Peuple Camerounais,
La décision est désormais sans appel : parmi les quatre-vingt-trois candidatures enregistrées, une douzaine de postulants seulement ont été habilités à concourir pour le scrutin présidentiel d’octobre prochain. Ce tri autoritaire nous envoie un message clair : le régime décide seul qui peut concourir, bafouant nos lois. Pire, il est désormais certain que Paul Biya, nonagénaire viscéralement cramponné au pouvoir, fuit toute transparence. Ses absences prolongées, alimentant instabilité et rumeurs funèbres, consacrent un choix funeste : préférer l’ignominie d’une fuite silencieuse à la noblesse d’un départ salvateur.
Ce renoncement condamne ainsi délibérément le Cameroun aux déchirements successoraux, sacrifiant sur l’autel de son ego une nation exsangue, minée par les fractures séparatistes et les crises économiques latentes. Mais aujourd’hui, l’essentiel est ailleurs. Cette tribune s’adresse à celles et ceux qui portent l’espoir d’un Cameroun nouveau, à ceux prêts à relever un pays fracturé.S’unir et agir stratégiquement.
La peur est une illusion que nous créons nous-mêmes et qui disparaît quand nous décidons de lui faire face. De la même manière, pour réussir à battre le parti au pouvoir, solidement installé depuis des décennies, l’opposition camerounaise doit impérativement dépasser ses divisions et s’unir derrière un candidat consensuel à la prochaine présidentielle. Ce choix crucial ne peut résulter de calculs opaques. Il exige au contraire des négociations sérieuses, où chaque formation devra mettre de côté ses ambitions personnelles pour privilégier une stratégie commune, non seulement pour la présidentielle, mais aussi pour les législatives et les municipales à venir.Ce candidat fédérateur devra être l’émanation d’un consensus et réunir plusieurs qualités essentielles : une assise nationale, une réelle expérience politique fondée sur l’intégrité, et un engagement constant pour l’intérêt général. Une légitimité incontestable, tant au niveau parlementaire que sur le terrain, ainsi qu’une stature reconnue aux plans national et international constitueront des atouts indispensables pour bâtir et mener à bien un projet de gouvernance crédible.L’alternance exige quant à elle un projet de refondation nationale clair. Changer de président ne suffit pas ; nous devons reconstruire le pays sur de nouvelles bases. La réconciliation nationale passe par des actes forts incluant la libération sans condition des prisonniers politiques, le rapatriement de la dépouille d’Ahmadou Ahidjo, et la création sans délai d’une Commission Vérité et Réconciliation.
