Si le décès de Soljenitsine a été présenté comme celui du Résistant au totalitarisme soviétique, celui de Nesterenko, survenu la semaine dernière et passé sous un silence quasi-total, aurait du être celui de la résistance à la désinformation et au mensonge. Membre de l'Académie des Sciences du Belarus, physicien de haut niveau international, il est le dernier des « liquidateurs » à disparaître , puisqu'il survola la centrale quelques heures après son explosion, à bord d'un hélicoptère qui larguait de l'azote liquide au dessus du cratère du réacteur 4. Son décès est du reste lié à cet épisode de sa vie qui a changé le cours de sa carrière.
Dès 1986, et face à la fois au mensonge et à l'inaction du pouvoir soviétique, Nesterenko décide d'arrêter les travaux scientifiques de l'Institut de l'énergétique nucléaire de la Biélorussie, qu'il dirigeait et de faire étudier par les scientifiques de l'Institut , les conséquences de Tchernobyl aux fins d'aider les populations sinistrées. Il subit alors les foudres du régime : limogeage, pressions du KGB. Il a même échappé à deux attentats. Il fonde ,en 1990, avec le soutien d'Andrei Sakharov, ,Alès Adamovitch et et Anatoly Karpov l'Institut indépendant de radioprotection "Belrad"qui forme à la radioprotection les médecins, les enseignants, les infirmières.