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Le livre et la terrine font bon ménage

Publié le 02 septembre 2008 par Magda

Rencontrer un éditeur grâce à Maïté, serait-ce possible?

Quand Barry Lindon l’Irlandais m’emmène dîner, ça finit toujours comme un doux rêve hippie. Tout le monde se parle, tout le monde vient des quatre coins du monde, tout le monde est beau à la lueur d’un verre de Chinon. Ce soir, j’étais bien entourée, donc, puisque Barry Lindon l’Irlandais et son ami N. L’Italien étaient d’humeur joyeuse, à se taper des terrines bien de chez nous dans une petite adresse franchouillarde qui niche dans ma rue (ne comptez pas sur moi pour la divulguer, déjà qu’il faut faire la queue un soir sur deux…). Mais j’étais aussi gardée par mon chien de faïence de frère, sérieux comme un pape et ironisant sur le monde avec son humour pince-sans-rire habituel, derrière ses lunettes snobs. Bref, on se marrait autour d’un dîner à vingt euros comme on n’en fait plus beaucoup à Paris.

L’heure fatale de se griller une petite blonde, décidée par le gouvernement pour le bien de tous, nous mène sur le trottoir devant notre charmant restaurant. Un homme à l’allure de Père Noël baroudeur nous tient la porte, tout aux voluptés de sa gitane incendiaire. Miracle et ironie des lois françaises : parce qu’il nous faut fumer dehors, nous nous mettons à parler avec le bonhomme.

Bingo. Ancien éditeur, il a baroudé pour son travail, du Pôle Nord aux Orients lointains, avant de se poser enfin à Paris pour bouffer comme nous de bonnes terrines de campagne.  Il travaillait pour la maison Artaud, aujourd’hui rachetée par Flammarion. A bien connu Benjamin Flammarion, “un vrai amoureux des livres“. Depuis sa maison de Madras, dans le Sud de l’Inde, notre interlocuteur aimait à rendre quelques services à Mère Teresa. Selon lui, l’époque hippie a eu ses dommages collatéraux - mais c’était magique, tout de même.

Aujourd’hui, rien n’est plus pareil. Votre jeunesse est triste. Nous, nous étions fous. Vous n’avez pas eu le choix. Aujourd’hui, vous pouvez trouver dans les livres et les voyages une chose bien différente de celle que nous avions. Nous avions le rêve, vous aurez la lucidité. Ce qui est bien plus précieux.

Cela m’a tellement rendue joyeuse, et l’ami Italien me racontait des choses tellement bizarres et magnifiques sur des femmes vidéastes suisses des années 40, que j’ai repris du dessert : une magnifique tarte maison à la rhubarbe. L’ancien éditeur s’est alors penché vers moi en souriant dans sa barbe blanche : “Ça fait plaisir de voir une jeune fille d’aujourd’hui aussi gourmande”. Pour un peu, je me serais prise pour Maïté.

C’était la minute littéraire et futile du soir, bonne nuit et vive la rhubarbe.

(Et d’avance, bonjour à la majorité d’entre vous qui n’avez pas un rythme totalement décousu!)


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