En souvenir du féminicide de Catarina Eufemia, hommes et femmes d’une même famille kidnappent et exécutent chaque année un fasciste. Une tradition, l’héritage laissé 74 ans plutôt par la grand-mère qui, en retour, tua son mari, un militaire qui n’avait rien fait pour secourir Catarina alors qu’elle ne demandait qu’un salaire décent pour nourrir ses enfants.
Le titre est accrocheur, c’est sûr. Aucune beauté dans le meurtre, tout le monde est d’accord. Tout le monde ? Vraiment ?
J’ai déjà parlé du théâtre de Tiago Rodrigues, de sa manière unique de projeter ses personnages hors de l’espace clos du plateau et de les planter en face de nous. Nous, nos certitudes et nos culs bien calés dans des strapontins trop durs pour leur chair trop tendre. Au-delà de la provocation, la pièce nous parle de vengeance, de doutes et aussi, un peu, de pardon. Dans la maison de campagne où la famille se retrouve, tout est prêt : le vin, le repas, le pistolet et le fasciste. Catarina hésite, c’est sa première fois. Tout le temps de la représentation, elle hésitera. Et puis non, à quoi bon, à la fin, elle ne tirera pas.
Mais la fin n’est pas celle que l’on croit. Pas de leçon de morale, pas de rédemption, de réconciliation, de mauvaise bouillie de bons sentiments. Bien mieux que ça, l’annonce de ce qui nous attend si nous restons là, assis, à affuter nos phrases, alors qu’une seule balle suffit pour mettre fin à toute discussion.
Ce lien vers le site de l’auteur. La pièce tourne un peu partout, alors, si jamais on la joue près de chez vous…
