirs » de Carla Bruni. Pas plus que de droits, elle n'en a aucun. Si elle veut faire bénéficier de sa notoriété personnelle des causes justes, comme le fait Bernadette Chirac avec les pièces jaunes et les enfants malades, bravo. Mais on ne lui demande rien d'autre que d'être une citoyenne comme les autres. Ni plus, ni moins.
Une épouse particulière alors ? Mais le mariage à la française a évolué lui aussi. Quarante ans de féminisme et de conquêtes législatives ont heureusement libéré les femmes. Non seulement, elle ne doivent plus obéissance à celui qui n'est plus, juridiquement, le chef de la famille depuis 1970, mais elles n'ont plus à se définir par rapport à lui... même quand il est le Président !

Ce n'est pas pour qu'en 2008, l'épouse du chef de l'Etat joue, avec application et empressement, les doublures de celui qu'elle appelle respectueusement « mon mari ».

Olivier Picard


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