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Qui Liz Cheney soutient-elle ?

Publié le 23 octobre 2024 par Sylvainrakotoarison

" Dans ce pays, en vertu de notre Constitution, notre Président a l'obligation particulière et solennelle d'assurer et de garantir la transition pacifique du pouvoir. Depuis le début de la République, tous les Présidents de notre histoire ont rempli ce devoir. Tous les Présidents jusqu'à Donald Trump. " (Liz Cheney, le 3 octobre 2024 à Ripon).

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Mais elle l'est enfin surtout parce que les États-Unis sont complètement divisés, le peuple est profondément clivé entre des gens en perte d'identité qui veulent retrouver la fierté d'être Américains, et surtout le rêve américain, et des gens raisonnables, bien établis, qui veulent faire avancer leur pays en oubliant les laissés-pour-compte. Ainsi, les clivages politiques ont complètement éclaté une nation en proie à une nouvelle sécession, bien plus grave qu'à la fin du XIXD'un côté, un milliardaire narcissique qui, par populisme effréné, se prétend le défenseur des plus pauvres, et globalement, il y réussit (contre toute évidence), soutenu même par de jeunes Noirs américains qui voient par l'élection de Donald Trump le moyen de prendre l'ascenseur social. Amusante séquence de voir Donald Trump apprendre à cuire les frites dans un fast-food à la marque bien connue, l'image sera populaire car il fait le travail ordinaire d'un précaire, mais elle est bien plus profonde que cela, c'est aussi l'image de la promotion de la malbouffe, et, finalement, de la défense de ceux qui mangent sans beaucoup de moyens face aux menus équilibrés, diététiques, avec de la nourriture bio, etc. mais coûteuse (la malbouffe a encore tué un mangeur de hamburgers chez MacDonald's le 22 octobre 2024 dans le Colorado en raison d'une intoxication à la bactérie escherichia coli qui a infecté quarante-neuf personnes dont dix hospitalisées dans dix États de l'Ouest des États-Unis). qui a provoqué cinq morts, et soutiennent désormais la candidate démocrate Kamala Harris. C'est le principe du double patriotisme : le patriotisme du pays l'emporte sur le patriotisme du parti, plus patriote que partisan. Les démocrates ont cette expression qu'ils mettent à toutes les sauces en ce moment avec raison : "Country Over Party".
L' élection du futur Président des États-Unis le 5 novembre 2024 est une élection décidément exceptionnelle. Elle l'est déjà par l'extrême incertitude qui pèse sur l'identité du futur vainqueur, les deux candidats Donald Trump et Kamala Harris ayant une différence d'intentions de vote dans les sondages extrêmement faible. Elle l'est aussi parce que, pour la seconde fois, après 2016, une femme est en capacité très sérieuse de gravir la dernière marche de la Maison-Blanche, Kamala Harris avait gravi déjà l'avant-dernière marche en étant la première femme Vice-Présidente des États-Unis. Elle l'est encore par le niveau très bas des arguments, par l'âge d'un des protagonistes (à plus de 78 ans, Donald Trump est devenu le grand candidat le plus âgé de l'histoire américaine), par la remise en cause des institutions, par les tentatives d'assassinat, par la situation internationale très grave dont les tensions sont au plus fort depuis la fin de la guerre ( guerre en Ukraine, tensions à Taïwan, tensions entre les deux Corée, conflits au Proche-Orient, etc.).
e siècle.
De l'autre côté, des responsables politiques parfois de premier plan très engagés au sein du parti républicain ont refusé de soutenir Donald Trump, surtout depuis
L'ancienne députée l'invasion du Capitole le 6 janvier 2021Liz Cheney fait partie de ces responsables républicains qui n'ont pas accepté la très grande légèreté qu'a adoptée Donald Trump avec la démocratie américaine. Il faut bien comprendre que si les Américains sont très croyants (il n'y a pas un discours politique qui ne termine par une évocation de Dieu, ce qui peut étonner en France !), leur Constitution est également chérie comme une Bible, la plus ancienne Constitution écrite au monde, d'ailleurs, ce qui signifie aussi la plus vieillotte par rapport à la société d'aujourd'hui (en particulier sur la possibilité, observée plusieurs fois et encore en 2016 et en 2000, que le Président élu n'est pas le candidat qui a reçu le plus de suffrages populaires), et la démocratie américaine n'est pas une vaine expression, la preuve, c'est par ce messianisme que les plus va-t-en-guerre ont envahi l'Irak afin de faire progresser la démocratie, ce qui était à la fois stupide, peu pertinent, prétentieux, et surtout meurtrier.

