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L'Autriche : mode d'emploi

Publié le 05 septembre 2008 par Benjphil

drapeau_autricheMalgré un euro 2008 flatteur, la Wunderteam est un adversaire tout à fait à la mesure d'une équipe de France moyenne. L'Autriche est une nation qui préfère le ski au football. 101è à la FIFA, il y a de quoi être compatissant, mais pas trop. 
Le plus grand hard rocker de tous les temps et le quintuple mister univers devenu acteur puis gouverneur du plus puissant État Américain, voilà de quoi être fier d'être Autrichien avec ces stars mondiales que sont Mozart et Arnold Schwarzenegger.
L'Autriche est un pays merveilleux si l'on n'est pas trop penché sur des futilités du type plages de sable blanc et eaux turquoises. Avec la Suisse, l'Autriche est l'un rare pays totalement enclavé à tenir un niveau de vie nettement supérieur à la moyenne. Préférez ce gris Danube à  cette bleue-verte Méditerranée. Du coup avec ce si beau Tirol (les Alpes Autrichiennes), les locaux sont davantage enclin à dévaler les pistes de Kitzbühel, Flachau ou Schladming. Le football est devenu accessoire, mais ce n'a pas toujours été le cas. Car les livres d'Histoire ne reculent devant rien en faisant de Matthias Sindelar le Mozart du football. Rien que ça : Matthias Sindelar c'est les années palmarès du fussball autrichien !
Médaille d'argent aux Jeux de Berlin...
sindelarMatthias Sindelar et ses potes ont sévis durant les années 1920 et 1930. C'est d'ailleurs de cette période que figure la seule ligne du palmarès national. La médaille d'argent aux Jeux Olympiques de Berlin de 1936 obtenu après une finale perdue contre l'Italie mussolinienne. Troisième Reich, Adolf et Jessy Owens dans le contexte Olympique. Mais au moins l'Autriche a eu le temps d'ouvrir son palmarès avant l'Anschluss : l'annexion politico-militaire de l'Autriche par l'Allemagne nazie en 1938. Du coup, les meilleurs joueurs Autrichiens jouent pour le Reich et pas de Coupe du monde 1938 en France pour l'Autriche qui n'existe plus.
Mais revenons à Matthias Sindelar. Né en 1903 et mort le 23 janvier 1939. La version officielle indique qu'il s'est suicidé au monoxyde de carbone avec sa femme quand ses origines juives et son action antinazi laissent à penser que la Gestapo devait y être pour quelque chose. L'écrivain Friedrich Torberg lui dédia un poème (Auf den Tod eines Fussballers : À propos de la mort d'un footballeur) suggérant que le footballeur s'était suicidé à cause de l'Anschluss.  Il était attaquant et il était aimé par son réalisme et sa résistance physique malgré une silhouette filiforme qui lui valut le surnom d'« homme de papier ». Au total il cumule 44 sélections et 27 buts et a été désigné athlète Autrichien du siècle. Oui monsieur, devant Herman Maier !
Quelques spasmes et puis plus rien...
carsten_janckerAprès la guerre, la football Autrichien a bien tenté de reprendre sa progression. Et il a bien faillit réussir son coup. La Wunderteam renaît de ses cendres et prend la troisième place du mondial Suisse de 1954 (qui se jouait à 16). Demi-finale perdue contre la RFA (6-1), mais une petite finale gagnée (3-1) contre les champions du monde en titre pour un jour alors : l'Uruguay. Ernst Stojaspal, Ernst Ocwirk et Gerhard Hanappi sont les chefs de file de cette génération. Et puis plus grand chose. L'Autriche a bien été en quart de finale de l'Euro 1960, mais cela constituait alors le premier tour. L'Autriche disparaît du paysage pendant 20 ans et ressurgit pour les mondiaux de 1978 et 1982. Les années Hans Krankl et Herbert Prohaska. Si Krankl enchanta le Barça pendant quelques années ce que le commun des mortels retient de cette époque c'est surtout le fameux match de la honte du 25 juin 1982 entre la RFA et l'Autriche. On note la présence autrichienne aux Coupes du Monde 1990 et 1998 (qui n'aura perdu que 2-1 contre l'Italie). 7 participations au mondial mais aucune à un Championnat d'Europe des Nations jusqu'à ce que l'UEFA lui donne le droit d'organiser avec la Suisse l'Euro 2008.
Au niveau de Coupes d'Europe, les faits d'armes des équipes Autrichiennes sont quatre finales malheureuses. L'Austria Vienne fut la première avec la finale de la Coupe des Coupes 1978 perdue 4-0 face à Anderlecht (au parc des Princes). En 1985 La Rapid de Vienne perdait sa première finale de Coupe des Coupes face à Everton (3-1) avant de revivre pareil drame face au PSG en 1996 (1-0). Salzbourg a été le finaliste malheureux de la Coupe d'UEFA 1994 perdue deux fois 1-0 contre l'Inter Milan.
L'équipe d'aujourd'hui :
karel_bruckner_941222L'Autriche entend bien se servir de son euro 2008 pour progresser et regagner un semblant de respect dans l'Europe du football. Mais l'Euro des autrichiens a eu le mérite de mobiliser un temps soit peu le public. La télévision Autrichienne s'est jetée sur les droits et diffusera tous les matches de qualification en direct. Une première depuis longtemps. Pour cela, la fédération locale a lourdé son sélectionneur Josef Hickersberger et fait appel à Karel Brückner. L'homme qui a fait de la République Tchèque le champion des matches de qualification. À 68 ans, Brückner devrait redonner une coordination collective à cette sélection, ce qui pourrait embêter l'équipe de France si elle ne parvient pas à rapidement ouvrir le score au Ernst Happel Stadion de Vienne samedi soir. Durant l'Euro l'Autriche a joué trois matches avec autant de système de jeu différents. Pour son premier match, la Wunderteam s'était présenté dans un pré-historique 3-5-2 face à la Croatie (0-1) qui s'était révélé catastrophique. Le 4-4-2 contre la Pologne (1-1) étant un peu plus stable et surtout moins cacophonique défensivement mais quelque peu manquant d'imagination devant. Face à l'Allemagne, le 4-5-1 bétonné n'a pas empêché Ballack de décrocher un missile dans la lucarne de Macho sur coup franc (0-1) malgré du coeur et de la hargne à corriger l'Histoire des Autriche-Allemagne. Vous avez noté, l'Autriche n'a pas marqué le moindre but durant l'Euro, mais n'a pas été ouvert aux quatre vents défensivement (hormis la première mi-temps contre la Croatie) et a concédé trois fois moins de buts que l'équipe de France (2 contre 6)... Si on devait comparer l'Autriche a une équipe actuelle de notre Ligue 1 ça serait Lille, Nancy ou Toulouse. Chiant à voir, qui ne prend pas beaucoup de but mais qui en marque encore moins. C'est d'ailleurs l'idée directrice de la dernière confrontation en date entre Français et austro. Le 1-0 du 28 mars 2007 n'a laissé de mémorable que le premier but en bleu de Karim Benzema sur la première passe décisive dans la même couleur de Samir Nasri. Du coup, le conseil logique serait d'aller samedi soir au cinéma avec chérie et de faire l'impasse en vue de la Serbie mercredi soir.


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