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Critique Ciné : Carved (2024, Disney+)

Publié le 27 janvier 2025 par Delromainzika @cabreakingnews
Critique Ciné Carved (2024, Disney+)

Carved // De Justin Harding. Avec DJ Qualls, Chris Elliott et Elvis Nolasco.

Le cinéma d'horreur a toujours su explorer des concepts originaux, parfois même absurdes, pour captiver son public. Certains films comme L'Attaque des tomates tueuses ont su embrasser leur absurdité avec humour, créant des œuvres qui, malgré leurs défauts, restent divertissantes. Malheureusement, Carved, réalisé par Justin Harding, ne parvient ni à se hisser au rang d'un plaisir coupable ni à offrir une expérience réellement mémorable. Le point de départ semblait pourtant intrigant, bien que simpliste : lors d'un concours de découpe de citrouilles dans une petite ville, l'une d'elles prend vie, semant chaos et meurtres sur son passage.

Une adolescente, son jeune frère et d'autres personnes se retrouvent piégés dans un village du XVII° siècle reconstruit à l'occasion d'Halloween.

Une idée qui aurait pu donner lieu à une comédie horrifique fun et décomplexée. Hélas, ce n'est pas le cas ici. Le film peine à justifier sa durée et s'enlise rapidement dans une narration statique et un manque criant d'inspiration. Le film débute avec un contexte qui aurait pu être intéressant : une petite ville marquée par un accident chimique à la suite d'un déraillement de train. Ce cadre initial semblait promettre un sous-texte environnemental ou une critique sociale. Mais ces éléments ne sont qu'effleurés et finissent par être totalement oubliés dès que la citrouille mutante entre en scène. La première apparition de cette créature est visuellement réussie, grâce à des effets pratiques qui attirent brièvement l'attention.

Mais cet élan est vite freiné par une répétition monotone des meurtres et des scènes qui n'apportent rien de neuf. L'idée de base, déjà mince, s'épuise rapidement et ne parvient jamais à évoluer. On reste figé dans une suite de situations convenues où l'ennui prend le dessus. L'un des principaux problèmes de Carved réside dans ses personnages. Ils manquent cruellement de profondeur, se contentant de remplir des rôles stéréotypés sans jamais susciter la moindre empathie. La galerie de protagonistes, composée notamment d'une grande sœur et de son petit frère, n'offre rien d'attachant. Les dialogues, souvent trop longs et inutiles, alourdissent encore davantage le récit.

Le film souffre également de performances inégales. Le jeune acteur jouant le rôle clé du petit frère peine à convaincre, mais il serait injuste de lui attribuer l'entière responsabilité de cette faiblesse. Les autres membres du casting, notamment l'actrice incarnant la sœur aînée et son petit ami, livrent eux aussi des prestations fades, voire mécaniques. En résulte un ensemble où aucune dynamique ne fonctionne vraiment. Justin Harding, habitué aux courts-métrages d'horreur, avait déjà exploré le concept de Carved dans un format plus court en 2018. À l'époque, ce projet n'avait déjà rien de particulièrement marquant, mais il semble que le passage au format long ait aggravé ses faiblesses.

Le principal défaut de la mise en scène est son absence totale d'énergie. L'action se déroule principalement dans des décors peu variés, notamment une grange où les personnages restent cloîtrés pendant une grande partie du film. Ce choix aurait pu renforcer une atmosphère claustrophobe si la tension avait été maîtrisée. Mais ici, tout paraît figé, comme si le film hésitait constamment entre horreur et comédie sans jamais pleinement s'engager dans l'un ou l'autre. Même les tentatives d'effets gore, qui auraient pu compenser la faiblesse du scénario, tombent à plat. Visuellement datés, ces effets peinent à impressionner ou à surprendre.

L'humour, quant à lui, manque cruellement de mordant, rendant les rares moments supposés comiques presque gênants.Les comédies horrifiques réussissent souvent à charmer leur public lorsqu'elles acceptent pleinement leur absurdité. Elles jouent alors sur l'autodérision et le second degré, à l'image de classiques comme Shaun of the Dead ou des séries Z cultes. Avec Carved, l'humour reste en surface, ne parvenant jamais à provoquer le moindre sourire. Distribué par Disney+ dans certaines régions, le film semble davantage correspondre à une production destinée à un public adolescent ou familial. Mais même dans ce cadre, le ton ne trouve pas sa cible.

Quelques éléments gores pourraient attirer un public plus adulte, mais ces séquences restent trop rares et mal exécutées pour véritablement marquer les esprits. Pour apprécier une production à petit budget ou une série Z, il faut souvent accepter certains compromis : des effets spéciaux approximatifs, des intrigues simplistes ou des performances inégales. Ce qui fait la force de ces films, c'est leur capacité à captiver malgré leurs limites. Malheureusement, Carved ne parvient jamais à combler ses lacunes par de la créativité ou un sens de l'humour assumé. Le film donne l'impression d'avoir été conçu à la hâte, sans réelle direction artistique ou ambition narrative.

Ce manque d'effort se ressent particulièrement dans l'écriture : un scénario qui s'étire inutilement, des dialogues lourds et des personnages qui ne suscitent ni intérêt ni émotion. Même le potentiel métaphorique de cette citrouille vengeresse est laissé inexploité, privant le film d'une profondeur qui aurait pu relever le niveau. Avec Carved, Justin Harding prouve que toutes les idées, même les plus originales, ne sont pas adaptées à un long format. Le court-métrage original, bien que loin d'être parfait, avait au moins l'avantage de ne pas s'éterniser. En étirant cette histoire sur plus d'une heure et demie, le film s'embourbe dans des longueurs inutiles qui amplifient ses faiblesses.

Le réalisateur aurait peut-être gagné à travailler davantage sur le scénario ou à collaborer avec des scénaristes expérimentés pour affiner son concept. En l'état, Carved ressemble davantage à un brouillon qu'à une œuvre aboutie. Carved est un exemple de film d'horreur qui échoue à tirer parti de son concept. Malgré une idée de départ prometteuse, l'exécution manque de dynamisme, de créativité et d'engagement. Le résultat est un long-métrage fade, où ni l'horreur ni l'humour ne parviennent à captiver. Si le film peut intriguer les curieux ou les amateurs de séries Z à la recherche d'un visionnage sans prétention, il reste difficile de recommander Carved à quiconque attend une expérience marquante ou simplement divertissante.

Note : 1/10. En bref, c'est très mauvais. À la fin, la seule chose que l'on retient, c'est le potentiel gâché d'une idée qui, dans de meilleures mains, aurait pu donner lieu à une comédie horrifique mémorable.

Sorti le 23 novembre 2024 directement sur Disney+


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