Magazine

Lundi 19 mai 2008, pourquoi tant de fêtes en mai

Publié le 01 septembre 2008 par Memoiredeurope @echternach

dsc06878.1220306173.JPG

dsc06904.1220306332.JPG
famiglia-024.1220306397.jpg
018.1220306253.jpg

Des cierges aux fleurs

J’aurais dû arriver huit jours plus tôt. C’est ce que souhaitaient les responsables de la Route de la Paix. Ils me l’avaient bien dit, il y a quelques semaines : venez le quatorze. C’est en effet la fête des ceri, la fête des cierges le 15 mai.

On remonte à mai 1160 et à l’année du décès de l’évêque Ubaldo Baldassini. Un énorme cierge porté à dos d’hommes est façonné artisanalement pour l’occasion…ou pour christianiser une fête païenne…Saint Ubaldo, protecteur de la cité et donc des maçons, puis saint Georges pour les commerçants, puis saint Antonio pour le reste des citoyens, puis les quartiers s’y mettent, un peu comme à Sienne, chacun avec ses couleurs et une course a lieu chaque année pour les grands, dans un mélange indescriptible où tous rivalisent de force et d’habileté.

Dommage pour moi. Les livres de reportage et de célébration que l’on m’a offerts sont beaux. Je devrais m’en contenter.

Eh bien non ! C’était sans compter que le week-end suivant, c’est le ceri des adolescents. Et le week-end prochain sera celui des gamins. Dès cinq heures du matin, ce dimanche et très tard dans la nuit, on bat tambours, on chante et on vient tôt recevoir la bénédiction de l’archevêque.

Les rues débordent. Et d’une ardeur juvénile. C’est une merveille de couleurs, une vision de citoyennetés mêlées. Tout un monde qui redit le même et le différent…depuis des siècles, pour finir dans les esclaffements des cafés et des trattorias.

Je ne sais pas pourquoi, mais du fait d’avoir vécu si longtemps dans la région parisienne et à Paris, j’ai l’impression d’avoir perdu l’esprit du village et d’avoir raté de ce fait un fondement même de la vie.

Les défilés de mon enfance au 14 juillet avec la course en sacs et les flambeaux, dans le village de Brie où la famille de mon père était campagnarde depuis le XVIIe siècle et la Fête du veau gras que, de l’autre côté de la Seine, sur les rives de l’Oise, on célèbre toujours, dans l’ambiance des Impressionnistes, sont mes seuls viatiques. C’est bien peu !

La Procession dansante d’Echternach et la profusion des carnavals, des grands feux et des marches napoléoniennes de la Grande Région m’ont ramené depuis quelques années au cœur du sentiment collectif, pour ne pas parler des passions, des fêtes du corpus christi, en Espagne ou en Italie, ou de l’Ascension de la Vierge, fêtes mariales baroques de la région de Valence où la mère du Christ rejoint toujours les sphères dans un véritable théâtre céleste.

Mais la ville de Spello n’était pas en reste. Avant mon départ hier, après le déjeuner et la visite de Santa Maria Maggiore, le maire m’offre lui aussi un magnifique livre. Il me présente ainsi les  « infiorate  del corpus domini“. Le miracle de l’eucharistie est en effet célébré avec des tapis de fleurs ( comme à Bruxelles en été sur la Grand Place), mais ici, depuis les années 30 du siècle dernier, on enrichit en permanence les motifs, on ramasse les pétales des fleurs sauvages et surtout on entretient dans sa cour, comme un trésor, les roses et les géraniums, en les surveillant jalousement. Car on les vole bien entendu !

Il y a maintenant des règles et des techniques et l’association qui coordonne la fête, cordonne aussi la répartition des tapis, leur longueur, car il ne s’agit pas d’anecdotes, mais de kilomètres de surface florale que viennent voir quarante mille personnes.

En attendant l’étape sérieuse du travail collectif, je reste donc pétri d’étonnement et je regarde avec respect ceux aui sont déjà en train non pas d’effeuiller, mais d’efflorer dans des petits paniers d’où ils tireront la matière première. 

A qui devons-nous donc ces fêtes qui canalisent nos énergies, dans le printemps qui accourt ? Sinon à l’énergie qui vient de cette terre où quelques-uns d’entre-nous habitent encore et se trouvent bien, loin des grands centres.

Comme si une flamme devait être veillée, justement là.Pas de folklore. Un peu d’affectation parfois, de préciosité. Mais au fond, où trouve-t-on encore tant de conviction ? 

De la fête de l’envers qui nous amène encore à transgresser la position sociale et à contourner l‘église au moment du carnaval, aux fêtes religieuses qui ont capturé la nature…et ses débordements, une Europe des saisons est faite de rivières souterraines.

A quand la Fête des Sorcières de la Lituanie ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Memoiredeurope 194 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog