J'ai vu des yeux sacrés venir et disparaître
passer sans s'apercevoir
et jamais les mêmes gestes.
N'oublie jamais tu es la muse
s'il le faut
je t'immolerai sur mon autel de poésie.
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J'ai appris à être grand
j'ai appris à être petit
j'ai dans les yeux des nuages
des étoiles rugueuses
et la nuit comme un sabre
planté et qui rit.
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Il y a encore un peu de ton odeur
sur les parois de la cabine
mon urine
balaie la voie qui mène chez moi
que de rails et quel poids
les trains vont vite comme la douleur.
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La torture des marécages
le sang qui caille
savoir où aller
est une question sans âge --
cesse de me menacer
où veux-tu que j'aille?
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Que l'état de mes cendres
me laisse aux tourments incertains
une phalène amorphe
une araignée morte ou la mer
un lieu plus large que les tropiques du cancer
une urne sacrée que le sang fige.
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Une bière glacée sur le corps
trop jeune
les cheveux sont une bataille inachevée
une hydre de plus
mes mots escortent
une procession fausse.
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Le long cercueil de ma jeunesse
un pont enjambe la vie
l'eau y passe et la paresse
comme un baume
caresse ma paume usée
une gifle douce cet au revoir.
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Sur un lit d'incertitude
la marée joue lentement
l'indifférence est un voile qui recouvre
les jours de peine
la joie une vague
qui ramène la lumière.
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A la venue du sel aux coins des yeux
j'évapore un soupir un de plus
une autre époque est passée --
la peur, une amie qui s'attarde
et qui lorsqu'on voudrait dormir
chuchote le pire.