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à la Maison-Blanche. En 2002, elle travaillait au gouvernement pour assurer la sécurité et promouvoir les intérêts économiques des États-Unis au Moyen-Orient. En 2012, elle est devenue aussi une éditorialiste politique de la chaîne de télévision Fox News (l'équivalent américain de la chaîne française CNews, si l'on peut l'écrire).
Qui est Liz Cheney ? Elle était, sous la Présidence Trump, l'une des responsables les plus importantes du parti républicain, la numéro trois des représentants républicains (équivalent de députés). Elle a été élue trois fois membre de la Chambre des représentants des États-Unis, élue dans le Wyoming, de 2016 à 2022 (le mandat est de deux ans). À 58 ans, avocate, Liz Cheney a toujours été membre du parti républicain. Son premier vote, à l'âge de 18 ans (en 1984), l'a été pour faire réélire Ronald Reagan
À l'instar de son père, Dick Cheney, Vice-Président des États-Unis de 2001 à 2009 et Ministre de la Défense de 1989 à 1993, Liz Cheney est ce qu'on peut appeler un faucon (c'est-à-dire une néoconservatrice), à savoir une républicaine favorable à l'intervention militaire des États-Unis partout où ce serait nécessaire pour assurer la paix et la démocratie et pour confirmer la puissance américaine, politique mais aussi militaire et économique. Elle a même fondé une organisation pour attaquer en justice les avocats des personnes détenues illégalement au camp de Guantanamo pour manquement à leur patriotisme. Comme beaucoup d'Américains, elle est aussi très attachée à la démocratie américaine.

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alors que sa propre petite sœur Mary est mariée à une femme. Mais pour des raisons familiales (la santé de ses enfants), elle a finalement renoncé à concourir en janvier 2014.
C'est la raison pour laquelle elle a franchi le pas en 2013. Elle s'est présentée à la primaire des sénatoriales dans le Wyoming (un État très conservateur), contre le sénateur républicain sortant Mike Enzi. Soutenue par de nombreux sénateurs républicains, elle s'est fait aussi connaître par une opposition familiale puisqu'elle s'est déclarée opposée au mariage homosexuel
Ce n'était que partie remise puisqu'elle s'est présentée, cette fois-ci à la Chambre des représentants, en 2016 dans le district at-large du Wyoming (dont son père a été l'élu de 1978 à 1989). Très soutenue financièrement et politiquement (notamment par George W. Bush et son père George H.W. Bush), elle a remporté la primaire sur ses concurrents républicains, puis l'élection (62%). Elle a été réélue deux autres fois en 2018 (64%) et 2020 (69%). En 2019, alors que la Chambre des représentants est repassée à majorité démocrate, Liz Cheney a été élue "présidente de la conférence républicaine" à la Chambre des représentants ["chair of the United States House of Representatives Republican Conference"], l'équivalent de numéro trois parmi les représentants républicains, c'est dire si son importance politique s'est accrue. Après le retrait de Mike Enzi, elle aurait pu choisir d'intégrer le Sénat aux élections de 2020, mais finalement, elle a préféré rester à la Chambre des représentants.

