Au-delà de Browne : le PP 2.0 et 2.x

Publié le 30 janvier 2025 par Chroom

Dans notre dernier article, nous avons parlé du portefeuille permanent d'Harry Browne, une stratégie d'investissement à long terme axée sur la diversification et la résilience face aux fluctuations économiques. Cette approche repose sur quatre piliers : les actions pour la croissance, les obligations à long terme pour la déflation, l'or pour la protection contre l'inflation, et les liquidités pour la stabilité en période de récession.

Nos backtests ont indiqué que le portefeuille permanent (PP) excelle dans la gestion des risques, bien qu'il puisse sous-performer par rapport à des portefeuilles plus agressifs. Nous allons voir aujourd'hui dans quelle mesure il est possible d'améliorer cette performance tout en maintenant la volatilité aussi faible que possible.

On va reprendre notre meilleur PP des backtests précédents, celui constitué de SPY, GLD, CSBGC0 et FXF. Notre objectif est d'obtenir un meilleur CAGR sans que cela se fasse sur le dos de la volatilité. Autrement dit, nous voulons obtenir un ratio de Sharpe plus élevé.

Un actif pose particulièrement problème du point de vue de la rentabilité dans le portefeuille permanent : le cash. Remplaçons-le donc par un instrument qui a brillé lors d'autres de nos tests rétroactifs : l'immobilier suisse, via l'ETF SRFCHA.

Du point de vue du CAGR c'est déjà mieux, même si on est bien sûr loin derrière le S&P 500. Il faut dire que la période analysée a été particulièrement propice pour les actions. Grâce à ce relativement bon résultat, le PP avec SRFCHA obtient un meilleur ratio de Sharpe que notre meilleur PP testé jusqu'ici. Il fait même mieux que SPY, ce qui n'était pas couru d'avance vu l'excellent CAGR de ce dernier.

La volatilité est légèrement plus haute que le PP avec FXF, mais avec 6.33% on demeure à un niveau plus que raisonnable. Pareil pour le MDD, qui est lui aussi légèrement moins bon que le PP initial, mais qui reste tout à fait acceptable, en particulier face à SPY.

Un autre aspect positif de l'utilisation de SRFCHA, c'est son impact positif sur le nombre d'années ayant affiché un résultat négatif, qui passe de près d'un tiers avec FXF à peine plus d'une année sur cinq avec SRFCHA.

Voilà qui est bien me direz-vous, mais 6.65% par an, ça fait pas bien large en comparaison au marché des actions. Ajoutons encore que c'est en-dessous du seuil des 7% (en termes réels) nécessaires pour devenir financièrement indépendant (cf. mon ouvrage).

Heureusement, il nous reste encore une arme redoutable dans notre arsenal : la triade d'ETFs, constituée de QQQ, VDC et XLV.

On va l'utiliser en lieu et place de SPY et on va en profiter pour faire monter l'allocation à 60% au lieu de 50%. On obtient ainsi une stratégie mixte entre le PP et le 60/40. On va tester cette allocation avec : GLD, TLT, CSBGC0 et SRFCHA.

À partir de là, on va analyser quatre portefeuilles :

  • Le 1er constitué de la triade + GLD et TLT : il s'agit du PP 2.0 dont je vous ai déjà parlé.
  • Le 2e constitué de la triade + GLD et CSBGC0 : une variante du PP 2.0, avec les obligations suisses plutôt qu'américaines.
  • Le 3e constitué de la triade + GLD et SRFCHA, correspondant actuellement au PP 2.x, mon meilleur portefeuille passif.
  • Le dernier constitué avec la triade + GLD + CSBGC0 et SRFCHA.

Constats

  • Les 4 PPs améliorés se situent toujours en-dessous de SPY du point de vue du CAGR. Comme souligné plus haut, la période analysée a été particulièrement favorable aux actions. Sur le plus long terme, il est plus que probable que cet avantage diminue ou se transforme même en désavantage. Le CAGR de SPY entre 1995 et 2024 est en effet de 9.49% (en CHF). Malheureusement je n'ai pas de données historiques aussi longues pour CSBGC0 et SRFCHA.
  • Même si le CAGR des PPs améliorés est toujours en-dessous de SPY, il est deux fois plus important que le PP original.
  • Tous les ratios de Sharpe des PP améliorés sont plus élevés que SPY et que le PP original.
  • Toutes les volatilités et MDD des PPs améliorés sont plus élevés que le PP original mais nettement moindres que SPY. Surtout, le ratio de Sharpe précité montre que l'excès de volatilité et de MDDs par rapport au PP original sont largement compensés par la rentabilité.
  • Le PP 2.0 et sa version avec CSBGC0 au lieu de TLT affichent une résilience remarquable : seules 7% des années sont perdantes. Le PP 2.x et le portefeuille suivant sont légèrement moins constants, mais toujours devant le marché des actions.

Les quatre PP améliorés sont assez proches, toutefois :

  • La différence de YLR (7% vs 14%) s'explique par une seule année négative de plus pour le PP 2.x et le portefeuille avec 6 ETFs. De plus, cette année s'est jouée à rien du tout (-0.68% pour le PP 2.x et -0.34% pour l'autre).
  • Malgré un MDD légèrement plus haut que les trois autres, le PP 2.x maintient une volatilité très raisonnable, meilleure même que le PP 2.0.
  • Le ratio de Sharpe, en tenant compte du CAGR et de la volatilité, nous aide à voir plus clair : le PP 2.x et la variante à 6 ETFs sont les plus rentables par rapport aux risques encourus.
  • L'écart de rentabilité entre ces deux derniers portefeuilles, ainsi que le ratio de Sharpe plaident plutôt en faveur du PP 2.x.

Précisons encore les objectifs et caractéristiques du PP 2.x :

  • Simple
  • Performant tout en minimisant les risques
  • S'adresse particulièrement aux investisseurs débutants, à ceux disposant d'un capital modeste, ainsi qu'à ceux qui souhaitent consacrer un minimum de temps à la gestion de leurs investissements
  • Transactions réduites au strict minimum 

Avec seulement 5 ETFs, le portefeuille comprenant QQQ, VDC, XLV, GLD et SRFCHA à part égales correpond parfaitement à ces critères. L'investisseur qui cherche un peu plus de diversification, via une exposition aux obligations suisses, pourra se laisser tenter par la variante avec 6 ETFs. Celui qui veut aller encore plus loin, jetera son dévolu sur le Portefeuille déterminant.

Il est à noter que le PP 2.x est de nature évolutive, en fonction de l'avancement de mes recherches. Ainsi il n'est pas exclu qu'à l'avenir il compte des obligations ou encore d'autres actifs.