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C'est une rentrée schumpéterrienne, non ?

Publié le 30 août 2008 par Christophe Foraison
C'est une rentrée schumpéterrienne, non ?Oui, je sais, j'ai fait une très longue pause estivale...^^.

Je remercie tous ceux et celles qui m'ont adressé des messages sur le blog. Je ferais une réponse à Coralie concernant mon utilisation du PC eee d'Asus dans un prochain billet.


C'est maintenant l'heure de la rentrée.

Alors je me prépare...


J'ai choisi, pour ce billet, un angle d'attaque qui m'intéresse de plus en plus: l'utilisation personnelle et professionnelle des services du web et des nouvelles technologies ainsi que leur analyse sous l'angle économique et social.

Je voudrais partir d'une anecdote. Jeudi et vendredi dernier, j'ai été invité au lycée
Louis le grand à Paris pour participer aux Entretiens dont le sujet était cette année l'Union Européenne, un enjeu stratégique pour les entreprises.
Un excellent atelier animé par un collègue de SES (Patrick Duplat) et un dirigeant de PME (Olivier Bochard qui a repris l'entreprise textile Trouillet située en Bourgogne à Chauffailles) m'a particulièrement marqué.
Il s'agissait  de montrer le passage d'une entreprise familiale dans un secteur industriel et une région sinistrés (situation dans les années 1990) à une PME innovante qui part à la conquête des marchés, crée des emplois et développe son activité (voir
article des Echos)

Lorsque j'ai posé la question des facteurs qui ont facilité ou freiné cette mutation, Olivier Bochard m'a répondu en substance que ce qui lui a paru le plus difficile, c'est de faire comprendre à ses collaborateurs qu'il fallait complètement changer de logique: se détacher d'une logique industrielle (produire en grande série des produits standardisés, ici des tissus) à une logique commerciale et technologique (produire en petite série des tissus innovants, de qualité pour répondre aux différentes demandes du marché).
Ce changement de mentalité constitue une véritable révolution copernicienne. Olivier Bochard a déclaré que changer d'outil industriel est bien moins compliqué que transformer des habitudes issues d'une longue tradition (la PME a été créée en 1910).

Pour ma part, je pense que, dans l'éducation nationale, nous avons affaire à ce même type de mutations.
La logique de massification des études commencée dans les années 1960 qui était conforme à une société et une économie reposant sur les logiques fordistes est à bout de souffle: la société des individusle développement du potentiel des nouvelles technologies (pour reprendre Norbert Elias et François de Singly), (et l'arrivée de nouvelles puissances) bousculent les positions acquises.

Ce contexte, s'il comporte des contraintes évidentes (les critiques du système éducatif se multiplient, le contexte budgétaire est difficile, la montée des inégalités avec tous les risques économiques, sociaux et politiques qu'elle engendre), contient également des opportunités que je voudrais saisir.

C'est une rentrée schumpéterrienne, non ?- 1 - il faut d'abord que nous progressions dans la prise en compte de ce processus d'individuation.

Nos pratiques de classe sont encore trop largement fondées sur un enseignement de masse. Il ne s'agit pas de faire table rase du passé - le groupe classe, le cours magistral, ont toujours leur utilité - mais de mettre en place des situations, des outils qui permettent aux individus de s'exprimer.


Comment ?
Il me semble qu'il existe de nombreuses opportunités à saisir tout au long de l'année scolaire.

   - a - j'ai réfléchi l'année dernière sur la mise en place de l'entretien d'orientation en classe de troisième. Cette année, cette mesure s'appliquera à la classe de première.
Tout au long de l'année, on peut instaurer des moments au desquels chaque élève fait des recherches, rencontre d'autres personnes, élabore des pistes, se pose des questions...
Deux aspects m'ont paru essentiels: je dois d'une part leur proposer des activités qui leur permettent de rentrer dans cette démarche (visite au CDI, passation de questionnaire, dialogue etc...); et d'autre part, il faut veiller à garder des traces écrites de ces moments pour l'élève mais aussi pour l'enseignant. Une anecdote personnelle: lors des réunions parents / profs, j'ai pu mesurer l'aide que m'ont apporté mes notes personnelles sur chaque élève pour guider cet entretien et leur influence (les élèves et leurs parents se sentent mieux reconnu, on prend en compte ce qu'ils sont, ce qu'ils voudraient...).
Il me faut donc encore améliorer ces pratiques.

