Magazine

BiblioBlog: Livres de la semaine

Publié le 29 août 2008 par Adel Miliani

technorati.gifVoici une petite sélection de quelques bons livres pour cette rentrée.

Bonne lecture à tous;)

Ce Que le Jour Doit a la Nuit

de Yasmina Khadra

« Mon oncle me disait ; « Si une femme t’aimait, et si tu avais la présence d esprit de mesurer l étendue de ce privilège, aucune divinité ne t arriverait à la cheville. » Oran retenait son souffle en ce printemps 1962. La guerre engageait ses dernières folies. Je cherchais Emilie. J avais peur pour elle. J avais besoin d elle. Je l aimais et je revenais le lui prouver. Je me sentais en mesure de braver les ouragans, les tonnerres, l ensemble des anathèmes et les misères du monde entier. » Yasmina Khadra nous offre ici un grand roman de l Algérie coloniale (entre 1936 et 1962) une Algérie torrentielle, passionnée et douloureuse et éclaire d un nouveau jour, dans une langue splendide et avec la générosité qu on lui connaît, la dislocation atroce de deux communautés amoureuses d un même pays

Biographie de l’auteur
Salué dans le monde entier comme un écrivain majeur, Yasmina Khadra est l auteur, entre autres, de A quoi rêvent les loups, Les Hirondelles de Kaboul, L Attentat (Prix des libraires 2006) et Les Sirènes de Bagdad. Son uvre est traduite dans trente-quatre pays. L Attentat est en cours d adaptation à Hollywood, et Les Hirondelles de Kaboul sera porté prochainement à l écran par le cinéma français.

La meilleure part des hommes

de Tristan Garcia

Dominique Rossi, ancien militant gauchiste, fonde à la fin des années quatre-vingt le premier grand mouvement de lutte et d’émancipation de l’homosexualité en France. Willie est un jeune paumé, écrivain scandaleux à qui certains trouvent du génie. L’un et l’autre s’aiment, se haïssent puis se détruisent sous les yeux de la narratrice et de son amant, intellectuel médiatique, qui passent plus ou moins consciemment à côté de leur époque. Nous assistons avec eux au spectacle d’une haine radicale et absolue entre deux individus, mais aussi à la naissance, joyeuse, et à la fin, malade, d’une période décisive dans l’histoire de la sexualité et de la politique en Occident. Ce conte moral n’est pas une autofiction. C’est l’histoire, que je n’ai pas vécue, d’une communauté et d’une génération déchirées par le Sida, dans des quartiers où je n’ai jamais habité. C’est le récit fidèle de la plupart des trahisons possibles de notre existence, le portrait de la pire part des hommes et - en négatif - de la meilleure.

Biographie de l’auteur
Tristan Garcia est né en 1981 à Toulouse. La meilleure part des hommes est son premier roman.

La Porte des Enfers
de Laurent Gaudé

2002, dans un restaurant de Naples, Filippo Scalfaro accomplit sa vengeance : il poignarde au ventre un client puis, le couteau sur la gorge, il le force à l’accompagner dehors, le fait monter dans une voiture, prend la direction du cimetière. Parvenu là, il le traîne jusqu’à une tombe et lui en fait déchiffrer l’inscription. Puis il lui tranche les doigts des mains et le laisse là, saignant et gémissant.
1980, dans les rues encombrées de Naples, Matteo tire par la main son fils et se hâte vers l’école. A un carrefour, soudain éclate une fusillade. Matteo s’est jeté à terre, couchant contre lui son petit garçon. Quand il se relève, il est baigné du sang de l’enfant, atteint par une balle perdue. 2002, après un dernière visite à “tante Grace”, prostituée et travesti qui l’a vu grandir, celui qui a accompli sa vengeance peut enfin quitter Naples et, roulant vers le Sud, partir à la recherche des siens, disparus depuis l’époque du grand tremblement de terre.
1980 : le deuil a édifié peu à peu un mur de silence entre Matteo et sa femme Giuliana. Matteo ne travaille plus. Toutes les nuits, il roule dans son taxi à travers les rues de Naples, sans presque jamais prendre de client. Il sait bien ce que Giuliana attend de lui : qu’il retrouve et punisse le responsable. Mais il en est incapable. Un soir, les circonstances le conduisent dans un minuscule café-bar, où il fait notamment la connaissance d’un Professeur qui tient d’étranges discours sur la réalité des Enfers et la possibilité d’y descendre… On dit parfois d’un écrivain qu’on l’aime parce qu’on s’est attaché à son univers. Epique et sonore, tragique ou inspiré, celui de Laurent Gaudé comporte tout un monde de ténèbres. Dans les guerres, la pauvreté ou l’exil, l’auteur cherche à faire entendre la dimension solaire dont chaque personnage — habité par sa parole, son vouloir, et comme porté par une incantation à son destin — illumine sa propre trajectoire. Si le thème de la vengeance est présent dans La Porte des Enfers, il n’en constitue pas – loin s’en faut – le motif principal, car la fiction s’en empare pour explorer de tout autres territoires.
C’est dans la conscience de ses deuils personnels que Laurent Gaudé interroge ici la part de vie que nos morts nous volent, mais aussi la part de présent ou d’avenir que nous leur rendons par nos pensées. Ainsi peut s’entrouvrir la porte des Enfers et – comme le raconte dans ces pages le vieux Professeur pasolinien – s’accomplir le rêve de Frédéric II : descendre dans les abîmes, affronter la Mort sur son propre terrain.
Mais dans l’histoire de Matteo, de Giuliana et de leur fils, dans la lente dérive ou la brutale disparition comme dans les expériences des autres personnages aux prises avec leurs enfers personnels, c’est aussi la force du lien (amical autant que familial) qui se confronte à la séparation, à la peine ou au ressentiment.
Rythmé, puissant et captivant, le nouveau roman de Laurent Gaudé revisite le mythe d’Orphée pour opposer à la finitude humaine la foi des hommes en la possibilité d’arracher un être au néant.

Biographie de l’auteur :
Romancier et dramaturge né en 1972, Laurent Gaudé a publié chez Actes Sud plusieurs pièces de théâtre : Combats de possédés (1999), Onysos le furieux (2000), Pluie de cendres (2001), Cendres sur les mains (2002), Le Tigre bleu de l’Euphrate (2002), Salina (2003), Médée Kali (2003), Les Sacrifiées (2004), L’Annulaire (in Les Cinq Doigts de la main, 2006) ; quatre romans : Cris (2001 et Babel n° 613), La Mort du roi Tsongor (2002, prix Goncourt des lycéens 2002, prix des Libraires 2003, Babel n° 667), Le Soleil des Scorta (2004, prix Goncourt 2004, prix Jean-Giono 2004, Babel n° 734) et Eldorado (2006). Et un recueil de nouvelles, Dans la nuit Mozambique (2007).


Retour à La Une de Logo Paperblog