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Afghanistan : à quoi sert la stratégie militaire ?

Publié le 25 août 2008 par Christophe Laurent

Afghanistan : à quoi sert la stratégie militaire ?Alors que le Web tousse du gloussement présidentiel, dont on pardonnera ici l'expression au motif que ce petit rire sarcastique bien que déplacé dans les circonstances n'est que la manifestation de la tension extrême dans laquelle le Chef de l'Etat et Chef des Armées s'est trouvé face aux cercueils, le Blog Citoyen choisit quant à lui de mettre en débat la question fondamentale de la présence de l'Armée française sur le territoire Afghan. En effet, la mémoire de ces jeunes soldats mérite mieux qu'une polémique stérile. Et si d'aventure Nicolas Sarkozy a pour de bon ricaner, laissons le soin aux spécialistes du comportement humain d'interpréter cela et de donner le sens à ces mots relevant du lapsus et reconnaissons ici n'avoir aucune compétence particulière pour déterminer de quoi il puisse être le révélateur. Nous constaterons tout simplement que ce n'est pas la première fois que la phraséologie présidentielle serait passée au crible, mais il doit certainement y avoir des motifs à cela.

Comme le dit à propos l'un des innombrables commentateurs de l'article « Embuscade: "Un minimum d'incompétence de la part de la victime désignée..." » du Blog Secret Défense tenu par Jean-Dominique Merchet, journaliste à Libération : « tout le monde semble choqué d'apprendre que la guerre tue des hommes qui ont choisi le métier des armes. Je ne suis pas un "va-t-en guerre", bien au contraire, je suis un soldat conscient des risques de mon métier, et j'ai une profonde estime pour la paix et pour ceux qui œuvrent dans son sens. Il est toujours très facile de " prédire le passé". Seuls les acteurs de cet accrochage savent ce qu'il s'est passé sur le terrain. Et même la meilleure " préparation mission" ne met pas à l'abri de l'imprévu. La guerre est imprévisible, dure et mortelle » ; on notera qu'il s'agit d'un soldat de métier qui écrit cela.

Il est étrange ou significatif que la résurgence à la une de l'actualité de cette cruelle vérité conduise à une véritable dichotomie politique de l'opinion française. De ce point de vue, le sondage fait par le CSA au profit du Parisien en date du 20 août 2008 est démonstratif puisque d'un côté 81% des sympathisants de gauche ne font pas confiance à Nicolas Sarkozy concernant le dossier Afghan (contre 31% qui lui font confiance) et d'un autre côté, 61% des sympathisants de droite font confiance au Chef de l'Etat (contre 14% qui ne lui font pas confiance). C'est pourquoi, l'annotation habituelle « en raison de la faiblesse des effectifs, les résultats sont à interpréter avec prudence » mise en minuscule a de quoi faire sourire. Bien sûr, aujourd'hui d'aucuns demandent des « explications claires » avec la force et avec le courage de ceux prédisent le passé tandis que d'autres nous vendent vantent l'héroïsme et la bravoure de nos soldats luttant pour la liberté et les valeurs démocratiques.

On oublie que cette guerre dont le motif pour légitime qu'il fut à l'origine [renverser le régime des talibans et traquer des terroristes] aboutit aujourd'hui d'une part à renforcer ces mêmes talibans [nous n'oublierons de pas rappeler que les Américains qui ont lancé cette guerre sont eux-mêmes à l'origine des talibans. Mais à l'époque, il s'agissait de déstabiliser les communistes soviétiques ...], à mettre des enfants dans la spirale de la guerre, et alors que sous le régime des talibans la production d'opium avait quasiment disparue, l'Afghanistan est devenu l'un des premiers producteurs au monde d'opiacés[i] pour alimenter le marché de la drogue des pays occidentaux, et cela sans même évoquer le moindre bilan en terme de lutte armée contre le terrorisme. A juste titre, les médias français ont rappelé que jamais une armée régulière n'avait pu venir à bout d'une guérilla. Et ces derniers temps, l'intervention des forces de l'Otan est plutôt décriée que saluée par la population civile victime des bombardements de l'Otan. Et les excuses de G.W. Bush n'y feront rien.

La vraie question donc en débat, celle que les parlementaires devront débattre, est celle de savoir si l'Armée française doit restée sur place dans ces conditions ; alors que jusqu'à présent la communication sur ces questions hyper sensibles étaient réglées comme du papier à musique on a entendu Bernard Kouchner affirmait que « la stratégie militaire indispensable dans un premier temps ne suffira pas » sans avoir conscience que d'aucuns y verront un argument pour demander à quoi elle sert donc cette stratégie militaire, si jamais elle existe !


[i] La situation était telle qu'en 2007, le Guardian s'interrogeait sur la stratégie à adopter « Eradication or legalisation? How to solve Afghanistan's opium crisis » -  A ce sujet, on pourra aussi consulter le site www.geopium.org tenu par Pierre-Arnaud Chouvy, docteur en géographie et chargé de recherche au CNRS


SARKOZY RICANE EN RENDANT HOMMAGES AUX SOLDATS MORTS
par psy_ko_mat

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