On ferait mieux de s’arrêter.
Pendant qu’il est encore temps.
Temps de regarder.
De laisser le monde passer à toute allure autour de soi. Soi immobile. Soi juste content d’être assis là, sans parole, sans image, soi sans bruit. Quelques secondes pour rien, assis, tranquilles, pendant que le soir tombe et que s’estompe le bruit des automobiles. Le ciel laiteux couve un orage et les oiseaux frôlent la cime des arbres. Le vent hésite à faire avancer l’aiguille des secondes vers une autre minute, une autre heure, un autre jour.
On ferait mieux de se blottir dans cet instant fragile et figé avant que le ciel ne se déchire et nous tombe sur la tête. Même les oiseaux ont arrêté de chanter. L’horizon sourd et gronde, la poussière du jour se soulève, brouille le regard, trouble le contour des collines au loin, met un grand coup d’estompe sur les bords du dessin.
Rester là, tranquilles, sans bouger, sans rien attendre ni rien espérer.