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et par fidélité au parti républicain et malgré un désaccord majeur sur la politique étrangère : Donald Trump est isolationniste alors qu'elle est interventionniste.
En 2016, en même temps que sa campagne pour se faire élire représentante, Liz Cheney a soutenu la candidature de Donald Trump contre Hillary Clinton
Elle s'est radicalement démarquée du trumpisme le 13 janvier 2021 quand elle a pris position, à l'instar de neuf autres représentants républicains, en faveur de la mise en accusation de Donald Trump dans la procédure d'impeachment. Le futur ancien Président a été accusé d'incitation à l'insurrection lors de l'invasion du Capitole de 6 janvier 2021, un événement qui l'a profondément marquée, tant pour l'atteinte à la démocratie que pour l'image déplorable que les États-Unis ont montrée d'eux à la Terre entière. C'était, pour elle, impardonnable de la part d'un Président des États-Unis d'avoir encouragé une telle insurrection.
Elle a expliqué sa position très ferme la veille, le 12 janvier 2021 : " Le 6 janvier 2021, une foule violente a attaqué le Capitole des États-Unis pour entraver le processus de notre démocratie et arrêter le décompte des votes des élections présidentielles. Cette insurrection a causé des blessures, des morts et des destructions dans l'espace le plus sacré de notre République. Le Président des États-Unis a convoqué cette foule, a rassemblé la foule et a allumé la flamme de cette attaque. Tout ce qui a suivi était de son fait. Rien de tout cela ne serait arrivé sans le Président. Le Président aurait pu intervenir immédiatement et avec force pour faire cesser la violence. Il ne l'a pas fait. Il n'y a jamais eu de plus grande trahison par un président des États-Unis de sa fonction et de son serment à la Constitution. Je voterai pour mettre le président en accusation. " (citée par Wikipédia). Au même titre que la Constitution est considérée comme une Bible par la plupart des Américains, le Capitole est considéré comme le sanctuaire de la démocratie américaine, l'équivalent du Vatican pour l'Église catholique.
Le courage politique de Liz Cheney, celui de s'être opposé à Donald Trump qui attise l'antiparlementarisme et le rejet institutions américaines (pour la grande majorité d'entre eux, les Américains sont très légalistes et très légitimistes, par patriotisme), ce courage lui a coûté d'abord son poste dans la hiérarchie du parti républicain puis son siège à la Chambre des représentants en 2022, puisque Donald Trump l'a fait battre par une candidate trumpiste (l'avocate Harriet Hageman) à la primaire pour les élections législatives (Liz Cheney a été très largement battue avec 35 points de retard).
Précisons toutefois que le 4 février 2021, elle avait reçu d'abord la confirmation de ses responsabilités au sein du groupe politique par 145 représentants républicains contre 60, mais elle a été finalement limogée le 12 mai 2021 et a très activement participé à la commission d'enquête sur l'invasion du Capitole (elle en était la vice-présidente et elle a publié un livre de documentation sur le sujet sous le titre "Oath and Honor" [Serment et Honneur]). Précisons aussi que pendant sa bataille pour la primaire des représentants en été 2022, Liz Cheney a fait appel aux électeurs démocrates pour la soutenir et a voté comme les démocrates à la Chambre des représentants pour le contrôle des armes à feu et pour la protection du mariage homosexuel.

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La position actuelle de Liz Cheney n'était donc pas une surprise. En effet, l'ancienne représentante républicaine a annoncé le 4 septembre 2024 à l'Université Duke, à Durham, en Caroline du Nord, qu'elle soutenait officiellement la candidature de Kamala Harris. Son père Dick également. Elle a participé à un premier meeting commun à la candidate démocrate le 3 octobre 2024 à Ripon, dans le Wiscosin, où elle a déclaré : Depuis cette date (3 octobre 2024), Liz Cheney participe très activement à la campagne de Kamala Harris, en particulier en intervenant aux côtés de la candidate démocrate à deux talk-shows le 21 octobre 2024, l'un à Chester, en Pennsylvanie, et l'autre, le même jour, à Birmingham, dans le Michigan.
" Je vous le dis, je n'ai jamais voté pour un démocrate. Mais cette année, je suis fière de voter pour la Vice-Présidente Kamala Harris ! ".
Certains évoquent déjà la possibilité qu'elle puisse être désignée Ministre des Affaires étrangères (Secrétaire d'État) ou Ministre de la Défense (Secrétaire à la Défense) en cas d'élection de Kamala Harris. Mais c'est beaucoup trop tôt pour l'envisager. L'élection du 5 septembre 2024 est encore loin d'être acquise. Mais si les femmes américaines se mobilisent, alors Kamala Harris aura sa chance car le droit à l'avortement est un thème majeur de cette campagne électorale.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (23 octobre 2024)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Dick Cheney.
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Où en est la campagne présidentielle de Kamala Harris ?
Jimmy Carter.
Lauren Bacall.
Maurice Jarre.
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Les Yes-She-Can de Barack Obama !
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https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20241021-liz-cheney.html
http://rakotoarison.hautetfort.com/archive/2024/10/23/article-sr-20241021-liz-cheney.html


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