Un polar historique et mystique au cœur du Japon féodal
Avec Le Chrysanthème Noir, Feldrik Rivat s’éloigne des grandes fresques uchroniques pour livrer un roman court mais dense, à mi-chemin entre le polar, le conte philosophique et le récit historique teinté de mysticisme. Publié chez les éditions de l’Homme Sans Nom, ce roman confirme l’étendue de la palette de l’auteur, connu pour sa capacité à mêler rigueur documentaire, intrigue haletante et atmosphères envoûtantes.
Le récit nous plonge dans un Japon médiéval sombre et froid, à une époque marquée par les tensions politiques et les traditions rigides. Un meurtre étrange vient troubler le quotidien d’un petit village retiré, dont la communauté est soudainement confrontée à une vérité qu’elle refusait de voir. Chargé de l’enquête, un rōnin taciturne, revenu d’un long exil, devra démêler les fils d’un mystère bien plus profond qu’il n’y paraît.
Dans ce roman, Feldrik Rivat revisite les codes du polar à travers le prisme de l’Orient, avec un soin particulier porté à l’ambiance. Le Japon qu’il décrit n’est pas une carte postale figée, mais un territoire vivant, dur, parfois cruel, habité par des croyances anciennes, des codes d’honneur stricts et des silences lourds de sens. Le chrysanthème, symbole mystérieux qui revient comme un leitmotiv, incarne à la fois le deuil, le secret et la rédemption.
La force de l’ouvrage tient autant dans son intrigue – fine, bien construite, sans excès – que dans son traitement du non-dit et de la psychologie. Le héros, loin des figures héroïques classiques, est un homme brisé, en quête de vérité autant que de paix intérieure. Rivat propose ici une réflexion subtile sur la culpabilité, l’honneur, et les fantômes du passé.
Court mais intense, Le Chrysanthème Noir s’impose comme une œuvre à part dans la bibliographie de l’auteur, idéale pour découvrir sa plume dans un format plus resserré. Une lecture atmosphérique, riche de sens, qui mêle esthétique japonaise, suspense et introspection, avec une élégance rare.
