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Feuilleton du dimanche: La petite fille qui voulait savoir (fin)

Par Pandora

Résumé des épisodes précédents : Amélie va-t-elle poser sa question à la reine des fées, vous le saurez dans ce dernier épisode…

Amélie hésite et regarde la reine de ses grands yeux bleus, y guettant un signe qui l’aiderait à prendre sa décision. Soudain, elle se rappelle qu’elle a oublié d’arrêter son réveil et qu’il doit donc sonner sans interruption depuis qu’elle est partie avec la fée des carottes. Impossible que ses parents ne l’entendent pas, ils vont se rendre compte de sa disparition ; il faut poser la question qui la tourmente, vite…

-   Reine des fées, s’il vous plait, dites-moi si je vais mourir comme Jonathan et Alicia. J’ai peur même si cela fait trois mois que je n’ai plus besoin d’aller à l’hôpital toutes les semaines pour les piqûres qui me font vomir et perdre mes cheveux. D’ailleurs mes cheveux commencent à repousser, vous avez vu ? Je sais bien que les infirmières et le docteur ont dit que j’étais guérie et que j’avais vaincu ma méchante leucémie, mais j’ai peur qu’ils m’aient menti ou qu’ils se soient trompés et que tout recommence. Reine des fées, est-ce que je suis vraiment guérie ?

C’est cette fois d’une voix pleine de douceur mais aussi de fermeté que la reine des fées répond, sentant combien le moment est important pour la petite fille :

-   Rassure-toi, Amélie, tu es guérie, tu as vaincu cette satanée maladie, tu es maintenant presque une petite fille comme les autres…

A cette nouvelle, sans se soucier du protocole, Amélie se précipite dans les bras de la reine des fées sans prendre garde au mouvement de recul qu’esquisse royalement celle qui a si peu l’habitude des ces gestes d’effusion.

-   Merci, ma reine, si vous saviez comme je suis heureuse et soulagée. il faut que je rentre vite dans mon monde, sans quoi mes parents vont s’inquiéter.

La reine la retient et tire d’un coffre à ses pieds une petite pierre lisse et brillante d’un beau vert assorti au vert de ses yeux. Le centre de la pierre s’éclaire rythmiquement à la façon d’un battement de cœur et semble dégager une douce chaleur.

-   Avant que tu ne partes, voici une petite pierre pour te rappeler ton voyage parmi les fées quand tu seras devenue adulte et que tu te demanderas si tu as rêvé cette nuit. Cette pierre est vivante, elle bat au rythme du cœur des fées et elle a un nom. Elle s’appelle Pandorine.

Amélie, les yeux brillants, prend la pierre, la contemplant avec une réelle fascination.

-   Merci beaucoup, ma reine, je ne sais pas quoi dire ou faire pour vous remercier.

-   Va, rentre au pays des enfants. Fée des carottes, tu vas raccompagner Amélie chez elle, et tu profiteras de cette incursion au pays des enfants pour relever notre courrier, nous n’avons pas oublié ton retard. Ce sera ta punition.

La fée des carottes se relève de son inconfortable position, soulagée de s’en sortir à si bon compte et c’est donc de très bonne humeur qu’elle raccompagne Amélie, elle aussi radieuse et soulagée d’un grand poids. Elle regarde la pierre qu’elle fait tourner dans sa main et ressent la chaleur qu’elle dégage. Mais quand la fée des carottes est de bonne humeur, elle a tendance à devenir trop bavarde :

-   Ta pierre est bien plus belle que celle de ta tante Marguerite…

-   Tu veux dire ma tante Charlotte ? Quelle pierre ? Ma tante a aussi été reçue par la reine des fées ?

La fée des carottes orangit de confusion, elle en a beaucoup trop dit et si la reine l’apprend, elle risque de gros ennuis, elle risque même de perdre sa tête.

-   Oublie ce que je viens de te dire, Coralie. Je n’aurais jamais dû te parler de cela.

-   Pas question, je dois savoir ce qui s’est passé. Je te promets que je ne le répéterai à personne et surtout pas à la reine. Après une dernière hésitation (et un dernier regard derrière son épaule pour vérifier que personne ne peut les entendre dans le tourbillon qui les ramène au pays des enfants) la fée des carottes lui dit :

-   Eh bien, ta tante Dominique est venue voir la reine il y a une vingtaine de vos années humaines, et elle aussi avait une question à poser à la reine. Elle voulait savoir si sa sœur, ta mère, l’aimait vraiment. La Reine lui a répondu et lui a donné une pierre violette, Opalexine, mais la tienne est beaucoup plus jolie.

***

Quand, au matin Amélie est doucement réveillée par sa maman, elle met un peu de temps à émerger. Elle se rappelle alors son voyage extraordinaire et voit le réveil aux aiguilles bloquées à 23h59. Elle aurait rêvé ? Mais non, elle sent dans sa main la petite pierre verte brillante du même vert que les yeux de la reine. Pandorine… Et elle saute du lit pour dévaler les escaliers et se précipiter sur le téléphone…

-   Maman, il faut absolument que je téléphone à Tatie.

-   Mais enfin Amélie, il est 7h15 du matin, tu sais bien qu’elle a toujours du mal à se réveiller.

-   Trop tard… Allô, tatie ?

-   Allô ? répond une voix ensommeillée

-   Tatie, c’est Amélie. Il fallait que je te le dise, j’ai rencontré la reine de fées et elle m’a donné une pierre verte, Pandorine.

A l’autre bout du téléphone, Charlotte se lève brutalement, et tâte son cou à la recherche de son pendentif, une magnifique pierre lilas enchâssée. D’un bel éclat magique.

-   Je suis très contente pour toi Amélie, est-ce que la Reine est toujours aussi sévère ?

-   Oh oui alors, et il y a à côté d’elle une fée des roses qui coupe les têtes des gens.

-   Je ne connaissais pas cette fée…. Est-ce que tu te sens mieux, est-ce que tu as pu poser ta question ?

-   Oui, la Reine m’a répondu.

-   Et c’est la réponse que tu attendais ?

-   Oui, la réponse que j’espérais. Je suis très heureuse.

-   Dans ce cas moi aussi. Mais Amélie, ne parle pas de tout cela à ta mère, elle ne comprendrait pas. Ca sera notre secret, tu veux bien ?

-   Oui, Tatie, notre secret …

Et à une centaine de kilomètres de distance, l’une au cou de Charlotte, l’autre dans la paume d’Amélie, les cœurs d’Opalexine et de Pandorine se mettent à battre à l’unisson.

 Ce feuilleton a été écrit pour le webzine "Fanes de carottes" où il a été publié fin juillet. Je remercie tout particulièrement Rose qui a été ma relectrice attentive mais impitoyable; elle m'a beaucoup fait réécrire, mais au final cela en valait vraiment la peine ;-)

Voilà, c'était le dernier épisode de ce feuilleton de l'été qui annonce aussi pour moi la fin de mon trek avec retour à Dehli en train depuis Chandigarh...
C'est le moment de reprendre les anciennes habitudes, je vais bientôt revenir et je ne suis pas sûre que le moral sera au beau fixe, alors je pense que lire vos commentaires à mon retour adoucira un peu le décalage inévitable et me rendra tout cela moins difficile...
Alors n'hésitez pas, Faites péter les commentaires ;-)))
Je reviens très très bientôt


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