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Le réveil tardif de François Hollande

Publié le 01 septembre 2008 par Hmoreigne

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Crédit photo : Parti Socialiste/FlickR

Surprenant François Hollande. Au sens propre comme figuré, le chef sortant des socialistes aura mouillé la chemise pour sa dernière intervention es qualité de Premier secrétaire. Dans un discours fleuve d’une heure trente, pugnace et accrocheur, celui que ses détracteurs avaient surnommé Flamby  a clôturé une université d’été de La Rochelle mortifère, marquée par  le choc sclérosant des ambitions personnelles. « Le pire de nos rassemblements » selon Pierre Mauroy. Si François Hollande laisse un parti  socialiste dans un état de décomposition avancé, il n’entend pas pour autant s’effacer. Il faudra compter avec lui en 2012.
Un bilan mitigé
Onze années plus tard, le bilan de François Hollande à la tête du principal parti de la gauche française est des plus mitigés. L’éclatement a certes été évité mais, à quel prix ? “J’ai toujours voulu la cohésion, l’unité, l’esprit collectif dans l’intérêt du parti, parfois trop. Je mets en garde tous ceux qui seraient tentés de faire l’inverse” a avoué le député de Corrèze qui sait de quoi il parle.

“La fragmentation, la dispersion, l’émiettement sont les garanties du déclassement du PS” a-t-il prévenu en invitant à la constitution d’un “pôle central” pour gouverner le parti. Des conseils pertinents mais que lui-même n’aura pas été capable de mettre en oeuvre. La dernière campagne présidentielle aura justement marqué l’apogée dans le déclassement du PS. Une descente aux enfers, accentuée par des histoires de couple portées sur le devant de la scène médiatique.
L'absence d'un leader
François Hollande, c’est sans doute le principal reproche qu’on peut lui adresser n’aura finalement jamais réussi à s’affirmer comme le patron de la maison socialiste. Pas plus qu’il n’aura permis l’émergence du leader qui fait aujourd’hui tant défaut. Mais le voulait-il vraiment ? Derrière des rondeurs soigneusement cultivées, une mollesse de façade, l’homme a de l’ambition et du caractère. Le roseau plie mais ne rompt pas. François Hollande aussi.

Sa gestion de type directeur de cabinet aura été basée sur les consensus mous et les manoeuvres d’appareil destinées à assurer les synthèses de circonstance. Les victoires socialistes aux européennes et régionales de 2004 auront opportunément masqué son absence de ligne politique. Passe encore. Ne pas en avoir, c’est ne pas s’exposer. Son erreur stratégique majeure, historique, aura été de laissé se développer les ferments de la chienlit en manquant de fermeté à l’égard des nonistes lors du référendum sur le TCE de 2005.

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Pas de rancoeur pour les militants socialistes
Absence de discipline, absence de travail également au sein du parti. Homme brillant, François Hollande au cours de ses onze années à la tête du PS n’aura pas su créer les conditions d’un bouillonnement intellectuel, enfermant la formation socialiste en contrepoids par défaut, plus qu’en alternative crédible.

Et pourtant, à l’image d’une salle qui l’a longuement acclamé debout à l’issue de son discours, les militants socialistes n’ont pas de rancoeur à l’égard de leur futur ex premier secrétaire, conscients qu’ils sont de l’ingouvernabilité de leur parti et de l’ingratitude de la tâche.
Capital sympathie de François Hollande
Tantôt caustique "le PS, c’est jamais un fleuve tranquille surtout qu’il a plusieurs rivières et même quelques torrents !", tantôt grave «J’assume ce que j’ai fait, je prends toute ma part des défaites, j’assume aussi nos victoires collectives», François Hollande reste pour les militants socialistes, un camarade de combat.  Celui qui aura toujours essayé, à défaut d’avoir réussi, d’imposer la primauté du vote des militants et de décisions collective sur les aventures personnelles. Celui aussi qui aura préservé coûte que coûte l’unité du parti. Parce qu’au fond, quand il n’y a plus rien au plan des idées, c’est la seule chose qui reste.

Conscient du capital de sympathie dont il jouit auprès des militants, François Hollande compte bien le faire fructifier. Son dernier discours n’avait rien de nostalgique et ne signait pas des adieux mais la mue de la chrysalide accrochée à sa branche en papillon libre et batifoleur. Un discours fondateur par son épaisseur gage d’avenir pour son orateur. “Merci et à demain” auront été les derniers mots. Tout un programme pour quelqu’un qui n’aura que 58 ans en 2012.


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