Merci Pékin... Retour sur terre

Adieu Pékin, rebonjour Paris... Et voilà, les Jeux olympiques sont terminés. Retour à la routine, retour à l'ordinaire... retour sur terre.

Vous l'aurez compris en lisant ce blog depuis trois semaines, j'ai adoré ce périple asiatique. Comme à Athènes, ces Jeux ont offert au sport une dimension unique. Aucun autre événement sportif ne peut rivaliser. Ces saletés de médias nous avaient promis l'enfer, de la pollution, des militaires partout, un encadrement pour chacun de nos mouvements... Il n'en fut rien.

Au niveau de l'organisation, ce fut absolument nickel. La quantité des bénévoles a largement compensé leur manque d'efficacité (je confirme mon impression de Hongkong à savoir que 40 bénévoles chinois équivalent en efficacité à 2 bénévoles allemands). Ou plutôt leur manque d'initiative.  En gros, quand il s'agit de prendre une décision ou bien de s'adapter à une nouvelle situation qui n'a pas forcément été anticipée, ça devient vite compliqué. On a un peu l'impression qu'on leur a appris à exécuter sans trop réfléchir... Mais bon comme tout est fait avec le sourire, ça passe bien. Et des bénévoles, il y en avait absolument partout ! Toujours prêts à vous aider et à vous guider au moindre début de commencement d'hésitation. Côté sécurité, aucun problème avec un contrôle à la sortie de l'hôtel pour monter dans la navette et ensuite plus rien. Vraiment rien de pesant. Enfin, dernière satisfaction, j'ai enfin trouvé un pays où l'on parle encore plus mal anglais que moi... et ça, c'était pas gagné...

Du côté de l'ambiance, là aussi ce fut top. Au moins dans les enceintes sportives. Les stades étaient la plupart du temps copieusement garnis.  Avec à chaque fois une très bonne ambiance. Je fus surpris de voir à quel point ces ambiances étaient très américanisées avec des pom pom chinoises tout aussi court vêtues et tout aussi remuantes du popotin que le sont des pom pom américaines type NBA ou foot US. On était loin de l'image d'une Chine traditionnelle. Hard rock ou musique à donf dans les sonos des stades aux mi-temps. 

En dehors des stades, j'ai vu des gens heureux d'être là, se prenant en photo sous tous les angles et visiblement très ouverts et modernes. En revanche, selon ce que mes camarades m'ont rapporté (je ne suis pas un noctambule), la vie nocturne pékinoise ne dégageait pas une atmosphère particulièrement festive et olympique. Là-dessus, les Rosbeef devraient en revanche être à la hauteur et surclasser Pékin. Par contre, ils vont devoir être sacrément bons pour construire des sites de la qualité de ceux de Pékin. Le Parc olympique avec évidemment le Nid d'Oiseau et le Water Cube juste à côté... bababa, quelle beauté !
Au total, j'ai pu assister à 11 sports (équitation, foot, basket, hand, hockey, tir, badminton, tennis de table, plongeon, athlétisme, triathlon). Contrairement à Athènes où j'étais revenu professionnellement très frustré n'ayant utilisé qu'une infime partie de tous les sujets que j'avais préparés avant de partir, j'avais cette fois anticipé en y allant les mains dans les poches, sachant que le suivi de mes sports serait de toute façon très limité, concurrence des autres sports oblige. Vu la cata en équitation, j'ai eu bien fait. J'ai donc pu profiter pleinement de ces Jeux. Du travail bien sûr mais la possibilité d'aller suivre à peu près les sports que je voulais puisque nous étions suffisamment nombreux à Pékin (50 au total dont 35 reporters pour le quotidien) pour pouvoir laisser nos stars aller briller sur les disciplines en vogue (perso, je préfère aller me faire plaisir plutôt que briller).
Que retenir d'un point de vue sportif ? Pour commencer, on va partir du principe que : pas chopé, pas dopé...  Sinon on ne s'en sort plus... Donc... au niveau mondial, il y a bien sûr Michael Phelps et Usain Bolt. Deux immenses champions dans les deux sports majeurs du programme olympique. Sur la natation, je me contenterai de mettre en avant les 8 médailles d'or sans insister sur les 7 records du monde. Parce que c'est un peu lassant de voir tous ces nageurs et nageuses améliorer les chronos dès qu'ils se foutent à la flotte. A la longue, ça ne veut plus dire grand-chose. Par contre, remporter huit course, c'est être huit fois le meilleur et ça, ça signifie quelque chose. Idem pour Bolt. Mention très bien également pour Bekele auteur d'un beau doublé 5000-10000 et petits coups de coeur pour la Belge Tia Hellebaut vainqueur du saut en hauteur, et pour les tennismen notamment Nadal et Federer qui ont crédibilisé la présence de leur sport aux Jeux olympiques, tout comme d'ailleurs Messi et Ronaldinho au foot qui sont allés à l'encontre du souhait de leur club pour être présents à Pékin.

