
La mort donne des vertus, c’est bien connu et il faut l’être pour que l’on vous en donne. Mort héroïque ou banale les variantes sont multiples. Certains la voient venir de loin et d’autres ne l’attendaient pas de sitôt. Le comportement, l’usage que l'on fait du monde n’est jamais une garantie de réussir une belle sortie — il y en a-t’il de belles? — et bénéficier d’une belle épitaphe fédératrice: il va nous manquer — il laisse un grand vide— quel être formidable c’était —. Une vie passée à brûler des feux rouges n’est pas forcément plus courte que celle de celui qui ne transgresse rien. Il y a des fumeurs, alcooliques et drogués centenaires mais des âmes pures et prudentes qui ne vivent pas sur un tas d'immondices meurent d’un mauvais rhume. Il y a des voleurs que l’on n’attrape jamais, des insolences et des forfaitures qui perdurent jusqu'au clap de fin. Mourir célèbre est sans doute une belle mort d’un point de vue des anonymes vivants et les chiens cessent de mordre les mollets.
Par ailleurs, est-ce un ratage de mourir discrètement et qu’apporte à l’ego une épitaphe tapageuse? Le prestige post mortem du défunt profite surtout aux egos de l’entourage (hormis la famille du soldat inconnu).
La réussite et la durée, mourir riche et vieux ou pauvre et malade c’est mourir quand même. Mourir trop tôt par surprise pour sauver son IPhone en sautant dans le vide c’est mourir quand même mais de toutes façons sous les hourras.
Fouiller les poubelles et faire son beurre des rebuts des autres ne fera pas forcément du défunt un fossoyeur.
S’il est bien habillé on lui trouvera de la classe.
Quel.s talent.s
Vents contraires—Paris—Juillet 2025
