Labubu : icône mode ou nouveau doudou générationnel ?

En quelques mois, Labubu est passée de figurine de collection à accessoire indispensable. Que ce soit sur les sacs d’influenceuses ou de personnalités publiques, impossible de passer à côté de ce petit personnage aux grandes oreilles et au sourire étrange.

Mais que révèle cette obsession pour ce personnage à la fois mignon et bizarre ?

D’où viens le Labubu ?

Le Labubu est une figurine créée en 2015 par l’artiste hongkongais Kasing Lung. Il s’associe à Pop Mart en 2019 pour donner vie aux Monsters, avec une esthétique à la fois kawaii, creepy et retro. Il est vendu en « blind box », c’est-à-dire que vous achetez à l’aveugle. C’est seulement en ouvrant la boîte que vous découvrez « votre » Labubu. Un concept ultra addictif : « J’aime le concept de blind box, même si j’ai déjà été déçue. C’est excitant de ne pas savoir à l’avance ce qu’on va avoir. Dans une société de consommation où on peut tout avoir, tout acheter, là, ce n’est pas toi qui décide.  » Lucille, directrice évènementiel.

Un phénomène nourri par les réseaux sociaux

Une popularité qui a donc commencé en Chine, et qui a déferlé très rapidement sur le monde entier notamment via Tiktok : ouverture en live, haul, ASMR, looks avec son Labubu…. Tout est partagé et bien évidemment regardé par une communauté de fans. Et quand les starts s’y mettent, cela fait explosé sa notoriété et sa désirabilité. « La première fois que je l’ai vu c’était sur Dua Lipa l’année dernière, qui en avait deux accrochés à son Birkin.« , Lucille. D’Emma Roberts à Rihanna en passant par Lisa, elles sont toutes devenues accro et partagent également leur obsession sur les réseaux.

Credit : @lalalalisa_m/

Sur Whatnot, la plateforme de ventes aux enchères live, les collectionneurs se lancent dans une véritable chasse aux trésors et ouvrent des boxs en live avec leurs communautés pour tenter de dénicher la perle rare.

Sur Reddit, ils s’entraident pour trouver des modèles. Depuis sa création en septembre 2024, le subreddit Labubu a explosé, attirant plus de 100 000 membres et faisant désormais partie des 2 % des communautés ayant le plus grandi ces derniers mois sur la plateforme. 

L’ère du cute weird

Cette tendance traduit une fascination pour l’étrange et le réconfortant. Elle parle à la Gen-Z pour son côté acceptation de la différence, de l’imperfection, mais aussi aux Millenials qui ont connu pendant leur adolescence les animaux de compagnie virtuels comme les Furbies, ou les Tamagochis, qui eux étaient accrochés aux sacs à dos ou en porte-clés pour pouvoir s’en occuper toute la journée. Ils sont donc sensibles à ce genre de gadgets.

« En réalité, ça ne sert à rien, c’est juste un porte-clé peluche qui va nous amuser un temps, et puis on passera à autre chose. » Anaïs, visual-mershandiser

View this post on Instagram

A post shared by leah yukihira – 幸平 (@leahyukihira)

Un refuge émotionnel

« Labubu, c’est une peluche qui a compris son époque : elle sourit, mais pas trop, elle rassure. Et c’est là que le marketing est brillant. Il vend une faille. » nous explique Axelle Gomila, directrice artistique. La peluche traduit un besoin de réconfort, de douceur. C’est une sorte de doudou du XXIeme siècle. Qui nous suit partout et qui nous rassure. Mais c’est aussi le reflet d’une société désenchantée, ultra individualiste et froide.

« Le succès de Labubu ne repose pas sur son esthétique seule. Il repose sur une époque où l’ultra-exposition à la violence et à la solitude crée un besoin de douceur permanent, une envie de se raccrocher à quelque chose de stable, même si ce quelque chose est en plastique. » ajoute Axelle.

Elle nous rappelle aussi l’insouciance de notre enfance, comme l’analyse si bien et avec humour Enzo (et son psy) :

View this post on Instagram

A post shared by Enzo (@enzoreads)

Une obsession qui rend dingue ?

Surconsommation, puis rupture de stock, Labubu a rendu fou le monde entier. A Londres, Pop Mart a dû suspendre les ventes après des bagarres en boutique. La Chine a quant à elle interdit la vente aux enfants de moins de 8 ans et demande un accord parental pour les moins de 16 ans. Pas de débordements de la sorte a noté en France, mais des vols ont déjà eu lieu. « Maintenant que je sais qu’il y a des vols à l’arraché, le mien reste sagement à la maison« . Cindy, attachée de presse.

View this post on Instagram

A post shared by ChampsElysees_Paris (@champselysees_paris)

Labubu ne fait pas l’unanimité, mais il est bien plus qu’une simple peluche à collectionner. C’est le reflet d’une génération qui joue avec les codes, qui revendique l’étrangeté comme une richesse. La tendance Labubu, c’est peut-être ça : une réconciliation joyeuse entre l’enfant qu’on était, l’adulte qu’on est, et le monde incertain dans lequel on vit.