Interview de Fake B. OBKOS

À quel moment as-tu vu tes premiers tags et tes premiers graffs, et où ?
Je pense que c’était en jouant gamin dans un dépôt de fret dans le Montana, mais je ne m’en rappelle vraiment plus : c’était à New York. Je demandais à ma mère ce que c’était, toutes ces couleurs et signatures sur les murs… Et en France, sur la ligne D entre Melun et Gare de Lyon via Corbeil/Juvisy et Savigny-le-Temple/Combs-la-Ville, sur les bords des rails, dans les trains, et bien sûr à Paris.

Avec qui ?
En foyer à Athis-Mons, Mike (The Fight Boys) taguait toujours sur des feuilles, et moi, j’aimais déjà beaucoup la calligraphie depuis mon enfance.

Pourquoi as-tu commencé à faire des tags ?
J’aimais écrire et faire des tags dans les trains,… J’aimais le concept de laisser mon tag. Pour moi, c’était comme dire bonjour.

Où as-tu peint la première fois ?
Mi-1985, au début, beaucoup de tags, et ma première peinture à la sortie de la gare d’Athis-Mons. On avait fait nos premiers trucs avec Oncle.D (HSP), c’était horrible, des taches de merde.

Et où as-tu posé ton premier tag ?
Premier tag, c’était dans un train.

Quel est ton pseudo depuis le début ?
J’ai essayé pas mal de choses au début jusqu’à trouver mon blaze, mais avec le temps, quand tu fais beaucoup de trains et que la « ferro » connaît ton blaze, tu changes de blaze.

Quels sont les autres par ordre d’apparition ?
Fake.B, mais pour les autres, la liste serait trop longue.

Qui as-tu croisé à tes débuts ?
Holz, Phyl, Oncle.D, Phe, Reks, Easy, Faze1, Jonbuz, Miste, Taze, Phyxo, Texaco, Sean, Hondo, Semoy, Ed1, Kerr, Swedy, Fast, Korl, Oster, Tchek, Micc, Jeyz, Gurs, Jeem, Next, Zeph, Steph COP, etc.

As-tu peint des métros ou des trains en France ?
La ligne D, tous les dépôts, ma ligne préférée. Lignes A, B, C. Trois fois des métros à Picpus, ce dépôt permet de défoncer plusieurs lignes en même temps. J’ai aussi fait quelques dépôts en Belgique, Allemagne, Hollande, etc.

Quels étaient les endroits où tu as peint à tes débuts ?
La ligne C et D, et bien sûr Paris, car à cette époque on voulait voir les pièces de nos yeux. Les gens qui étaient dedans disaient qu’une nouvelle pièce ou peinture était là ou ailleurs, donc on y allait. Et en même temps, on posait le plus possible pour essayer d’être vu au milieu de ces pièces, avec mes vieux tags tout moches.

Peux-tu nous parler de tes crews ?
Hijack Spray Posse (HSP) avec Oncle.D, Phyl, Holz, Jonbuz, Hondo, Semoy, Epic, Kute, Taze, Phyxo, Jeyz et moi-même, mais ça n’a pas duré car mon foyer a fermé et on s’est un peu perdus de vue.
Keba Na Yo (KNY) avec Kerr, Reks, Easy, Tchek, Jeyz, Holz, Fast et moi-même, puis Ed1, Drog, Gurs, Micc, etc.

Krazy Of Sign (KOS) grâce à Jeyz. Quand le foyer a fermé, je me retrouve dans le 77 à nouveau, mais là à plein temps. Il me fait connaître Micc, je revois Tchek plus souvent et je suis rentré KOS avec Zeph, Sight, Tusti, Zelus, Syz, Micc, Gene, Dumb, Endo… Et vu qu’on marave les trains avec Tchek, Jeyz, Stark, on rentre en même temps, sauf qu’on est toujours avec les OBK (Cleon, Otis, Edgar, Kofi, Clo.D, D.Lice, Dwayne, Tonic) pour cartonner.

Original Boogie Kings Of South (OBKOS). L’alliance se fait pour créer les OBKOS en 90 et Warner, Korl et Fulty nous rejoignent. L’histoire se fera d’elle-même avec ceux qui sont passés dans le crew et les nouvelles générations qui continuent le travail jusqu’à aujourd’hui (Akso, Phot, Modern, Tern, Skofe, Ten, Eyone, Futer, Skol, Shore, Gurs, Cock, Crek, Jey13, Delis, Ozmek, Gera, Sexe2, Bakea, Yokor, Cekea, Sheik, Bref et Nesk).

Zbeul Club (ZC) avec Vize, Gera, Walas, Eire, Cock, Crek, Amine, Crazy, Kish, Bref, Eyone, Dgee, Syrap, Syntez, Senat, Cleon, Micc, Joro, Skepa, Erza, Anur, Mank, Walk, Roko, Gurs, Drog, Efor, Ners, Kamik, Faem, Jaba, Venin, Futer, le Petit Vieux et moi-même.

Mais je fais aussi partie des AKC, CP5, TPK, PH, AM, TPM, SBJ, DAM, NLF, TF, TMS, l’EXO.7, ADM, L4V.

Quel est ton mur le plus fou ?
Il y en a eu plusieurs des murs les plus fous, car avant de partir j’ai fait pas mal de gros graffs sur la D. Mais il y a rien de plus beau qu’un train tout défoncé de tags de toutes les couleurs. Donc mes meilleurs moments dans ma vie de vandale, c’était de faire les intérieurs toute la journée au marqueur, Baranne ou pierre. Le soir se préparer soit à taper le dépôt jusqu’à ce que chaque marqueur soit vide, ou sinon prendre le premier train à 3h26 et faire des allers-retours jusqu’à être épuisé, puis aller dormir. On rentrait quand les gens allaient à l’école ou au travail. On dormait un peu et c’était reparti.

Peux-tu nous donner quelques anecdotes bizarres qui te sont arrivés ?
Un soir, je vois des bombes dans un coffre de voiture. Je regarde bien, je ne vois personne, il est tard, genre 2h du matin. Je trouve une grosse pierre et je la jette à travers la fenêtre, vole les bombes et pars direct sur les rails. Je tague tout ce que je peux, puis j’entends des pas sur les rails devant moi, sauf que je ne vois rien, donc je me cache. D’un coup, un mec surgit devant moi et, de peur, je lui mets un coup de spray dans le visage. Je pars en courant, et là il crie et dit : « On est là pour t’aider ». Je comprends que c’est la police, donc je cours encore plus vite et, de peur, je passe par des ronces, des orties et des chemins bizarres. J’arrive au foyer, monte dans ma chambre en escaladant le bâtiment, et une fois arrivé, je ne respirais plus… Je venais de gazer un flic avec mon blaze juste à côté ! Par chance, jamais rien eu ! Le truc bizarre, c’est que je suis passé à travers tous les jugements pour les vandales. Pourtant, on voyait ma photo et ils posaient des questions sur moi… Mais la chance, ou le bon Dieu, a fait en sorte que tout se passe bien.