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A quoi sert la Conférence Métropolitaine? Ou un absent si présent…

Publié le 09 juillet 2007 par Jean-Paul Chapon

Viendront, viendront pas ? finalement, les élus UMP ne sont pas venus, et pour la majorité présidentielle, 1 UMP, le 1er adjoint de Joinville et 3 UDF ou NC, le maire de Vanves, celui de Vincennes, et celui de Sceaux, ont fait le déplacement de Cachan. Dommage et peu constructif alors que pour sa 3ème session, vendredi 6 juillet, la Conférence Métropolitaine semblait avoir un agenda dicté par celui qui veut ériger l’ouverture en méthode de gouvernement. Question ouverture, les élus UMP se sont montrés aussi frileux que Nicolas Sarkozy est entreprenant. En fait l’ouverture, ça doit dépendre de qui tient la poignée, ou de qui viennent les ordres… D’autant plus dommage, que la confrontation avec la soixantaine d’élus parmi lesquels un Jean-Pierre Brard ou un Patrick Braouezec, sur des thèmes tels que la densification ou l’étalement urbain aurait pu être très fructueuse. Sans oublier les possibles prises de position sur le Grand Paris, mais là on attendra prudemment la voix de son maître…

La Conférence Métropolitaine n’a pas de pouvoirs véritables, et ce n’est pas son objet. C’est un lieu de rencontre et d’échange explique Pierre Mansat, adjoint du maire de Paris en charge des relations avec les collectivités, un lieu de concertation et d’élaboration de propositions à l’échelle de la zone dense de l’agglomération parisienne. Alors même si elle n’est qu’une étape, autant y participer surtout que, rappelons-le encore une fois, il peut en sortir des points intéressants comme le consensus affiché à Montreuil autour de Métrophérique.

Un lieu de constat : réapparition de bidonvilles, manifestations de mal logés, opérations de renouvellement urbain aggravant la tension sur le logement avec un taux de remplacement inférieur à 1 pour 1, faiblesse des rotations dans les HLM, apparition de demandeurs de logement sociaux venant du secteur privé, un tableau peu encourageant. A cela il faut ajouter une évolution constatée par certains maires, « logement social » est quasiment devenu un gros mot avec parfois des réactions xénophobes ou racistes, ou bien encore réflexe NIMBY (Not In My Back Yard, pas dans mon jardin) de nouveaux arrivants « bobos » qui s’opposent à la construction de logements sociaux en face de chez eux. Le problème du logement relève de la quadrature du cercle.

Un lieu de propositions, comme un laboratoire, où lancer des pistes diverses. Création d’une autorité organisatrice du logement à l’échelle de la région sur le modèle du STIF, proposition à laquelle un autre maire s’oppose, arguant du fait qu’en terme de logement la décision finale revient au niveau municipal. Transfert du secteur privé sur le logement social, une aide au logement serait plus rapidement efficace et moins coûteuse que la construction de logements supplémentaires. Manque de foncier, on évoque la vente de terrains de l’Etat ou d’entreprises publiques. Le Droit au logement opposable fait aussi réagir sur le risque de le voir devenir un outil de ségrégation sociale : le plus de logement social proposé, le moins de logement opposable imposé, le moins de logement social, le plus de logement opposable. L’inégalité fiscale entre les départements est aussi pointée du doigt.

Des thèmes, sur un mode parfois lyrique, il faut réhabiliter le logement social, ce n’est pas la misère, ce n’est pas un handicap, c’est un atout. Des prises de positions consensuelles, il faut lutter contre le logement indigne. Contre le marché spéculatif du logement d’urgence dans les hôtels, un appel pour que les collectivités négocient ensemble à la baisse, peser sur ce marché devenu spéculatif. L’aspect économique est plus en creux, si on souligne qu’il faut une forte articulation emploi/habitat/transport, on critique plus le poids dominant de la Défense, obstacle au rééquilibrage Est-Ouest que l’on ne fait de propositions pour le contrebalancer, mais il est vrai que le thème est le logement.

On insiste enfin sur les notions d’esthétique, la qualité pour la banlieue en général, et le logement social en particulier, avec un rappel de la banlieue laboratoire d’architecture des années 30, époque où le logement social était beau. On insiste enfin sur le fait qu’il faut construire pas seulement des logements mais aussi des quartiers : logements, équipements, services et transports.

La densification, construire la ville sur la ville. Sans densification, pour atteindre les objectifs du SDRIF, il faudrait urbaniser 6 à 8 fois la superficie de Paris explique Mireille Ferri, vice-présidente verte du Conseil Régional d’Ile-de-France. On souligne la corrélation entre étalement urbain et tri social. Si on continue avec la logique d’étalement urbain, on est mort. Pour Patrick Braouezec, la densification n’est pas un tabou. Elle doit être souhaitée, assumée, expliquée par les villes qui la décident. Mais pour autant, le message de la densification n’est pas facile à faire passer et est loin de faire l’unanimité. Les humains c’est comme les pommes, à force des le entasser, elles finissent par pourrir. Jusqu’à poser la question, la densification urbaine est-elle nécessaire, si on peut pallier à l’étalement urbain par une réseau de transports performant ? Logements et transports, les deux éléments clés autour de la gouvernance de l’agglomération parisienne.

