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Dieu existe-t-il?, du Cardinal Robert Sarah

Publié le 15 août 2025 par Francisrichard @francisrichard
Dieu existe-t-il?, du Cardinal Robert Sarah

L'appel d'un homme qui cherche le salut.

Tel est le sous-titre de ce livre qui pose la question fondamentale: Dieu existe-t-il ?

Il se présente sous la forme d'interrogations de l'éditeur Cantagalli posées aux Cardinal Robert Sarah. Dans une note liminaire, ce dernier expose comment il y a répondu : 

J'ai cherché ces réponses dans mon histoire personnelle et dans mon coeur, dans le Magistère de l'Église et dans celui des papes qui ont marqué ma vie et enfin dans le dialogue fructueux avec des amis, prêtres et laïcs, qui vivent une passion authentique pour le Christ et l'Église, en témoignant dans le monde de Celui qu'ils ont rencontré.

De son côté, dans son introduction, David Cantagalli précise l'objet de l'ouvrage:

C'est une question qui trouve sa plus grande portée et sa plus ample plénitude dans le christianisme, parce que c'est précisément le christianisme qui entend affirmer que l'existence objective de Dieu ne dépend pas d'une conviction personnelle et subjective, idéale et émotionnelle, mais d'une expérience réelle, sensible et intelligible.

Comme le nombre d'interrogations est important et que je me suis donné pour règle de ne jamais prendre de notes en cours de lecture pour avoir une vue d'ensemble de chaque livre que je lis, c'est en le re-parcourant que j'ai relevé quelques extraits qui cernent la question, laissant au lecteur intéressé le soin de lire le développement correspondant à chacun, en se plongeant dans le livre:

