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L'Australie face a la recession ?

Publié le 28 août 2008 par Graphseo

L'Australie a fait ses choux gras de la hausse des matières premières depuis le début de la décennie et a pleinement profité de l'envolée de ces derniers mois. Mais la roue tourne et l'accalmie observée ces derniers temps sur les prix des matières premières agricoles et des minerais pourrait bien mettre un terme à l'euphorie.

Il faut dire que l'Australie est plutôt gâtée. Ce territoire, grand comme quatorze fois la France, abrite, pour certains économistes, « la ferme du monde ». Le pays produit en effet céréales, viande, laine, coton, vin… C'est aussi « une mine géant ». Pétrole, gaz, charbon, fer, platine, cuivre, alumine, aluminium, nickel, uranium, zinc, plomb ou encore or et diamant font la richesse de ses sous-sols.

Depuis le milieu du XIXe siècle, et la découverte de l'or, le secteur minier a été à l'origine du désenclavement commercial et économique de ce pays-continent situé aux confins de la planète.

Aujourd'hui, ces ressources naturelles, minérales et agricoles, tirent l'économie australienne qui affiche fièrement une croissance annuelle moyenne de 3,6 % depuis 1992. L'Australie exporte en masse ces produits vers son bassin naturel, l'Asie-Pacifique et ses voisins d'Océanie, mais aussi vers l'Amérique. Si son PIB a bénéficié de cette « spécialisation », l'Australie est en revanche devenue une habituée des déficits structurels de la balance courante.

Depuis 2002, l'augmentation des prix des minerais, des ressources énergétiques et agricoles a été le reflet de la tendance haussière de l'économie mondiale. L'Australie a surfé sur la tendance. D'handicapante à certains égards, sa situation géographique est devenue un atout. La boulimie chinoise pour les matières premières a été une bénédiction. La Chine est devenue son principal partenaire commercial, devant le Japon, premier partenaire historique, les Etats-Unis, la Corée du Sud, la Nouvelle-Zélande et l'Inde qui importe de plus en plus d'Australie. Malgré des accidents climatiques importants et répétés (sécheresse, incendies…), l'agriculture australienne se porte bien.

Dans ce contexte haussier, positif donc pour l'économie australienne, la crise des « subprime » et ses conséquences sur l'économie financière - à noter que l'Australie n'a que peu ressenti ces soubresauts compte tenu de sa faible exposition financière à l'économie mondiale, si ce n'est dans son secteur immobilier - a mis sous les feux de la rampe les matières premières : leur côté « valeur refuge » a été plébiscité alors que les Bourses mondiales allaient à vau-l'eau et que les devises s'emballaient. Beaucoup de ces produits ont été utilisés comme une classe d'actif permettant de se couvrir contre le risque d'inflation et de dollar faible. Du coup, nombre de ces matières premières ont atteint des plus hauts record en début d'année.

A la plus grande satisfaction des exportateurs australiens. Le géant minier BHP Billiton a par exemple enregistré un bond de 15 % de son bénéfice net qui se monte pour l'exercice 2007-2008 à 15,35 milliards de dollars. Depuis sept, le groupe anglo-australien enchaîne lesrésultats record.

De quoi alimenter un mouvement de concentration d'un secteur minier largement dominé le quasi-duopole planétaire formé par les australiens BHP Biliton et Rio Tinto, eux-mêmes en train de fusionner - ce qui en fait le plus gros projet d'acquisition jamais entrepris dans le monde -, et le géant brésilien Vale - le Brésil est l'autre pays clé pour l'exploitation minière. L'indo-européen ArcelorMittal en essayant de se faire une place au soleil participe également à la structuration du secteur.

Mais l'euphorie aura été de courte durée. L'envolée des prix a, d'une part, joué sur les volumes échangés. Ainsi, à 1 000 dollars l'once, la demande mondiale en or a baissé de 20 % en valeur au premier semestre. D'autre part, les prix s'assagissent depuis quelques semaines. Le Platinium Index a perdu près de 36 % depuis trois mois et le platine cote aujourd'hui 1 400 dollars la tonne. L'or est redescendu à moins de 800 dollars, soit son niveau de novembre dernier. L'accalmie se fait également sentir pour les matières premières agricoles. Depuis quelques semaines, la baisse des prix des minerais, des ressources énergétiques et agricoles est le reflet de la tendance baissière de l'économie mondiale.

Si, au printemps dernier, l'Australie pouvait espérer dépasser ses prévisions de croissance, le discours a été révisé à la baisse. On reste tout de même loin d'une récession. La croissance devrait tout de même osciller autour des 3 % en 2008 et 2009, après près de 4 % en 2007, pour un taux d'inflation également proche des 3 %.

Alexandra Voinchet pour l'ACDEFI

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