Après une première saison acclamée, The Night Agent revient avec une deuxième saison de dix épisodes. Cependant, loin d'égaler l'intensité et la cohérence de la première saison, cette suite laisse un goût amer. Alors que la saison 1 avait captivé grâce à son intrigue bien structurée et ses personnages solides, la saison 2 s'égare dans des choix narratifs discutables, des incohérences et des personnages mal exploités. La première saison de The Night Agent s'appuyait sur le roman de Matthew Quirk, ce qui lui donnait une base narrative solide. Ce n'est pas le cas de la saison 2, qui a été entièrement conçue par une équipe de scénaristes, sans roman pour guider son développement.
Cette absence de matériau source se ressent immédiatement. Contrairement à la saison 1, qui avait une direction claire et une intrigue bien construite, la saison 2 semble hésitante. Les scénaristes multiplient les sous-intrigues et introduisent de nouveaux personnages, mais ces éléments sont souvent mal exploités ou insuffisamment développés. Résultat : une narration décousue qui peine à captiver. Cette tentative de combler le vide laissé par l'absence de roman se traduit par une surenchère d'événements. Au lieu d'approfondir les thèmes et les personnages, la série se perd dans des scènes inutiles et des retournements de situation prévisibles.
L'un des principaux reproches que l'on peut adresser à cette saison est son manque de cohérence narrative. Alors que la première saison offrait un équilibre entre suspense, action et développement des personnages, cette deuxième saison multiplie les scènes d'action au détriment de la logique et de la tension dramatique. Les situations dangereuses, qui devraient être des moments de suspense intenses, manquent de crédibilité. Les personnages, qu'ils soient agents expérimentés ou simples civils, prennent des décisions incompréhensibles qui sabotent l'intrigue.
Par exemple, certaines scènes montrent des civils comme Rose Larkin résoudre des situations complexes de manière totalement invraisemblable, ce qui fragilise le réalisme de la série. En outre, l'intrigue principale est diluée par une surabondance de sous-intrigues qui n'apportent pas grand-chose au récit global. Au lieu de se concentrer sur un fil conducteur clair, la série tente d'explorer trop de pistes en même temps, ce qui donne une impression de confusion et de précipitation. Le succès d'une série repose souvent sur la force de ses personnages, et c'est précisément là que cette saison déçoit le plus.
Si certains acteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu, beaucoup sont desservis par une écriture maladroite.Rose Larkin, interprétée par Luciane Buchanan, est probablement l'un des personnages les plus critiqués de cette saison. Bien qu'elle ait été introduite comme une civile ingénieuse dans la première saison, son rôle dans cette nouvelle intrigue est souvent perçu comme irréaliste. Sans formation ni expérience dans le domaine de l'espionnage, Rose parvient à résoudre des problèmes et à survivre à des situations qui devraient normalement être hors de sa portée. Ce traitement du personnage soulève des questions sur la crédibilité de la série.
Plutôt que de s'appuyer sur ses forces de civile pour offrir une perspective unique, les scénaristes ont choisi de la transformer en une sorte de " super-héroïne " improvisée. Cette évolution mal gérée rend son personnage difficile à croire et diminue l'impact des scènes dans lesquelles elle intervient. Gabriel Basso, dans le rôle de Peter Sutherland, reste un point fort de la série. Son interprétation est convaincante et donne une certaine crédibilité à l'histoire. Cependant, même lui ne parvient pas à sauver la saison. Son personnage est souvent isolé au sein de l'intrigue, et son développement personnel est laissé en suspens.
Peter est censé être le pivot central de la série, mais il est souvent éclipsé par des sous-intrigues inutiles ou par des personnages secondaires qui n'apportent pas grand-chose. Ce déséquilibre affaiblit l'impact global de la saison.Un autre point problématique réside dans la manière dont les personnages féminins sont représentés dans cette saison. Beaucoup d'entre elles sont dépeintes comme émotionnellement instables, faibles ou excessivement dépendantes des personnages masculins. Ce traitement stéréotypé des femmes est non seulement frustrant, mais aussi contre-productif pour une série qui devrait s'efforcer de refléter une plus grande diversité de rôles et de dynamiques.