  • En se dissimulant derrière l'Organisation des Nations Unies, des lobbies très puissants insistent sur ce message: il existerait des droits de l'homme supérieurs à toute coutume, à toute tradition, à toute valeur culturelle, à toute croyance religieuse, et même supérieurs à Dieu. On proclame le droit de tuer volontairement un enfant dans le ventre d'une femme à la seule condition qu'elle le veuille; de tuer un enfant, parce que ce serait "dans son intérêt"; d'anéantir tout être humain si, dans un état de solitude et d'inconfort extrêmes, la douleur physique ou psychique devenait insupportable, selon des critères imposés et plus ou moins évolutifs.
  • Dieu n'est pas mort, mais, sans sa lumière, la société occidentale s'est transformée en bateau à la dérive dans la nuit. Il n'y a pas assez d'amour pour accueillir les enfants, les protéger dans le sein de leur mère, les défendre contre les agressions de la pornographie. Privée de la lumière de Dieu, la société occidentale ne sait plus respecter les personnes âgées, accompagner les malades jusqu'à la mort, donner de la place aux plus pauvres et aux plus faibles. Elle est abandonnée aux ténèbres de la peur, de la tristesse et de l'isolement. Elle n'a rien d'autre à offrir que le vide et le néant.
  • Si nous cherchons à être avec Dieu dans le silence, nous réussirons peut-être à comprendre quelque chose de sa présence et de son amour. Une Église qui parle sans interruption, une Église qui ne sait pas observer le silence pour contempler la Parole de Dieu, est une Église qui s'est éloignée de Dieu, une Église déchristianisée, mondaine et immergée dans une société "jacassière". 
  • Aucun des grands fondateurs de religion n'a jamais osé dire de lui-même "Je suis Dieu", en s'identifiant au Créateur de tout ce que nous pouvons voir et connaître. D'un autre côté, d'un point de vue rationnel, ce serait inimaginable, insoutenable. Un seul homme a osé cela, et cet homme, c'est Jésus-Christ, né à Bethléem en Judée, à une époque dont nous possédons de nombreux témoignages historiques.
  • Le christianisme ne constitue pas une tentative humaine pour atteindre Dieu, mais la proclamation, pleine d'émerveillement et de gratitude, du fait historique que Dieu a atteint l'homme en Jésus-Christ, Dieu fait homme.
  • La présence de Dieu, ce que nous pouvons appeler l'expérience de Dieu, se fait dans le recueillement, dans le silence, elle demande une disposition du coeur, de l'âme, de la pensée. Une disposition à l'écoute qu'il faut entraîner chaque jour, pour ne pas être éloignés, distraits par toutes les suggestions, tous les appels, les intrusions que comporte une vie frénétique.
  • Nous ne croyons pas à une doctrine, mais nous aimons une Personne, Jésus-Christ, en qui nous croyons.
  • Personne ne se soucie, à l'égal des catholiques, de la nourriture et de la liturgie, des malades et de la vie naissante: cela se produit précisément en raison de la profonde dignité qui est attribuée à l'univers créé, à la "chair" dont nous sommes faits.
  • L'homme qui n'a confiance qu'en ses propres forces, en la science, en le progrès, et qui aliène tout ce qui reste d'humanité résiduelle dans le "nouvel humanisme", les merveilles technico-scientifiques qui promettent l'immortalité humaine, a troqué contre le "plat de lentilles" biblique sa propre dignité, la dignité que Dieu même lui a donnée.
  • L'homme n'est grand que lorsqu'il est à genoux devant Dieu. Dieu reste maître de son dessein et, en même temps, Il a librement voulu ne pas nous limiter dans notre liberté. Cette réflexion peut expliquer, au moins en partie, le fait que Dieu semble ne pas intervenir pour arrêter le mal que nous pouvons commettre.
  • Dieu a choisi d'avoir besoin de l'homme pour réaliser son oeuvre, qui est avant tout "une oeuvre de salut", c'est-à-dire de rétablissement de la relation entre Lui et l'homme dans sa réalité originelle, telle qu'établie dans la première création.
  • Dieu est également qualifié de Pantoktrator, Seigneur de toutes les choses qui existent. Son action dans l'histoire est donc sous nos yeux, mais, pour la voir, il faut des yeux de la foi, il faut qu'il y ait la volonté de l'écouter, une action qui se déroule avant tout dans la prière liturgique, dans l'adoration et ensuite dans la méditation.
  • Lorsque nous nous rendons compte que nous succombons à la tentation, que notre amitié avec Dieu est en danger, nous nous approchons du sacrement de la miséricorde. La réconciliation avec Lui, par la confession, réjouit le coeur de Dieu; pour son coeur de Père, c'est l'occasion d'embrasser longuement le fils prodigue que nous sommes, de tuer le veau gras pour fêter ce retour et de nous rétablir dans notre condition d'enfants: enfants dans le Fils ! C'est cette étreinte qui nous ouvre à la communion avec Lui, à la possibilité de vivre pleinement la communion eucharistique avec Lui et avec l'Église.
  • La foi élève la raison à la certitude et à la perfection, tandis qu'à travers la raison nous expliquons et rendons accessibles les vérités de la foi, en la défendant contre les critiques et les objections.
  • Il n'est pas réaliste pour l'homme de vivre sans convoiter l'impossible, sans cette ouverture avec l'impossible, sans un lien avec l'au-delà, et quelles que soient les limites qu'il atteint.
  • La science est seulement le nom d'une dernière idole: non pas que l'homme de foi soit opposé à la science, à l'étude et à la recherche - au contraire, le christianisme est la seule religion qui ait permis le développement de cette science, confiant dans la permanence des lois voulues par le Créateur, dans la certitude que notre Dieu n'est pas un Dieu qui use d'une volonté capricieuse à l'égard de ses créatures.
  • L'homme est le seul être dans l'univers entier capable de conscience de soi, poussé par sa propre nature à demander le pourquoi des choses, à rechercher l'origine et le destin de tout ce qu'il voit. Nous pourrions dire que, par nature, l'homme fait de la science. En ce sens, il n'existe pas de fossé entre la science et la foi.
  • Revenir à l'Église des origines est l'un des slogans promus par ceux qui ne voudraient même pas que l'Église existe, qui lui sont ouvertement ou secrètement hostiles. L'Église est la même qu'à l'origine, comme un arbre est le même que l'arbrisseau et la graine qu'il fut. Elle est la même, car elle est la manifestation de la présence, elle est le corps historique du Christ qui l'a voulue et qui, miraculeusement, l'a préservée de ceux qui auraient volontiers célébré sa disparition.
  • La liberté de l'Église ne saurait être compromise par une conception malencontreuse de la pauvreté, la privant des moyens nécessaires à la subsistance de son corps, existant et fondé sur l'histoire, composé de la structure hiérarchique, des initiatives, y compris diplomatiques ou missionnaires, des personnes tout particulièrement appelées à réaliser sa présence visible. 
  • Nous avons besoin du Seigneur; et ce tout particulièrement quand, comme c'est le cas aujourd'hui, nous sommes appelés à évangéliser un monde occidental qui veut vivre etsi Deus non daretur, comme si Dieu n'existait pas.
  • Un dogme est un dogme s'il est justifié, s'il est énoncé - explicitement ou implicitement - dans les Écritures, dans la Tradition, et s'il est tenu comme tel par le peuple, par la communauté des fidèles, depuis des temps immémoriaux, et s'il est proclamé quand les temps l'exigent, quand sa proclamation devient indispensable pour contrer les erreurs qui se répandent, fortifier la foi des simples, permettre le développement de la conscience que l'Église a d'elle-même.
  • L'Église rappelle qu'il ne peut y avoir de contradiction réelle entre les lois divines qui régissent la transmission de la vie et celles qui favorisent l'amour conjugal authentique. 
  • Par souci d'exhaustivité, il convient de rappeler que le droit positif, le droit naturel et le droit révélé participent à la loi éternelle unique, qui existe même si nous ne voulons pas la reconnaître.
  • L'Église espère le progrès, mais elle espère en même temps que ce progrès se conjuguera avec une authentique progression sociale et morale, de sorte que cela ne se fasse pas contre l'homme.
  • Autour de l'homme, du corps humain et, par conséquent, de la famille, se déroule un affrontement entre le pouvoir du mal et la vérité de la dignité de la personne. Le malin hait l'homme et le corps humain, parce qu'il est le "lieu physique" de l'Incarnation du Verbe, le lieu de la manifestation pleine et définitive de Dieu au monde: le corps humain est un "lieu théologique", et, même inconsciemment, chaque jour que nous servons, respectons, soignons et aimons le corps humain, nous entrons en relation mystérieuse avec ce que Dieu a voulu habiter et assumer définitivement.
  • L'intelligence artificielle ne peut pas être responsable de ses actes. Elle est objet et non sujet; seul un être personnel peut être le sujet à part entière des actions accomplies.
  • Rerum novarum de Léon XIII, 15 mai 1891: C'est une déclaration limpide d'amour pour l'homme, ce dont l'Église a un besoin urgent: ne pas le laisser seul, le soutenir dans sa lutte quotidienne pour le salut éternel.

Francis Richard

Dieu existe-t-il, Robert Sarah, 352 pages, Fayard

Livre précédemment chroniqué:

Pour l'éternité (2021)


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