Après toutes ces années à courir derrière les brebis, à les disperser au lieu de les rassembler, à les mordre au lieu de les protéger, le père a décidé qu'il était temps. Il a octroyé aux filles quelques heures pour se séparer d'un chien dont elles n'ont rien su faire.
Bienvenue dans la famille de Henri et Annette ! Qui ont trois filles: Léonie, Marion et Lucie, et habitent un village de montagne en Valais, dans les années 1990.
Henri est un sans-terre: Il loue les champs contre de la laine et des agneaux. Annette ne travaille pas, enfin elle s'occupe de la maison. Léonie est l'aînée: après l'été, elle ira au collège. Marion, qui prend Lucie sous son aile et a son franc-parler, ira avec elle à l'école.
Un dimanche, comme les autres - la petite famille est allée à l'église: lors de la communion, pas d'hostie pour les petits, juste un signe de croix qui dérange la frange -, les cinq se rendent le soir au milieu du village où est dressée une tente et où joue un orchestre.
Pendant que les trois filles s'éclipsent vers la grand place où il y a une fête foraine, le ton monte sous la tente entre Henri et son voisin Francis, si bien qu'ils en viennent aux mains. Il n'y aura finalement que des perdants, parmi lesquels Viviane, la femme de Francis...
Quelques jours après, Annette, qui n'est pas heureuse en ménage, sort de la maison, arrive au bord de la rivière, s'enfonce dans l'eau, ne se méfie pas du tumulte du flot qui l'emporte et contre lequel elle ne lutte pas, sans penser à ses filles, sinon elle aurait eu la vie sauve.
Grâce à tante Agathe, les filles ne vont pas se retrouver toutes seules avec leur père dont les deux semaines de vacances ouvrières se terminent. Elle a tout organisé pour qu'une jeune femme, Feodora, une Française de Grenoble, vienne s'occuper des trois filles.
Feodora a voulu s'octroyer une sorte de retraite essentielle, à la montagne pour enrichir [son] processus créatif etc., ce qui passe par dessus la tête de Henri: il a retenu qu'il la réglerait tous les mois et qu'elle le préviendrait au moins quinze jours avant si elle voulait partir.
Au début, Feodora regrette d'avoir accepté cette proposition, mais, elle s'habitue peu à peu à sa nouvelle vie, où, comme l'en avait prévenu Henri, elle a maille à partir avec Marion, la plus maligne des trois filles, et où Léonie, la plus mature, puis Lucie, la rassérènent.
Au bout de quelques mois, la famille a pris son rythme. Même Henri, qui n'est jamais d'une humeur égale, se félicite finalement d'avoir accepté l'offre de sa belle-soeur Agathe. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et Henri mettra un mauvais jour les pieds dans le plat.
Rien ne dure, même si Feodora s'est attachée aux trois filles et à Henri, tout bourru et soupe au lait qu'il est. L'épilogue est toutefois là pour confirmer ce qu'a dit Feodora à Marion quand elle a perdu son porte-bonheur sur le chemin de la maison à l'école, ou l'inverse:
L'espérance, c'est ne pas savoir.
Francis Richard
Escarpées, Marlène Mauris, 208 pages, Favre
