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Culture Street

Publié le 03 juillet 2008 par Castor
Venus de tout le grand Ouest, les B Boys s’affrontent ce dernier samedi de juin dans une joute sympathique sous un soleil de plomb.
Le festival qui a quelque peu réduit la voilure pour la partie concert pour cette édition, reste un rendez-vous incontournable de la culture hip-hop sur l’ouest.
Sur le skate park, les planches claquent, les figures s’enchaînent et l’on ose des figures périlleuses qui sont parfois l’occasion de belles gamelles.

Certains vident des bombes de peinture, l’air concentré, sur des voitures (prévues à cet effet) et des panneaux sous le regard attentif de connaisseurs qui opinent de la tête pour signifier leur approbation éclairée. Sur les façades se dessinent progressivement de belles formes colorées, des personnages fun.
Ensuite, l’après-midi est aussi l’occasion de participer ou assister à un battle de breakdance. Sur une piste aménagée sur le bitume, les danseurs se défient par équipe de trois. Venus de Saint-Brieuc, d’Angers, de Rennes et des grandes villes de l’ouest, les crews se sont choisies des pseudos plein de mystère (Improviste, Impulsion, Team Rocket, …). On devine les heures d’entraînement avant d’arriver à cette maîtrise parfaite des gestes, à cette décontraction toute étudiée. Un très beau spectacle ouvert à tous et qui permet, ainsi, de démocratiser cette discipline en la sortant dans la rue et donne tout son sens à cette manifestation « Culture Street ».
Ils tournent, virevoltent, se redressent, sautent, se retournent, se ramassent, lèvent la jambe, surfent, font des vagues. Les figures acrobatiques s’enchaînent et on se croirait dans le New-York des années 70 où le mouvement fut créé sous l’impulsion, entre autres, d’ Afrika_Bambaataa et de la Zulu Nation.
D’autant que le son est assuré par Funky Philly Phil qui a la grande intelligence de proposer des sons tous droit sortis des films de blaxploitation, genre cinématographique des années 1970 et phénomène miroir du mouvement politique afro-américain : le Mouvement pour les droits civiques, le parti des Black Panthers....
C’est le réalisateur Melvin van Peebles qui, en 1971, avec son mythique Sweet Sweetback’s Baadasssss Song, lance l’idée d’un cinéma 100% black, produit, écrit, réalisé et joué par la communauté afro-américaine, pour lutter contre l’exclusion des noirs du cinéma populaire américain.
Rapidement, la Blaxploitation se crée ses propres lois. Le public se découvre de nouveaux héros : Shaft, Superfly, Foxy Brown, Cleopatra Jones… Courses poursuites, cavales et affrontements avec les forces de l’ordre, ce nouveau genre fait apparaître la figure héroïque du justicier noir qui s’oppose aux violences raciales. Si le sentiment d’exclusion et de révolte s’empare de la communauté noire américaine dans ces années-là, c’est notamment au travers du cinéma que la parole se vulgarise.
Phénomène d’une singulière brièveté (quatre années seulement : la Blaxploitation disparaît en 1975), elle n’en a pas moins laissé des influences majeures. Véritables foyers d’inspiration, les bandes-sons des films (composées par Curtis Mayfield, Bobby Womack ou encore Marvin Gaye) recèlent des richesses incroyables : funk, soul et même disco, la musique de la Blaxploitation marquera l’inconscient collectif.
Malgré sa courte existence, la Blaxploitation va néanmoins avoir une influence considérable, tant sur le mouvement hip-hop que sur le cinéma de réalisateurs comme Spike Lee ou encore Quentin Tarantino...

L'oeil du Cyclone - Blaxpoitation
envoyé par Reghy
Chaque morceau passé pour accompagner en rythme les breakdancers est une véritable trouvaille exhumée du grenier aux trésors vinyliques.
Et, ces sons sont, à mon goût, nettement plus excitant que la production standard et industrielle du hip-hop actuel.
Seul regret de cette belle journée consacrée à la culture hip-hop : pourquoi ne pas avoir fait une place au slam, devenu un phénomène mondial ?
Le principe d'une session slam est très simple: il suffit de s'inscrire, monter sur scène, raconter, lire, scander avec ou sans ses feuilles et surtout sans musique, son texte ou celui d'un autre. Durant cinq minutes maximum on est libre de s'exprimer sous la forme et le thème de son choix. Une fois qu'on a fini un verre est offert.
Pouvoir prendre la parole en public est rare, et génère la bonne adrénaline.
Pourquoi pas un concours de slam pour l’édition 2009 ?
Un bon livre pour prolonger l'univers "Culture Street" est Triksta de Nik Cohn.

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