Les conventions démocrate et républicaine sont en principe destinées à afficher l'unité du parti, la fraternité de leurs membres et un moral de vainqueur pour impressionner les électeurs. Mais les démocrates sont loin de démontrer cela cette année à Denver pour cette élection qu'ils ne doivent pas perdre, tant les républicains sont impopulaires après huit années de George W. Bush.
Petite revue de ce qui marche pas comme prévu.
- Les soutiens financiers d'Hillary Clinton, vaincue lors des primaires démocrates, grincent des dents : Les gros contributeurs de la campagne de l'ex-Première Dame ne se sont pas pour l'instant précipités pour financer la campagne de Barack Obama, selon une enquête du New York Times. Certains d'entre eux ne sont pas venus à la Convention de Denver, d'autres partiront avant le discours d'Obama jeudi, d'autres encore se plaignent des mesquineries de la campagne Obama en termes de chambres d'hôtels et d'accréditations. Un certain nombre disent être tenus à l'écart malgré leur volonté de contribuer à l'élection d'Obama, d'autres reprochent au candidat de ne pas faire assez pour aider Hillary Clinton à rembourser ses dettes.
- Première soirée de Convention et déjà des critiques venant... du camp démocrate : Un des conseillers de la campagne de Clinton, James Carville, a reproché l'absence de message. "Et bien si ce parti a un message, il a vraiment tout fait pour le cacher ce soir. On ne sent pas que le parti a un sentiment d'urgence", a-t-il dit sur CNN. Pendant ce temps, le gouverneur de Pennsylvania, Ed Rendell, un ancien partisan de Hillary Clinton, compare Obama à Adlai Stevenson, candidat démocrate malheureux aux élections présidentielles dans les années 1950 et symbole de l'intellectuel de gauche faisant de la politique. Barack Obama "est un peu comme Adlai Stevenson. Vous lui posez une question, et il vous répond en six minutes. C'est une réponse en six minutes très brillante. C'est intelligent, bien tourné, cela prend tout en compte. Mais ce n'est pas une bonne petite phrase." Conclusion: il va nous faire perdre.
- Michelle Obama sur la défensive: C'est vrai que Michelle Obama s'est bien débrouillée pour son discours lundi soir à la Convention, mais elle était clairement en mode défensif, répondant aux attaques des républicains sur sa personnalité. Elle en a fait des tonnes pour prouver qu'elle était une bonne Américaine (pas celle qui dit qu'elle est pour la première fois fière de son pays), qu'elle est une bonne mère et forme une famille simple et adorable avec Barack et ses filles (l'échange entre la plus jeune et son père apparaissant sur un grand écran faisait un peu Ecole des fans de Jacques Martin). Trop en faire devient suspect.
- Bill Clinton fait la tête : L'ex-président a fait savoir avant la Convention qu'il n'était pas content de s'être vu demander de parler de politique étrangère mercredi soir alors qu'il aurait préféré parler des questions économiques et du glorieux bilan de sa président.
- Et puis, les sondages ne sont pas enthousiasmants : Le plus récent sondage Gallup, réalisé après l'annonce par Obama du choix de son colistier Joe Biden, donne un avantage de deux points à John McCain, la première fois depuis qu'Obama a remporté officiellement les primaires démocrates début juin que le candidat républicain prend l'avantage selon ce sondage actualisé régulièrement par l'institut. "C'est officiel: Barack Obama n'a pas bénéficié d'un coup de pouce en raison du choix du sénateur Joe Biden comme colistier", note l'institut de sondage. D'habitude, les candidats sont dopés par cette annonce, mais Obama a attendu seulement quelques jours avant la convention pour annoncer son choix. Les sondages d'ailleurs rendent moroses l'éditorialiste du New York Times pro-Obama, Bob Herbert. Selon lui, la réticence de certains électeurs blancs à voter pour un candidat noir n'est pas pris en compte complètement par les sondages. "Non seulement les sondages montrent que cela va être une élection serrée, mais les sondages, s'agissant du sénateur Obama, ne peuvent pas susciter une totale confiance. Il est fréquent qu'un pourcentage significatif d'électeurs blancs mentent aux sondeurs, ou refusent de dire leur préférence, lors d'élections où un candidat est noir et l'autre est blanc". Après avoir fait son propre calcul, il considère qu'Obama "est à la traîne actuellement" face à McCain.
- Et pendant ce temps, les républicains attaquent : ils ont décidé de faillir à la tradition de se montrer discrets pendant la convention de l'adversaire. Ils ont diffusé des publicités pointant du doigt les divisions entre démocrates. Mitt Romney, qui a été battu par McCain lors des primaires républicaines et pourrait être choisi comme colistier, mène l'attaque depuis Denver, reprochant à Obama d'être une célébrité sans expérience, de ne pas être prêt. Il accuse aussi Joe Biden de s'être trompé tout au long de sa carrière : "Son bilan d'erreurs en matière de politique étrangère est aussi long que ses années au Sénat" (36 ans).
- Et Cindy McCain a été envoyée en Géorgie, pas l'Etat du sud des Etats-Unis mais le pays en conflit avec son grand voisin russe. Mardi, elle visitait à Tbilissi des centres de réfugiés qui ont fuit les récents combats entre les forces géorgiennes et russes. "Il y a beaucoup à faire ici et mon travail est de m'assurer que la communauté internationale n'oublie pas ce qui se passe ici", a dit Cindy, la multi-millionnaire, devenu soudain la Mère Teresa des Géorgiens.
Et elle a assuré que la date de sa visite n'avait rien à voir avec la Convention démocrate. Bien sûr, on ne peut que la croire.