Et c’est là que l’ombre du grand absent se profile. Dès le début de la matinée, Yves Le Bouillonec maire de Cachan et président de la séance, a proposé de débattre pendant quelques moments de l’actualité, le discours de Sarkozy à Roissy, le SDRIF, le Grand Paris. Faut-il en parler, où et quand. Pour le moins on est loin de l’unanimité, et les divisions ne recouvrent pas une simple opposition gauche droite, d’ailleurs réduite ce vendredi 6 juillet à sa plus simple expression à Cachan. Si certains rappellent que la Conférence Métropolitaine n’est pas un lieu de réunion politique et que le sujet du jour est le logement, d’autres considèrent que l’intervention de Sarkozy est une bonne chose car elle lance la question de la gouvernance de l’agglomération dans le grand public. Bertrand Delanoë, le maire de Paris, souhaite que l’on parle franchement, avec honnêteté intellectuelle et pragmatisme, en mettant de côté les considérations politiciennes. L’idée qui se dégage est d’inscrire le thème à une prochaine séance de la Conférence Métropolitaine. Mais un point d’unanimité : rien ne doit se faire de façon autoritaire et surtout sans les élus. Les maires veulent se faire entendre sur le sujet. Le président de la Région Ile-de-France, par un amusant retournement, finit même par trouver des charmes à la Conférence Métropolitaine dans laquelle on travaille de bonne manière. Et tous de se raccrocher au SDRIF, processus démocratique entamé, et qui doit aller à son terme. Finalement, on reproche la brutalité de la méthode, mais on saisirait bien l’opportunité de mettre le sujet de la gouvernance de la zone dense sur la table, certains comme Gilles Catoire allant jusqu’à proposer l’organisation d’un référendum, comme pour la Corse ou les Dom. Le Grand Paris ou non, la zone dense ? Le Grand Paris reviendrait-il à repousser à sa nouvelle périphérie les problèmes d’aujourd’hui ? Et qu’est-ce que la zone dense ? Françis Chouat, vice-président PS du Conseil Général de l’Essonne se rappelle au bon souvenir de ses collègues. La Conférence Métropolitaine concerne d’abord Paris et les trois départements de la petite couronne, mais est ouverte aux autres, s’ils veulent la rejoindre.

Sur le SDRIF, des prises de positions intéressantes, marquant peut-être des lignes de partage, entre la Région et le Grand Paris. Bien sûr tous saluent le travail effectué, mais la fidélité au texte n’est pas aussi forte chez les uns que chez les autres. Face à l’attaque de Sarkozy, le SDRIF est brandi comme un étendard autour duquel doivent se rassembler les élus. Jean-Paul Huchon souligne que pendant trois ans, il n’a pas vu une seule collectivité dire qu’il fallait arrêter le processus de révision. Le moment de quelques belles envolées, il n’y a pas de Baron Haussmann dans la procédure actuelle, il n’y a pas de Paul Delouvrier dans la procédure actuelle, nous somme dans une démocratie décentralisée. Pour autant tous ne voient pas le texte avec les yeux de Chimène, certains trouvant par exemple trop timorée les avancées en matière de transports. Une proposition intéressante suggère un travail de comparaison du contenu des PLU avec les grandes orientations du SDRIF, tenter l’exercice avec le risque de rencontrer des écarts entre des ambitions nécessaires et ce qui est prévu localement. Entre les prises de position sur la densification et les remarques sur le SDRIF, peut-on lire une esquisse de ligne de partage entre les partisans d’une approche régionale, et ceux qui se laisseraient plus facilement séduire par un Grand Paris ? Pour l’instant, tous réitèrent leur soutien au rôle de la Région : rien n’est envisageable sans elle…

Et pas d’affrontement Paris / Banlieue, la Conférence est un lieu de consensus, même si de temps en temps les sujets qui dérangent refont surface, mais relégués à la gestion de l’héritage historique, celui de Chirac et Tibéri, lorsque l’on parle par exemple des HLM de Paris en banlieue. Pierre Mansat explique volontiers que dans la Conférence Métropolitaine, un élu vaut un élu, mais lorsque Bertrand Delanoë propose, on sent un certain poids ;-) Dire ensemble des choses fortes, sinon il ne se passera rien. Une affirmation reprise par d’autres, qui insisteront sur la nécessité de « paroles fortes », laisse penser que faute d’institutions fortes, il faut un discours fort. Quelle suite à cette séance ? Le maire de Paris propose des prolongements aux séances de travail, avec la mise en place d’instruments, du style commissions ou groupes de travail. La mise en commun de données et de méthode est en effet une proposition qui a rencontré un fort consensus lors de cette réunion. Alors un pas supplémentaire en proposant une équipe travaillant sur des thématiques avec des adjoints, des réunions régulières tous les 2 mois par exemple, et le transfert des analyses de la Conférence Métropolitaine à des groupes d’action. Mise en place de structures plus stables sans les nommer, en attendant de mettre en place les structures d’un Grand Paris ?


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