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Critique Ciné : A l'ancienne (2024)

Publié le 07 janvier 2025 par Delromainzika @cabreakingnews
Critique Ciné l'ancienne (2024)

A l'ancienne // De Hervé Mimran. Avec Didier Bourdon, Gérard Darmon et Chantal Lauby.

Hervé Mimran, coréalisateur du succès Tout ce qui brille, revient avec un nouveau long-métrage intitulé À l'ancienne. Ce film, qui se veut une comédie en hommage aux classiques du genre, réunit pour la première fois Gérard Darmon et Didier Bourdon dans une histoire d'escroquerie à la française. Si le concept intrigue sur le papier, l'exécution laisse perplexe, notamment en raison d'un rythme poussif et d'une mise en scène datée. Le duo principal, composé de Gérard Darmon et Didier Bourdon, est sans doute l'élément le plus séduisant du film. Leur complicité, à la fois naturelle et teintée d'une douce ironie, apporte quelques éclats de rire bienvenus.

Deux amis de toujours vivent sur une petite ile de Bretagne et découvrent que l'un des habitants a gagné le gros lot à la loterie nationale. Les deux vieilles canailles se mettent alors à la recherche du mystérieux gagnant afin de s'assurer ses faveurs avant que la nouvelle ne se répande. Mais lorsqu'ils découvrent que ce dernier est mort, ticket gagnant en main, ils décident d'organiser avec la complicité de tout le village une grande arnaque au loto pour prendre sa place.

Didier Bourdon, fidèle à son talent comique, parvient à arracher des sourires grâce à des mimiques exagérées et des situations cocasses qui flirtent avec l'absurde. Gérard Darmon, quant à lui, campe un personnage plus en retenue, offrant un contrepoint intéressant. Malheureusement, malgré leur talent indéniable, les deux acteurs semblent enfermés dans un scénario qui peine à décoller. Le film repose sur une intrigue simple : deux retraités modestes, vivant sur une petite île isolée en mer d'Iroise, mettent la main sur un ticket de loterie gagnant. L'idée aurait pu donner lieu à une satire mordante ou une comédie enlevée, mais elle se heurte à un traitement maladroit et prévisible.

À l'ancienne est en réalité une adaptation du film britannique Vieilles Canailles (1998), réalisé par Kirk Jones. Cette filiation est visible dans la construction narrative, mais le film de Mimran peine à retrouver la légèreté et l'efficacité des comédies anglaises classiques. À certains égards, il tente de rendre hommage à certaines oeuvres de la comédie britannique, mais le charme et l'esprit de ces références manquent cruellement. Le scénario multiplie les péripéties anecdotiques et les quiproquos, allant de la perte du ticket à des complications administratives improbables. Ces détours, qui auraient pu enrichir l'histoire, finissent par alourdir l'ensemble. En cherchant à prolonger artificiellement le suspense, le film perd en dynamisme et en impact comique.

Si le film souffre de nombreux défauts, il aborde néanmoins un thème d'actualité : la désertification rurale. L'île isolée où se déroule l'action devient un symbole des territoires oubliés, où les infrastructures publiques se dégradent et où les habitants doivent constamment recourir au système D. Le récit illustre cette précarité à travers des détails évocateurs, comme une antenne-relais hors service ou l'utilisation d'une vieille cabine téléphonique pour pallier l'absence de réseau. Ces éléments apportent une touche réaliste et ancrée dans le quotidien, qui contraste avec l'aspect burlesque de l'intrigue. Cependant, cette dimension sociale, bien que pertinente, reste en surface.

Le film ne parvient pas à transformer cette critique en un véritable moteur narratif ou en une réflexion aboutie. Le collectif villageois, qui finit par se rallier à l'arnaque des deux protagonistes, illustre une forme de solidarité touchante, mais le message reste dilué dans une succession de scènes prévisibles.La mise en scène, sans être désagréable, manque cruellement de personnalité. Les décors naturels de l'île bretonne offrent un cadre visuellement plaisant, mais ils ne sont pas exploités à leur plein potentiel. Certaines séquences, notamment une course-poursuite finale entre une moto et un scooter pour handicapé, auraient pu devenir des moments de comédie visuelle mémorables. Hélas, elles tombent à plat en raison d'un manque de rythme et d'audace.

De plus, les personnages secondaires, pourtant nombreux, sont laissés en arrière-plan. À l'exception de l'enquêtrice du Loto, dont le flair est contrecarré par une allergie hilarante à la bruyère, la plupart des figures secondaires manquent de développement et d'originalité. Cette négligence empêche le spectateur de s'attacher pleinement à l'univers du film.Le titre du film, À l'ancienne, semble résumer à lui seul son essence : une œuvre tournée vers le passé, empreinte d'un certain charme désuet. Pourtant, ce choix stylistique, loin d'être une force, devient rapidement un handicap. La nostalgie affichée ne parvient pas à masquer un manque criant d'innovation et de modernité.

En s'appuyant sur des ressorts comiques usés et des situations prévisibles, le film peine à séduire un public habitué à des récits plus percutants et contemporains. À l'ancienne aurait pu être une comédie tendre et drôle, portée par deux grands acteurs et un cadre propice à l'évasion. Malheureusement, ses intentions louables se heurtent à une réalisation sans relief et à un scénario qui manque d'ambition. Si quelques moments amusants parviennent à émerger, notamment grâce à Didier Bourdon, ils sont trop rares pour compenser les longueurs et les maladresses du film. Ce long-métrage laisse un goût amer, celui d'une occasion manquée. Pour ceux qui espéraient retrouver la magie des comédies d'antan ou une critique sociale subtile, À l'ancienne risque de décevoir.

Note : 4.5/10. En bref, une comédie désuète aux saveurs mélancoliques. Il reste une curiosité pour les amateurs de Gérard Darmon et Didier Bourdon, mais il ne s'inscrira pas parmi les grandes réussites du cinéma français.

Sorti le 4 septembre 2024 au cinéma - Disponible en VOD


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