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La fin du week-end, de Michaël Perruchoud

Publié le 31 juillet 2025 par Francisrichard @francisrichard
La fin du week-end, de Michaël Perruchoud

Il avait avancé d'un pas pour mieux comprendre et senti une présence étrangère. Il avait plissé les yeux dans la pénombre à l'instant où deux pointes métalliques s'enfonçaient dans son ventre. Il avait lâché la bonbonne. À sa grande surprise, le tuyau ne s'était pas décroché. Mais l'air n'arrivait plus.

Le prologue, où un homme de soixante-trois ans, sous oxygène, est estourbi, crée l'ambiance. Mais, pour mieux comprendre, le lecteur devra patienter.

Sans transition, il fait alors connaissance avec Jocelyn Mervelet. Celui-ci n'est pas un vrai flic. Certes il travaille au commissariat de police judiciaire de Genève, boulevard Carl-Vogt, mais c'est juste un statisticien qui aligne des chiffres sur des tableaux Excel à destination du Grand Conseil.

Pourtant, un jour, il est réveillé à 2h 24 du matin par son collègue, Darbellay Michel, qui lui demande de se rendre sur les lieux d'une agression à deux pas de chez lui: 

Tu peux arriver avant nous. Tes frocs, fonce !

Seulement il n'est pas homme de terrain... Quand il aperçoit l'agresseur, un petit grosil le poursuit, péniblement. Celui-ci l'attend au tournant et lui assène de grands coups sur la tête avec une planche... Bref, il est retrouvé dans un sale état et conduit à l'hôpital où le lecteur fait connaissance avec sa petite famille venue lui rendre visite.

Car Jocelyn, Joss pour son entourage, a une compagne, Valentine, et un enfant, P'tit Ju, Julien, qui est le fils de celle-ci. Laquelle est sévèrement dopée à son travail si bien que leurs fiches de salaire ne sont pas comparables et qu'il ne fait aucune remarque quand elle consulte son téléphone par la bande:

Mon amour est d'une beauté ravageuse, le tailleur avantageux, les lèvres avenantes mais la voix aigre.

L'agresseur a poignardé à quatre reprises Thérèse Johau, une retraitée de soixante-dix-sept ans, d'origine suisse allemande, de Braunwald, Glaris, un endroit que tu as peu de chances de visiter si tu n'y est pas né... 

Incapable de décrire précisément l'agresseur rondouillard, Joss n'est décidément pas homme de terrain, mais il peut tout de même dire quand un suspect ne lui correspond pas et, pendant son arrêt de travail, cherche comment l'agresseur a pu entrer chez la vieille dame, sans doute avec un double de sa clé... 

Quand un deuxième meurtre, celui du prologue, se produit près de la Joux, dans le canton de Fribourg, c'est cette fois Pernilla Wiberg, la scientifique suédoise de la police judiciaire genevoise, qui emmène Joss. Points communs avec le premier: il a fallu une clé pour entrer dans le local et c'était à La fin du week-end...

Les collègues fribourgeois, qui avaient trop rapidement conclu à un accident, n'ont pas apprécié cette escapade, qui remet en cause leur travail. La hiérarchie genevoise de Pernilla et Joss non plus. Mais un nouveau meurtre est commis en Valais, dont Darbellay informe Joss.

Pernilla sort son agenda et fait remarquer à Joss qu'entre chaque meurtre se sont écoulés quatorze jours: les trois victimes ont été tuées chez elles, sans vol et sans pulsion sexuelle apparente. Toutefois le mode opératoire a changé: le dernier, c'était avec chloroforme puis couteau...

En tout cas la théorie d'un tueur en série n'est pas prise au sérieux par leur hiérarchie, qui croit tenir un coupable: ils ont quitté la logique pour entrer dans le fantasme, l'imaginaire, la théorie du complot... Sauf si un quatrième meurtre, qui ressemble au troisième est commis...

Comme, dans tout bon polar, encore faudrait-il alors, si tueur en série il y a, une fois qu'il serait démasqué, découvrir quel serait son mobile, ce qui relierait ses cibles et comment se seraient présentées ses opportunités de passer à l'acte. Jusqu'à la fin, Michaël Perruchoud laisse le lecteur dans l'incertitude ...  

Francis Richard

La fin du week-end, Michael Perruchoud, 256 pages, Okama

Livre précédemment chroniqué et publié à L'Âge d'Homme:

Sa préférée (2017)

Livre précédemment chroniqué, coécrit avec Sébastien G Couture, et publié aux éditions Cousu Mouche:

Ceux de Corneauduc (2015)


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