Voilà THE question que se posent tous les écolos, convaincus de longue date ou tout juste “convertis” à la cause, passant toujours plus ou moins par le même cheminement, progressant tous selon une même ligne de prise de conscience, etc… Nous n’allons pas ici nous lancer dans le sempiternel débat sur le degré d’écolo-attitude (pour un récent aperçu de ce genre de débat, cf. les commentaires suivant cet article de Mattyas la semaine dernière) des uns et des autres, mais simplement vous interroger sur votre ressenti actuel… Car pour ma part, j’avoue qu’en cette rentrée je suis assez… mitigée… Pourquoi?
Parce que je me rends compte qu’il n’est pas facile de toujours garder le moral pour convaincre et autour de moi, certains acteurs dits “écolos” sont soient incohérents (et la question est alors “comment convaincre si l’on n’est pas soi-même exemplaire?”), soient découragés (à l’image d’un ami organisateur de festivals DD me disant ce week end… “pfff, au final on produit des déchets, on consomme de l’énergie que l’on pourrait éviter de consommeer… et je ne suis même pas sûr que cela serve à quelque chose”…).
Campagne “Be the Hero” du WWF Afrique du Sud réalisée par Ogilvy and Mather
Parce que l’on a beau réfléchir, produire, être créatif, lorsque je me rends dans un supermarché (ce qui arrive de temps à autre, même si cela reste rare), j’en ressorts malade et déprimée… Ma grille de lecture verte est telle que je vois toutes les failles, tous les défauts, et que je soupire en me disant “bah la route est encore longue“… Alors forcément, quand je discute avec Grégoire et qu’il m’explique qu’en Suède ils n’ont même plus besoin de spécifier “festival écolo” lorsqu’ils organisent une événement ou d’indiquer “qu’il ne faut pas imprimer cet email sauf nécessaire”… ou autre… parce que de toute manière tout sera éco-conçu et intégré, là aussi je souris… et je comprends pourquoi il veut rester en Suède!!
Campagne “Be the Hero” du WWF Afrique du Sud réalisée par Ogilvy and Mather
Parce que je sais pertinemment, au fond de moi, que l’on a beau faire toute la sensibilisation que l’on veut, il y aura toujours un pourcentage de la population qui ne saisira pas par elle-même… Elle réagira à la hausse des prix, et aux mesures fortes que pourrait instaurer un gouvernement écologiquement convaincu et véritablement courageux: aujourd’hui, le développement durable appartient aux entreprises et celles-ci l’on bien saisi (et encore!)… le Green Business fonctionne bien, mais pousser cette logique jusqu’au bout sera utile jusqu’à un certain seuil: les effets pourraient être contradictoires et oublier que la notion même de “consommation” doit être remise en cause… Pourquoi la réfexion n’est-elle pas plus poussée en France sur les notions d’économie de la fonctionnalité? Au-delà du marché de l’innovation, pourquoi les entrepreneurs ne s’interrogent pas plus sur la possibilité (et le challenge) consistant à racheter une entreprise et à la convertir selon les préceptes soutenables (cf. cet article d’Olivier à ce sujet d’ailleurs)? Les entreprises ont un rôle fantastique à jouer, mais je reste persuadée que sans contrainte politique plus forte, nous mettrons, dans certains secteurs, un temps fou à changer!
Campagne “Be the Hero” du WWF Afrique du Sud réalisée par Ogilvy and Mather
Parce que les gens ne demandent pas à changer tant qu’ils n’ont pas compris par eux-même. Séverine Millet le souligne parfaitement dans sa fameuse Stratégie du Colibri : faites un test autour de vous et demandez à vos proches s’ils veulent être sauvés… vous verrez que très peu sont en demande à ce sujet… Sauver le monde est un bel idéal, mais la déception vient justement de cet écart avec la réalité… Le mieux est donc, à l’image de cette campagne “Be the Hero” du WWF Afrique du Sud réalisée par Ogilvy and Mather, de continuer à agir au mieux et de réaliser son possible, en évitant de culpabiliser… et en étant vraiment responsable…
Campagne “Be the Hero” du WWF Afrique du Sud réalisée par Ogilvy and Mather
Malgré tout cela, malgré mon impatience et ce sentiment mitigé que j’éprouve parfois, je garde en moi une étrange force capable de déplacer des montagnes, une conviction “indécrottable”, une fougue ardente… bref, une envie de convaincre! Mais pas n’importe comment, et en ce sens cet article paru vendredi dernier sur l’excellent blog Economie Solidaire m’a vraiment plu. Comme le conseille Serge en effet, pour réellement convaincre quelques recommandations peuvent être données:
Ne vous pressez pas. Certains écologistes sont si préoccupés par le sort de la planète qu’ils en deviennent des boules de stress ambulantes. Chaque mot qui sort de leur bouche est alors ressenti comme une agression personnelle et forcément le message ne peut pas passer. A la place, expliquez plutôt à ceux que vous voulez convaincre à quel point vous appréciez le fait d’être « vert ». Attendez plutôt qu’ils vous interrogent sur votre comportement. Il seront prêt à vous écouter et votre message passera certainement mieux
Une idée ne suffit pas, il faut constamment poser de nouveaux problèmes dans des angles différents. Les gens en ont marre d’entendre parler du réchauffement climatique, parlez plutôt d’autres problématiques plus proches des gens comme la propreté du parc à côté de chez eux. Si votre voisin ne veut vraiment pas devenir végétarien car il aime lancer de gros steaks sur son grill (et je le comprends tout à fait), proposez lui plutôt de venir à votre barbecue bio où vous lui ferez goûter des produits locaux et de la bonne viande.
Posez les bonnes questions. De toutes façons, comme dans l’expérience de Kurt Lewin, on peut noter qu’une prévention purement informative est rarement efficace et parvient difficilement à convaincre un auditoire. Le message passe peut être, mais les comportements ne changent pas. Alors que si on invite les gens à réfléchir à un problème, à se poser une question au cours d’une discussion en groupe, ils trouvent eux-mêmes les solutions et sont par la suite plus enclins à modifier leurs comportements dans la vie quotidienne. Engagez une discussion avec vos amis, animez le débat (sans prêcher la bonne parole), et laissez-les tirer les conclusions qui s’imposent.
Rendez la tâche facile à vos amis pour suivre vos habitudes écologiques. Au lieu de râler quand l’un d’entre eux n’amène pas de sac réutilisables au supermarché, offrez lui plutôt ces sacs écolos trop pratiques et beaux en cadeau (pas à son anniversaire, il pourrait le prendre mal). De cette façon, ils seront à côté de lui s’il veut aller faire ses courses avec.
Vous verrez que leur regard aura peut être changé…
Pour avoir expérimenté cette méthode auprès de certains proches, je peux vous assurer qu’elle fonctionne, et il n’y a rien de plus agréable (et touchant) lorsque un ou une ami(e) vous dit “ben oui, le fait d’avoir discuté avec toi m’a fait réfléchir et du coup on a décidé de ne pas prendre l’avion/de faire attention à notre alimentation/de trier/d’acheter des cosmétiques bio/de s’inscrire à une AMAP, etc.”
Enfin, quel est votre ressenti de votre côté? Quelles sont vos plus belles victoires? Quel est votre méthode? Avez vous des conseils autres que ceux proposés par Serge pour progresser dans le partage de cette passion qu’est l’écologie…?