Et puis il y a bien sûr la domination chinoise. Comme prévu, ils ont tout explosé. Dans certains sports, cela en devient carrément dangereux pour la discipline. Exemple le tennis de table où les Chinois ont remporté les trois médailles du simple hommes, les trois du simple femmes et les deux titres par équipes. Difficile de s'intéresser au ping dans ces conditions... En bad, ce ne fut pas loin d'être la même chose... Les Chinois s'étaient donné les moyens de réussir, ils ont réussi leur coup (pas convaincu que les méthodes utilisées au cours des dernières années soient particulièrement louables mais bon sans preuves, c'est facile d'accuser...)

Si l'on se réduit à une vision franco-française, deux temps forts avec Alain Bernard sur 100m et la victoire des handballeurs. Bernard dont j'ai suivi le 100m sur une télé dans un magasin de l'aéroport de Hongkong, a réussi à effacer la perdition de Laure Manaudou. Avoir un champion olympique du 100m, la course reine, ça a quand même de la gueule. Et puis lui, contrairement à la plupart de ceux que l'on affichait comme des favoris, a été à la hauteur des espérances placées en lui... Juste dommage qu'il n'ait pas nagé du bon côté de la ligne d'eau sur le relais sinon ses JO auraient été parfaits...
Parfaits comme les handballeurs qui touchent enfin le Graal. Mention très bien aussi pour Julien Absalon qui lui aussi a été à la hauteur. Annoncé comme la grand favori, il a confirmé qu'il était un sacré champion en dominant outrageusement la course VTT. Il y a aussi les médailles dans les "petits sports" comme la belle histoire de la famille Guénot en lutte, celle d'Anne-Caroline Chausson (rebaptisée au bureau "pantoufle"... c'est pas bien subtil je sais mais bon...) dans un BMX qui a fait son entrée aux Jeux olympiques mais qui pourrait aussi être intégré aux Jeux... du cirque (faut bien être moderne et attirer les d'jeuns...). Ces disciplines vont pouvoir profiter quelques temps d'une plus grande notoriété. Mais qu'elles ne se fassent pas trop d'illusions, ce ne sera qu'éphémère et elles retourneront vite dans un anonymat dont elles ne sortiront qu'épisodiquement quand un jour dans une rédaction, un journaliste se dira "tiens mais au fait, que deviens l'autre qui a gagné en lutte à Pékin ? Comment il s'appelle déjà? Ah oui Guénot c'est ça... Tiens on pourrait faire un sujet sur lui pour savoir ce qu'il devient..."

Déceptions personnelles en revanche avec l'équitation et le triathlon mes deux sports de prédilection. Les dadas ont été maudits avec deux blessures des deux dadas leaders. Out Nicolas Touzaint et Jean Teulère avant même le début des épreuves... Pas de bol. Et puis pour le triathlon, là aussi les résultats ne furent pas à la hauteur des espérances. Seule Jessica Harrison, douzième, a finalement été à sa place.

Voilà donc mes impressions globales de ce séjour. Je suis bien conscient que cette vision est très limitée, qu'elle se limite à une période très courte dans un espace très réduit. Je me doute bien aussi qu'au fin fond de la Chine, ce serait autre chose (mais est-ce que le Chinois qui vient visiter Paris aurait la même vision de la France s'il se retrouvait au fin fond de la Corrèze?). Il est aussi évident que tout avait été fait pour nous donner une image très valorisante de la Chine. Pas de pollution avec des usines fermées avant les Jeux (ça va usiner sec dans les jours à venir pour rattraper le retard...) pour nous offrir un ciel bien bleu peu habituel parait-il à Pékin, des rues parfaitement clean etc.
Evidemment, ces Jeux serviront aussi d'outil de propagande, une superbe opération de communication aussi bien en externe vis-à-vis du monde qui a eu une belle image de la Chine, qu'en interne où la razzia de médailles, largement mise en avant par les médias d'état locaux, aura forcément un impact sur le sentiment nationaliste. Mais je suis aussi convaincu que ces Jeux aideront à l'ouverture de la Chine. La jeune génération chinoise témoigne d'un réel esprit d'ouverture. Les choses ne se feront pas immédiatement bien sûr, mais elle se feront. 
Il est donc temps de refermer cet épisode olympique. Probablement le dernier en ce qui me concerne. Londres est dans quatre ans et quelque chose me dit que les mois à venir pourraient me voir considérablement modifier ma trajectoire. A tous les niveaux, beaucoup de questions, mises en suspens jusqu'à ces Jeux, vont devoir trouver une réponse et des mesures radicales pourraient être nécessaires. A suivre... peut-être..