         - b - j'ai souvent en charge l'éducation civique et les travaux personnels encadrés. Là encore, cela peut être une occasion de nouer un dialogue informel durant lesquels l'élève peut révéler un certain nombre de compétences jusque là ignorées par le travail scolaire traditionnel.
Je dois le confesser (mais les intéressés le savent car je leur ai dit de vive voix), je suis admiratif devant les travaux / comportements de beaucoup d'élèves. Je pense à des élèves "réservés" en classe, mais qui se débrouillent pour écrire des courriers afin de demander de la documentation, qui développent des argumentations très fournies lors de débats, qui trouvent des documents sur le web (alors que pourtant, moi aussi, j'ai cherché et je n'ai pas toujours trouvé ^^).

         - c - Ce qui m'amène à un dernier point dans la prise en compte de la dimension individuelle de notre enseignement: comment évaluer celle-ci ?
Ma pratique en est encore au stade du bricolage: quelques remarques écrites sur les bulletins, des tentatives de mise en place de grilles de progression...
Je dois donc approfondir cet aspect et tester de nouvelles procédures. Cela fera l'occasion d'autres billets.


- 2 - Ensuite, nous devons réduire cette facture numérique entre la N génération et nous.
Regardez ce graphique... (source:
le blog de Mario)

C'est une rentrée schumpéterrienne, non ?

pour voir l'image en grand cliquez sur ce lien


Ces nouvelles technologies ne sont que des outils qui peuvent nous permettre d'avancer dans l'exercice de notre métier: elles constituent pour moi à la fois des objets d'études passionnants (la stratégie de Google, d'Ebay, la longue traine de chris anderson et les enjeux liés au développement du gratuit...ont fait l'objet de nombreux billets sur mon blog) et des instruments personnels et professionnels.

Je voudrais enfoncer le clou en vous recommandant de lire la liste des 10 tendances qui vont entraîner une destruction créatrice (J.A. Schumpeter)  dans l'éducation.
Voir ce billet de guitef
(ainsi que la vidéo de manuel villa que je reprend ici sur l'avenir prometteur du web)


Refaire le web - épisode 1
envoyé par mvila
 
Passons à la pratique. Je peux améliorer ma gestion des groupes et de chaque élève en leur permettant d'utiliser les nouvelles technologies et les services du web.
En effet, je dois inciter les élèves à collaborer entre eux, à partager leurs documents, leurs idées.
J'ai remarqué qu'ils étaient encore dans le support papier
: ils écrivent, stockent dans leur cahier. Ce n'est pas une pratique à abandonner évidemment, mais je peux aussi leur proposer des sites en ligne qui leur permettent de communiquer à distance, de partager des documents et de les stocker. Cela permet d'éviter les remarques du type "mais m'sieur, c'est Grégory qui avait tous les documents et il n'est pas là aujourd'hui".
Je peux également améliorer la gestion des groupes en m'inspirant des services de gestion de projet (gestion du temps, des objectifs et tâches à réaliser).
Enfin, je dois continuer mes activités et les améliorer en ce qui concerne l'éducation à la recherche documentaire: le dieu Google doit faire l'objet de séances qui en explique son fonctionnement, il existe d'autres outils de recherche que je trouve très pertinent: cet été, j'ai abondamment utilisé del.icious (on peut en voir les traces à la fin du blog avec le nuage de tags), ainsi que wikio, netvibes (je vous prépare un billet là-dessus).

Tout ceci m'amène également à me former, j'ai également pris quelques initiatives intéressantes dont je vous reparlerais (elles ne sont qu'à l'état de projet pour l'instant...)

Cela nous ramène à l'anecdote en début de billet et l'allusion aux thèse de J.A. Schumpeter: essayons de bousculer les routines, tirons parti des opportunités sans négliger les contraintes.

C'est une rentrée schumpéterrienne, non ?

Pour l'instant, je retrouve le plaisir de publier sur mon blog, et j'aime aussi mes petites routines quotidiennes: alors revoici mon jingle. J'ai réécouté "Songs in the key of lif e"cet album admirable de Stevie Wonder en 1976. J'ai choisi cette chanson pour son titre évidemment en relation avec mon billet (mais elles sont toutes excellentes, avec une voix inoubliable, des cuivres étincelants, une rythmique flamboyante...)




Bonne rentrée !

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