Paradise (2025) (Saison 1, épisodes 1 à 3) : une entrée en matière intrigante

Les séries de science-fiction dystopique ont souvent la tâche ardue de captiver dès les premiers épisodes, tout en posant un univers crédible et intrigant. Paradise ne fait pas exception. Avec un concept ambitieux et une narration qui tente de mêler mystère et drame humain, les trois premiers épisodes offrent une expérience à la fois immersive et frustrante. Certains éléments fonctionnent très bien, tandis que d'autres souffrent d'un manque de subtilité ou d'une exécution trop précipitée. Dès le premier épisode, Paradise introduit un cadre intrigant : une société organisée de manière rigide, où chaque détail de la mise en scène laisse planer un doute sur la véritable nature du monde dépeint.

Une communauté paisible est habitée par certaines des personnalités les plus en vue de la planète. Mais leur tranquillité explose lorsqu'un meurtre choquant est commis et qu'une enquête aux enjeux considérables se met en place.

Puis vient le premier twist majeur : tout ce que l'on a vu jusque-là se déroule en réalité sous terre, car la surface de la Terre est devenue inhabitable (enfin, on ne sait pas totalement ce qui s'est réellement passé mais étant donné que la série appuie dessus, on se doute bien que c'est le cas). Ce révélation fonctionne bien, car elle bouleverse notre perception initiale de l'histoire. L'effet de surprise est efficace, mais on peut regretter que cette révélation arrive si tôt. Là où d'autres fictions dystopiques jouent sur une découverte plus progressive, Paradise choisit d'aller droit au but, ce qui laisse planer la question de la suite : l'intrigue aura-t-elle suffisamment de matière pour captiver sans ce mystère initial ?

L'un des points forts de la série réside dans son casting. Le protagoniste, un garde du corps au service du Président, est bien interprété et possède une profondeur qui promet d'être explorée. Son passé, dévoilé au fil des flashbacks, apporte une touche plus personnelle à l'intrigue. Cependant, si l'épisode 2 tente de lui donner plus d'épaisseur, l'exécution manque de finesse. Certains éléments dramatiques, censés renforcer l'attachement à ce personnage, apparaissent forcés ou trop conventionnels. Le Président, quant à lui, est une surprise intéressante. D'abord présenté comme un dirigeant autoritaire peu attachant, il révèle rapidement des facettes plus nuancées, rendant son personnage plus complexe qu'il n'y paraît et James Marsden est bon dans le rôle.

C'est l'un des aspects les plus réussis de ces premiers épisodes : un protagoniste secondaire qui déjoue les attentes et crée un intérêt supplémentaire. Malheureusement, ce travail de caractérisation ne s'étend pas à tous les personnages. Certains restent trop prévisibles, et d'autres, bien que prometteurs, manquent de développement. L'introduction d'une nouvelle recrue et sa relation avec l'un des personnages clés sont traitées de manière un peu trop appuyée, rendant certaines interactions moins naturelles qu'elles pourraient l'être.Visuellement, Paradise propose une direction artistique soignée. L'univers souterrain est bien rendu, avec une ambiance qui rappelle certaines productions dystopiques de qualité.

Cependant, le rythme pose parfois problème. La série veut enchaîner les révélations et les moments forts, mais cette volonté de maintenir une tension constante empêche parfois certaines scènes de réellement résonner. Un exemple frappant est la façon dont les informations sont dévoilées. Plutôt que de laisser au spectateur le soin d'interpréter certains indices, la mise en scène tend à tout montrer de manière explicite. Cela nuit à l'impact des twists, notamment celui de l'épisode 3, qui aurait gagné à être amené avec plus de subtilité. L'un des personnages-clés de cette révélation était déjà présenté de manière suspecte dès le début, rendant le twist final prévisible et donc moins percutant.

L'utilisation de différents temporalités, un choix narratif propre à Dan Fogelman ( This is Us), permet d'explorer le passé des personnages et d'éviter une narration trop linéaire. Ce dispositif fonctionne bien dans l'ensemble, mais il ne suffit pas à compenser certains manques dans l'écriture. Le principal enjeu pour la suite sera d'affiner les dialogues et de développer davantage les enjeux politiques et humains. La série tente d'introduire des thèmes intéressants, notamment sur la nature du pouvoir et la survie dans un monde clos, mais ces aspects restent encore en retrait face aux éléments plus spectaculaires.

Paradise pose des bases solides, avec un univers intrigant et quelques idées bien trouvées. Les premiers épisodes alternent entre moments réussis et déceptions, notamment en raison d'un manque de finesse dans certaines révélations et d'une mise en scène parfois trop explicite. Malgré tout, le potentiel est présent. Si la suite de la saison parvient à corriger ces petites maladresses et à offrir un développement plus nuancé des personnages et de l'intrigue, Paradise pourrait devenir une série dystopique réellement captivante. Pour l'instant, la curiosité l'emporte sur l'enthousiasme, et il faudra voir comment l'histoire évolue pour se forger un avis plus tranché sur l'ensemble de la saison.

Note : 6/10. En bref, cette introduction a ses qualités et promet quelque chose mais il va falloir perfectionner le scénario pour rendre la série réellement percutante. Les twists sont sympathiques (et celui du premier épisode vraiment efficace) mais peut-être faudrait-il rendre les suivants moins prévisibles.