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Vincent Bolloré révolutionne l'internet sans fil

Publié le 05 août 2008 par Jérémy Dumont

Bollor

Bolloré fait sa petite révolution de l’Internet sans fil au camping

Avec deux ans de retard, le groupe teste enfin le nouveau standard wimax.

De l’Internet à haut débit sous la tente, ou dans le camping-car ? Richard Fauterre, le directeur du camping du bois de Boulogne, à quinze minutes des Champs-Elysées, en rêve. Et Bolloré telecom, qui rêve lui de tailler des croupières aux opérateurs mobiles, y voit là un joli laboratoire. Vincent Bolloré possède une télé (Direct 8), des journaux (Direct Soir, Direct Matin Plus), une agence de médias (Havas). A quand un réseau Internet sans fil à haut débit ? Pour l’heure, il en est au stade de l’expérimentation. Et le camping du bois de Boulogne est un terrain de jeu idéal. Les vacanciers disposent de deux malheureuses bornes Internet à l’accueil du camping. Un peu court pour les 1 800 résidants du mois d’août.

A l’entrée du site, Marc Taieb, 35 ans, le jeune patron de Bolloré telecom, filiale du groupe Bolloré, a posé son PC portable : la connexion Internet fonctionne avec un excellent débit. Le PC converse avec une antenne plantée en haut de la tour Havas, de l’autre côté de la Seine à un petit kilomètre. Pour Bolloré, c’est une première : enfin, le wimax - c’est le petit nom du standard de ce nouvel Internet sans fil - fonctionne ! Cette solution a plein de qualité. Ses performances - 1 à 2 mégabits par seconde - se rapprochent de ce que procure aujourd’hui un abonnement de base à l’ADSL, avec en prime la mobilité. Seul hic, le wimax, cantonné en Europe sur des fréquences spécifiques (1), en est à ses débuts. Et la technologie retenue par Bolloré n’est pas encore certifiée : « On attend la certification pour le quatrième trimestre. » Ce qui retarde d’autant la décision du groupe Intel de mettre du wimax dans les PC, au même titre que le wi-fi aujourd’hui.

Chez Bolloré telecom, on l’a un peu mauvaise. L’opérateur a payé cash douze licences wimax (82 millions d’euros), couvrant autant de régions françaises. C’était en juillet 2006, lors des enchères organisées par le régulateur des télécoms. « Cela fait deux ans qu’on a les licences, et on est toujours bloqué. » Et d’en vouloir aux équipementiers Nortel et autres Alcatel : « Ils nous avaient assuré que tout était prêt. Mais, c’était sur le papier ! » raconte Marc Taieb, pas gêné d’avoir été fait (un peu) cocu. Il y a deux jours, le polytechnicien est allé, avec quelques membres de son équipe, plancher devant le régulateur des télécoms pour justifier son retard et échapper aux pénalités. Car il y a un gouffre entre les engagements péremptoires de Bolloré telecom pour décrocher la timbale - il avait promis 59 sites en Auvergne ouverts dès ce mois-ci, et 104 en Ile-de-France - et la réalité : une seule antenne plantée sur sa tour, et visant le bois de Boulogne… Après tout, ses concurrents, titulaires eux aussi de licences wimax, n’ont guère fait mieux. On attend toujours des nouvelles de SFR-Neuf, titulaire d’une licence en Paca et en Ile-de-France, depuis sa première démonstration il y a un an…

Le régulateur rendra son verdict en septembre. Dans le camp de l’armateur Bolloré, on reste optimiste. Et philosophe : « On essuie les plâtres avec le nouveau réseau wimax, comme Orange et SFR il y a huit ans, avec le réseau de téléphonie mobile 3G. » Mais les ambitions restent intactes. L’opérateur télécoms a racheté il y a deux mois les huit licences de TDF (Télédiffusion de France), qui, fatigué d’attendre, voulait s’en débarrasser. Voilà donc Bolloré capable de couvrir 20 régions sur 22. D’où la volonté « de déployer un réseau national dès qu’on aura la certification ». Au début, il visera « les niches », comme les ports de plaisance, ou les stations de sport d’hiver. En faisant la nique aux opérateurs mobiles : sur le réseau wimax, on pourra aussi téléphoner. D’ailleurs, cela fonctionne très bien, en démonstration, au camping de Boulogne.

L’autre terrain de jeu de l’armateur, c’est l’Afrique. Là-bas, les connexions Internet, faute de réseau de téléphonie fixe, sont indigentes ou hors de prix. A Libreville (Gabon), Bolloré telecom compte dès le mois prochain ouvrir son réseau wimax, sur trois sites dans un premier temps. Le groupe a de toute façon les poches profondes. Il avait annoncé investir autour de 400 millions d’euros dans le wimax. « Maintenant, ce sera plutôt un milliard », salive le jeune patron de Bolloré telecom.

(1) 2,5 Gigaherz

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ARTICLE :  Catherine Maussion

Lu sur le site écrans


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