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La culture de la banane en Guadeloupe est un véritable scandale !

Publié le 25 août 2008 par Pitoune

Dimanche 24 août 2008 je regarde la télévision et je tombe sur l'émission "Vu du ciel" présenté par Yann Arthus-Bertrand. Le titre du reportage est "6 milliards d'hommes à nourrir". Très intéressant mais terrible en même temps. Plusieurs sujet sont abordés mais j'ai envie de vous parler de la culture de banane en Guadeloupe. Je trouve horrible les dégâts du chlordécone ! En 1976, la fabrication du chlordécone est interdite aux Etats-Unis, du fait de sa dangerosité tant au niveau humain qu’environnemental. Malheureusement, il sera autorisé de l'utiliser dans les Antilles.

Petite rappel historique A l’issue de la seconde guerre mondiale, dans une ambiance de pénurie alimentaire et de fort retard dans ses techniques et ses rendements agricoles, la France va promouvoir un modèle d’agriculture productiviste, intensive, gourmande en produits phytosanitaires issus de l’industrie chimique, et fortement mécanisée, afin d’assurer son autosuffisance. Existant depuis les années 1930, la culture de la banane aux Antilles va être développée, intensifiée et encouragée par le pouvoir politique. Elle deviendra exportatrice à la fin des années 1950. Aujourd’hui, cette activité est essentielle à l’économie locale, indispensable pour le maintien d’une activité économique et de l’emploi. Le cout de revient de la banane antillaise est presque deux fois plus élevé que celui des bananes produites en Amérique centrale (cout de la main d’œuvre moindre, taille supérieure des exploitations favorisant une hyper-mécanisation, climat et terres plus propices, ...) ; aussi la banane antillaise est-elle devenue au fil des années une activité fortement subventionnée, mais tel est le prix pour conserver un tissu économique et social dans ces îles. La banane est un produit fragile à cultiver et victime de nombreux ravageurs, d’où l’utilisation intensive de traitements phytosanitaires appliqués au sol ou par largage aérien. Elle nécessite en moyenne 5 à 6 traitements par an. C’est une culture pratiquée essentiellement sans rotation, ce qui explique que les sols soient intensément pollués par plusieurs polluants qui ont été utilisés successivement dans le temps. Selon F. Nicolino et F. Veillerette , les modes de culture de la banane sont à ce point intensifs et agressifs aux Antilles, qu’il faut laisser la terre se reposer tous les 5 à 7 ans. Une autre plante nécessitant moins d’entretien est plantée pendant cette période, ou bien les planteurs laissent ces terrains à disposition de leurs ouvriers pour leurs cultures familiales. Une estimation de 1997 évoque une moyenne de 70 kg de pesticides déversés par an et par hectare en Martinique !

L’utilisation massive de produits phytosanitaires pour la culture de la banane n’est donc pas un phénomène récent : Au début des années 1950, on a recours au beta-HCH (insecticide), à la fin des années 1950 on utilisera des insecticides à base d’aldrine et de dieldrine, qui seront abandonnés au bout de cinq à six ans d’utilisation par suite d’accoutumance des insectes aux produits. Dans les années 1960 à 1972, on va disperser du lindane et du HCH, de 1972 à 1993 on va utiliser massivement du chlordécone (insecticide) sous les appellations commerciales de Képone et Curlone ; Des années 1960 à juillet 2007, on va répandre du Paraquat, herbicide. Le Mirex, anti-fourmi, sera utilisé à la Guadeloupe tant dans les exploitations agricoles que dans les jardins privés ; or le Mirex se dégrade en chlordécone ...

Le chlordécone C’est un insecticide organochloré de la même famille que le DDT et le lindane, qui a été utilisé jusqu’en 1993 pour lutter contre le charançon du bananier. C’est une substance très stable, se dégradant difficilement, synthétisée en 1952 et commercialisée en 1966 sous le nom de Képone. Elle a entre autres propriétés intéressantes, celles d’être peu soluble dans l’eau, peu volatile, d’être thermiquement stable (il faut atteindre des températures supérieures à 450-500°C pour la dégrader), de s’associer volontiers à la matière organique des sols et sédiments, ce qui constitue des puits de chlordécone contaminant les eaux et l’atmosphère. Le problème de rétention du chlordécone dans les sols antillais est favorisé par le climat tropical, chaud et humide : la présence d’eau facilite la liaison du chlordécone avec les matières organiques, la température modifie les qualités de solubilité du pesticide. En résumé, toutes les conditions sont réunies pour que le chlordécone s’implante durablement dans l’environnement local. En 1976, la fabrication du chlordécone est interdite aux Etats-Unis, du fait de sa dangerosité tant au niveau humain qu’environnemental ... mais paradoxalement les autorisations de vente et d’utilisation de ce produit seront renouvelées aux Antilles entre 1981 et 1993, et ce, malgré le degré de toxicité et le caractère de persistance désormais connus du produit. Pour la population, il y a risque majeur de contact par voie alimentaire ; pour les travailleurs des bananeraies, il faut ajouter les expositions par voie aérienne et cutanée (produits manipulés sans réelle protection, et surtout largages de traitements par avion alors que les ouvriers travaillent sur les plantations !). Quelle est la nature de ces risques pour la santé humaine ? En fait il n’existe que très peu de données connues chez l’homme, hormis des effets neurologiques, des signes d’hépato-toxicité, une atteinte de la spermatogénèse (cause une baisse de fertilité masculine). Il est tout de même classé cancérogène possible chez l’homme en 1979. Sur des animaux de laboratoire on a en outre relevé des atteintes rénales. Pour le reste, des études sont en cours, comme nous le verrons plus tard ...

Source et date de l'article NaturaVox 17.10.07


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