Le genre du thriller d'espionnage repose sur une certaine dose de réalisme, même lorsqu'il s'agit de fiction. Malheureusement, cette saison de The Night Agent échoue à maintenir un niveau crédible dans ses choix scénaristiques. Les événements se succèdent à un rythme effréné, mais beaucoup d'entre eux manquent de logique. Par exemple, les antagonistes semblent capables de localiser les personnages principaux à tout moment, mais ces derniers parviennent toujours à s'échapper grâce à des coïncidences improbables. Ces incohérences répétées nuisent à la crédibilité de l'intrigue et rendent difficile l'immersion dans l'histoire.
De plus, les dilemmes moraux qui auraient pu enrichir le récit sont souvent simplifiés ou mal exploités. Le thème central - faire ce qui est moralement juste contre sacrifier ses principes pour le bien commun - est traité de manière superficielle, sans réelle profondeur. Cela laisse le spectateur avec une impression de potentiel gâché.Un autre point faible de cette saison est la qualité inégale des performances des acteurs. Si Gabriel Basso reste solide dans son rôle principal, beaucoup d'autres acteurs peinent à convaincre. Les dialogues, souvent plats et répétitifs, n'aident pas.
Luciane Buchanan fait de son mieux avec le matériel qui lui est donné, mais son personnage de Rose est limité par une écriture médiocre. Certains personnages secondaires, comme Javar et Solomon, apportent une certaine fraîcheur grâce à des interprétations plus nuancées, mais ils ne reçoivent pas assez de temps à l'écran pour véritablement briller. La saison 2 de The Night Agent échoue également à apporter quelque chose de nouveau au genre. Le thriller d'espionnage est un domaine saturé, avec des séries comme 24, Homeland ou encore Jack Ryan, qui ont élevé la barre en termes de suspense et de complexité narrative.
Malheureusement, cette saison se contente de recycler des idées déjà vues, sans les réinventer ni leur apporter une perspective unique. Les scènes d'action, bien qu'abondantes, manquent souvent d'impact en raison d'un manque d'enjeu émotionnel ou de surprise.Si The Night Agent devait revenir pour une troisième saison, il y aurait plusieurs leçons à tirer de ces erreurs. A commencer par recentrer l'intrigue. Plutôt que de multiplier les sous-intrigues, il serait préférable de se concentrer sur une histoire principale solide et captivante. Il faut également améliorer l'écriture des personnages. Les personnages doivent être plus cohérents et mieux développés, avec des arcs narratifs crédibles et intéressants.
Ce qui a manqué à cette saison, c'est de renforcer la tension dramatique. Les scènes d'action et de suspense doivent être mieux construites pour maintenir l'attention du spectateur. J'aimerais bien que la saison 3 offre aussi une meilleure représentation des personnages féminins. Les femmes dans la série doivent être dépeintes comme des personnages complexes et compétents, plutôt que de se limiter à des stéréotypes. Et enfin, il faut que les scénaristes réussissent à trouver un équilibre entre réalisme et fiction. Pour qu'un thriller fonctionne, il doit être suffisamment réaliste pour permettre au spectateur de s'immerger dans l'histoire.
En résumé, la deuxième saison de The Night Agent est loin de la réussite qu'avait été la première. Avec un scénario confus, des personnages mal exploités et un manque de tension dramatique, cette suite déçoit sur plusieurs points. Cependant, tout n'est pas perdu. Gabriel Basso reste une figure centrale solide, et la série conserve un certain potentiel. Si une saison 3 voit le jour, elle devra opérer des changements significatifs pour regagner la confiance des spectateurs et retrouver la magie qui avait fait le succès de la première saison. En attendant, ceux qui cherchent un thriller d'espionnage captivant pourraient mieux investir leur temps dans d'autres séries du genre.
Note : 4/10. En bref, une tentative décevante après une première saison prometteuse.
Disponible sur Netflix
Netflix n'a pas encore renouvelé The Night Agent pour une saison 3 à l'heure où j'écris ces lignes.
