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Inde : 49 bébés morts pendant des essais de médicaments

Publié le 28 août 2008 par Guy Deridet
Par Juliette Tissot | Aujourd'hui l'Inde | 27/08/2008 | 19H25 Inde : 49 bébés morts pendant des essais de médicaments (De Delhi) Une semaine après l'enquête du "Times of India" révélant que 49 bébés indiens sont morts à New Delhi au cours de tests thérapeutiques, les réactions et les nouvelles révélations se poursuivent.

Le 18 août, le quotidien révélait que 49 bébés, dont la plupart avaient moins d'un an, sont morts à l'Institut des sciences médicales de New Delhi (AIIMS). Tous étaient des cobayes pour de nouveaux médicaments pédiatriques avant leurs mises sur le marché (contre les carences en zinc, l'hypertension artérielle ou encore une maladie du foie).

En deux ans et demi, le département de pédiatrie de cet hôpital, le plus grand d'Inde, a réalisé 42 séries de tests sur 4 142 bébés pour le compte de laboratoires étrangers, en particulier les suisses Roche et Novartis et le japonais Sankyo pharma.

En Inde, une loi sur le "droit à l'information" permet à tout citoyen d'interroger un organisme d'Etat. En juin, Rahul Verma, le président de la Fondation Uday pour les défauts congénitaux et les groupes sanguins rares, a posé par écrit des questions à l'hôpital, qui lui a répondu ce mois-ci. Rahul Verma a fourni ces documents à Aujourd'hui l'Inde, partenaire de Rue89.

On y découvre que les médicaments en phase de tests en Inde ont été fournis par la filiale américaine du suisse Novartis, le suisse Roche et le japonais Sankyo Pharma.

Novartis "Aucun décès ne nous a été signalé à ce jour"

Suite à la parution de l'article du "Times of India", l'hôpital (AIIMS) a demandé qu'une enquête interne soit menée. Mais l'hôpital a déjà expliqué que la plupart des bébés qui sont morts étaient malades avant les protocoles d'essais thérapeutiques, et qu'on ne pouvait donc pas imputer tous les décès aux tests.

Un porte-parole de Novartis, interrogé par le quotidien suisse "Le Temps", confirme que la société mène des essais cliniques à l'AIIMS, avec des adultes et des enfants. Il affirme : "Aucun décès ne nous a été signalé à ce jour." Novartis déclare contrôler "de près", par des inspections, ses différents sites de tests, qui sont répartis dans le monde entier.

De son côté, le laboratoire Roche, contacté par l'AFP, conteste cette mise en cause. Pour Claudia Schmitt, porte-parole du groupe jointe à Bâle : "Nous n'avons mené aucun essai pédiatrique avec des produits de Roche en Inde." Sans exclure que "des gens puissent utiliser dans le monde ce médicament, le Rituximab", au cours d'essais cliniques.

Chandra M. Gulhati, rédacteur en chef du journal médical Monthly Index of Medical Specialties, suit particulièrement les tests thérapeutiques menés en Inde. Il affirme dans le quotidien de Bangalore "Deccan Herald" que les médicaments Olmesartan et Valsartan, testés par les bébés de l'AIIMS et destinés à faire baisser la tension artérielle, n'avaient jamais été testés sur des patients de moins de 18 ans.

Des tests menés en Inde, mais qui profiteront aux Occidentaux

De même, le Rituximab est pour l'instant un médicament réservé à l'adulte. L'Olmesartan est fabriqué par Novartis, le Valsartan par Sankyo Pharma et le Rituximab par Roche. Si les tests garantissent l'efficacité et l'innocuité de ces médicaments pour les enfants, ils ne seront de toute façon pas commercialisés en Inde.

Pour Chandra M. Gulhati :

"Il est évident que ces tests sont menés pour étendre l'utilisation de ces médicaments dans les pays occidentaux mais l'Inde n'en tirera aucun bénéfice. Les enfants indiens ne sont utilisés que comme des cobayes."

En Inde, le coût des tests thérapeutiques est jusqu'à 60% moins élevé qu'en Occident. Avec plus d'un milliard d'habitants, l'Inde est un terrain de choix pour les laboratoires pharmaceutiques qui trouvent ici toutes les pathologies de la Terre.

Le cabinet Ernst and Young évalue le marché indien des essais cliniques à deux milliards de dollars d'ici à 2010.
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